Livre n°13

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J'ai fait un drôle de rêve ou plutôt un cauchemar. Je rêvais de Titi et Gros Minet. Je rêvais d'être Titi et de me faire bouffer tout entier par Gros Minet. Je ne verrais plus jamais ce dessin animé de la même façon depuis qu'Hugo a commencé à faire des comparaisons plus qu'étranges entre le canari et moi. Quelque part, je devrais me sentir flatté, car Titi est relativement intelligent comparé au chat qui le guette...Mais je n'arrive toujours pas à m'enlever cette image sordide de la tête.

Il est minuit moins le quart et je décide de me lever prendre un verre d'eau pour oublier cette image et essayer de reprendre mes esprits. Je sais que le stage est souvent une épreuve difficile dans la vie de beaucoup de jeunes gens, mais j'étais loin de me douter, en voulant en faire un moi aussi, que ça tournerait ainsi. Je ne fais pratiquement rien si ce n'est du secrétariat et de la comptabilité. Mon stage est censé durer deux mois et au bout de quelques semaines déjà, j'ai pratiquement terminé tout ce qui était en retard. Qu'est-ce que je ferais ensuite ? Je ne peux m'empêcher de me demander quelle activité Lucas me donnera pour m'occuper. Théoriquement et il a été direct, le stage est juste un prétexte pour forcer la main à Hugo. Lui qui est censé écrire une homo-romance, m'avoir à ses côtés est apparemment bénéfique à son inspiration et je ne vois pas en quoi étant donné qu'il passe plus de temps à me déconcentrer de mon travail plutôt que de s'occuper du sien. Cet homme a un corps d'adulte pour un cerveau d'adolescent. Il est pire que moi. En même temps, l'adolescence est un temps difficile pour tout le monde. Je devrais compatir, mais aussi m'inquiéter de voir que le plus grand auteur du moment n'est qu'un gamin utilisant seulement deux de ses neurones sur une journée complète.

Je retourne dans la chambre, allume ma lampe de chevet et attrape mon ordinateur que j'ai posé sur le meuble. À cette heure-ci tout le monde dort je présume. Ça me rappelle de mauvais souvenirs d'être debout à cette heure-ci. Les heures de rush et le manque de sommeil de la vie d'étudiant, tout ça ne me manque pas. Maintenant que je suis en fin d'étude, j'ai juste besoin de ce stage pour confirmer que je ne me suis pas trompé de voie et une fois que ça sera validé par l'administration de la fac, je pourrais dire adieu à ces années de labeur voire d'esclavage.

Je n'ai pas grand-chose à faire, personne à qui parler et honnêtement, je ne serais pas contre le fait d'aller prendre l'air, mais cette heure ? Est-ce bien raisonnable ? Non pas que je vive dans un quartier dangereux, mais avec les fous furieux de maintenant, on n'est jamais à l'abri de rien.

Me voilà donc en train de mettre mon jogging, enfiler un tee-shirt et une veste de sport, partant avec les écouteurs dans les oreilles. Si quelqu'un m'approche par-derrière, je mourrais comme un con, mais au moins, je pourrais en écoutant...Qu'est-ce que j'écoute d'ailleurs ? Ah oui, je me disais aussi "Like a virgin" de Madonna.

Le titre qu'il me fallait et qui résumerait presque ma misérable vie sentimentale. Il y a vraiment des jours où je rêve d'être l'un de ces héros de roman, badboy, brun, au grand cœur, mais blessé par son passé et cachant de lourds secrets. Je pourrais alors m'envoyer en l'air avec l'héroïne tous les 3 ou 4 chapitres. Ça serait cool. Malheureusement, je n'ai rien du personnage de roman et c'est à peine si avec mon physique peu athlétique je suis attirant. Personne ne veut d'une asperge comme moi. Tout en longueur et aucune profondeur.

Je regrette de ne pas avoir accepté le mois d'abonnement gratuit à la salle que Georges souhaitait tant m'offrir pour mes 22 ans. J'aurai peut-être eu moins de bidon ? J'aurai peut-être découvert des muscles dont j'ignore jusqu'à même l'existence !

En quittant ma petite rue, je débouche rapidement sur la rue principale avec tous ces bars. Oui, j'habite clairement dans un quartier de pochetrons et d'ivrognes. Il n'y a rien d'ouvert à cette heure-ci à part les bars, l'auberge du coin en bas de la rue, la pizzeria en face et une petite boutique. D'ailleurs, je suis étonné de voir qu'il y a encore autant de monde à pratiquement minuit. Personne ne travaille demain ou quoi ? Quoi que, j'en connais un qui a passé plus de temps dehors à faire la fête plutôt qu'à préparer ses examens et il s'en sort pas trop mal. Je ne sais toujours pas comment Georges a fait pour surmonter ses différentes gueules de bois. Moi dès que je sortais le samedi soir, je prenais deux ou trois jours à m'en remettre, c'était horrible. C'est là que j'ai rapidement compris que je ne ferais jamais partie du monde de la nuit.

Sous ta plume (BxB)Where stories live. Discover now