Sous ta plume (BxB)

Livre n°15

Je reste devant cette femme se tenant alors juste là et la première pensée qui me vient à l'esprit en la regardant est de savoir quelle genre de relation elle entretient avec Hugo ? Comment se connaissent-ils d'ailleurs ? Pourquoi cela me surprend ? Je ne devrais pas l'être, je veux dire, c'est normal pour un homme de son âge de fréquenter des femmes, de belles femmes et d'ailleurs n'est-ce pas moi aussi l'image que j'ai de lui ? Une sorte de "Bruce Wayne" de l'écriture ? Jouant au playboy à longueur de temps et cachant son talent et son nom derrière la plume ? Plus je la détaille, plus je me remémore la conversation plutôt houleuse qu'Hugo vient d'avoir avec Lucas au bureau avant que je n'arrive. Et si c'était elle ? S'ils parlaient d'elle ?

- Excusez-moi, vous avez dit Hugo Layton ?

- Oui, c'est cela.

- Veuillez me pardonner, je pense m'être fourvoyé, vous voyez ici c'est une grande entreprise et je ne connais malheureusement pas tout le monde, mais le patron de mon patron s'appelle Hugo Peyton ! Drôle de coïncidence, hein ?

Pourquoi est-ce que je lui mens ? Je n'en sais rien. Je ne comprends pas ce besoin soudain d'éloigner cette femme de mon patron.

- Oh autant pour moi alors. Je pensais pourtant avoir la bonne adresse, mais il y a tant de bâtiments dans ce quartier, c'est difficile de tous les différencier.

- J'étais moi-même perdu au début. Je comprends.

- Cela fait longtemps que vous travaillez ici ?

- Quelques...semaines tout au plus. Je suis encore en...apprentissage.

Je me demande si j'apprends quelque chose d'ailleurs. À part faire attention à des dates, renvoyer des mails, répondre au téléphone, le seul talent que j'ai développé c'est celui du "cache-cache". Je passe le plus clair de mes journées à fuir Hugo et ses avances provocantes. Cet homme suffit à me fatiguer.

- Très bien, dans ce cas, je vous souhaite bon courage et une excellente journée.

- Vous...vous de même !

Elle remet son chapeau et ses lunettes et au moment même où elle s'éloigne de moi, Hugo revient à mes côtés.

- Tu as été sage Léon. Tu as attendu ici. Je m'attendais à ce que tu te plaignes que je te fasse attendre. Tu discutais avec quelqu'un, non ? J'ai cru voir la silhouette d'une femme.

- Oh une passante qui demandait son chemin, rien de plus.

Mais Léon ! À quoi tu joues ? Tu n'es pas supposé te mêler de ça ! Cela ne te regarde pas, c'est sa vie pas la tienne.

- Donc...on va se promener ? Je me sens comme un bracelet électronique autour de la cheville d'un prisonnier sous surveillance.

- Tu n'as qu'à voir ça comme un rencard alors !

- Hors de question. Je vous l'ai déjà dit et redit. Vous me faites répéter exprès ou quoi ?

- Oh tu sais à mon grand âge, on devient rapidement sénile. Il y a des choses qui entrent dans mon oreille et qui ressortent aussitôt !

- Vous avez juste une mémoire sélective. Je commence cerner le personnage que vous êtes maintenant.

Il se met alors à sourire comme il a tant l'habitude de le faire : amusé, presque intéressé et sans me quitter du regard.

- Les choses sérieuses commencent maintenant alors.

Après avoir fait le tour de la ville, en discutant de tout et de rien, Hugo et moi sommes retournés au bureau. Lucas n'a absolument pas bougé d'un pouce et il décolle à peine les yeux de son écran si ce n'est pour nous fusiller comme une mère regarderait ses petits rentrant plus tard que prévu.