Livre n°9

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Je pense que si j'avais 1000 ans de moins, j'aurais eu la côte en me trimbalant dans un appartement seulement vêtu d'un drap pourpre m'entourant. Je n'ai jamais été un grand fan d'histoire, mais m'habiller à la grecque est la seule chose que j'ai trouvé à faire pour réussir à sortir de la chambre sans être totalement nu.

- Cette couleur te va merveilleusement bien au teint.

- Sans commentaire. Je veux savoir où sont mes vêtements.

- Entrain de sécher. Je les ai lavés tes vêtements. Avec les miens par la même occasion.

- Donc vous m'avez déshabillé ?

- Tu aurais préféré que je te laisse dans ton vomi peut-être ? Tu sais, plus l'heure tourne et plus je commence à regretter d'être venu te récupérer. Même pas une once de regrets de t'être mis d'un état pareil et je n'ai toujours pas entendu une seule fois le mot magique.

- Je ne vous ai pas appelé.

Il attrape alors le téléphone poser sur le bar donnant sur la cuisine et me le jette dans les mains.

- Alors comment tu expliques ce texto ?

Je découvre alors un SMS envoyé depuis mon numéro qui ressemble plus à un appel en détresse qu'à autre chose. Je mettrais ma main au feu que c'est l'oeuvre de Georges. Mon dieu...Georges. Comment je vais lui expliquer ça ? Comment je vais pouvoir justifier l'arrivée en trombe d'Hugo dans le bar ?

- Ce n'est pas de moi. Un ami a voulu faire une mauvaise blague.

Et de tous les numéros de mon répertoire, Georges a forcément choisi celui d'Hugo. Encore heureux de ne pas avoir marqué en gros "H-Ley" car il aurait immédiatement fait le rapprochement entre Hugo et l'auteur mystère.

- Il n'empêche que vous avez profité de moi.

Me jetant sur le canapé, je le regarde boire son café tranquillement tandis qu'il ne prend même pas la peine de cacher son sourire pervers et satisfait.

- Crois-moi, si je t'avais fait quoi que ce soit, tu ne serais pas en mesure de t'asseoir. Je te l'ai dit, non ? Il y a deux choses pour lesquelles je suis un maître : L'écriture et le sexe.

- Vous avez quand même un putain d'égo, c'est dingue ! Vous ne vous étouffez jamais avec ?

- Les nuits sont fraîches, il faut bien se tenir chaud avec quelque chose. Bon, tu viens manger ou pas ?

J'avoue, j'ai la dalle. Mon dernier repas remonte aux trois quatre chips mangés hier soir au bar et j'ai l'impression que mon ventre me réclame cinq menus best of big mac.

- Hier soir je suis venu te chercher, tu étais ivre, tu m'as vomi dessus pour finir sur toi-même, je t'ai ramené chez moi comme c'était le plus près. Je t'ai déshabillé, lavé, mis au lit et comme je suis précieux et que je n'ai aucune envie de dormir à poil sur mon canapé en cuir parce que ça colle...J'ai dormi dans le lit.

- Donc, vous et moi...On a pas...Enfin...On a pas...Voilà quoi ?

- Premièrement, j'ai trop d'estime pour moi-même pour me faire un ivrogne et deuxièmement, je ne mélange jamais travail et vie privée. Malheureusement pour toi mon petit Léon, tu rentres dans la case "travail".

- Vous dites ça alors que vous vous amusez de moi depuis le premier jour.

- Je peux m'amuser tant que je veux tant que je n'outrepasse pas les limites. Et encore, dis-toi bien une chose : je ne fais que commencer.

- Le chien aboie, mais la caravane passe.

Il s'arrête, pose sa tasse en face de lui et croise ses bras contre sa poitrine en me dévisageant avec un léger sourire amusé.

- Tu ne me crois pas ?

- Vous l'avez dit vous-même, vous n'outrepassez pas les limites.

- Est-ce un reproche ?

- Non.

- Alors, c'est une envie de ta part peut-être ? Je ne savais pas que tu versais dans ce genre de relation.

- Quoi ? Mais pas du tout ! Je dis juste que vous êtes juste comme un chiot aboyant beaucoup, remuant de la queue quand il est satisfait et c'est tout. Franchement au début j'avais peur, mais maintenant...Je suis rassuré.

Il éclate de rire avant de croquer dans sa tartine sans pour autant me lâcher du regard.

- Ton petit jeu de provocation pour me pousser dans mes retranchements ne marchera pas Léon. Je suis auteur, et en cette qualité, je me doute fortement de ce qui se passe dans ta petite tête. Tu voir où sont mes limites ? Où est-ce que je suis prêt à aller pour ce bouquin, c'est ça ? Mon pauvre petit, tu n'es pas au bout de tes peines.

- Pourquoi vous écrivez ce genre de roman d'ailleurs ?

- Pourquoi pas ? La littérature est un art ouvert. Si j'ai envie d'y mettre une romance homosexuelle, j'en mets une. Tout le monde a le droit à sa représentation.

- Ça ne vous parait pas...bizarre ? Je veux dire...Je croyais que les auteurs mettaient un bout d'eux dans l'écriture ?

- C'est le cas. Qui te dit que je suis fermé d'esprit ? Je suis un homme qui écoute son coeur et ses désirs.

- Donc, vous avez...Avec un homme ?

- Ai-je déjà couché avec un homme ? Oui. On va jouer aux questions réponses longtemps ?

- J'essaye d'apprendre à vous connaître.

- Comme tu as essayé vainement hier à la boutique ? Tu crois que je ne me douterais de rien.

- Non. Je sais que vous l'avez fait exprès.

- Et donc ? Qu'as-tu appris d'intéressant ?

- Rien, vous êtes revenus trop tôt.

- Suffisamment assez pour te voir acheter une paire de menottes.

Je ne veux même pas me rappeler de cet achat. D'ailleurs, ces menottes je les ai mises au fin fond de mon tiroir à chaussettes là où personne ne les trouvera jamais.

- La question n'est pas de savoir ce que je suis prêt à faire pour un livre à succès, Léon, mais la question est plutôt de savoir ce que TOI tu es prêt à faire pour voir tes rêves se réaliser. On n'a jamais rien sans rien dans la vie.

- Je sais, c'est pour ça que je n'ai pas encore pris mes jambes à mon cou au bout d'une semaine.

- Lucas t'en a donné deux.

Cela ne m'étonne pas. J'ai l'impression que Lucas ne m'aime pas beaucoup. Il se serre juste de moi pour faire en sorte que tout aille pour le mieux pour Hugo, je ne suis pas dupe. C'est pour ça que je suis là.

- Dans ce cas, autant que je montre à Lucas qu'il a tort et que je suis capable de tenir plus longtemps qu'il ne le pense.

Je ne reculerais pas. Je ne peux plus reculer. Plus maintenant en tout cas.

Sous ta plume (BxB)Onde histórias criam vida. Descubra agora