Livre n°39

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- À poil ! ordonné-je

Hugo se tient juste là, devant moi, à quelques mètres seulement. Une distance qu'il pourrait aisément combler en une enjambée, mais il n'en fait rien. Il se tient droit, les bras croisés et esquissant un long et grand sourire amusé.

- Mon pauvre Léon, si tu crois que me refaire la scène de notre première rencontre va me faire peur, surtout dans ce sens-là.

Je le regarde attentivement et le vois abaisser les bras tandis que ses doigts viennent trouver les premiers boutons de sa chemise. Un bouton. Deux boutons. Trois boutons. Et bientôt plus de boutons...Du tout. Sa chemise est ouverte, me donnant une vue imprenable sur le monument qu'est le corps d'Hugo. Je le déteste rien que pour ce fait là. Cela devrait être interdit d'avoir un corps pareil. C'est contre nature et la dernière fois que j'ai vu un torse aussi bien foutu, c'était sur une couverture de roman. Mais je ne flanche pas pour autant. S'il croit que ses abdos suffisent à m'amadouer, il se trompe grandement. Je garde mon sérieux tandis qu'Hugo semble, lui, attendre une quelconque réaction de ma part. Alors, il continue en descendant jusqu'à la ceinture de son pantalon, l'enlevant complètement et la laissant tomber à ses pieds.

Ceinture, chaussures, chaussettes et bientôt chemise se retrouvent alors au milieu de mon studio tandis que l'homme élu le plus sexy de 2019 se trouve devant moi.

Pourtant, je ne sourcille pas. Je regarde son nombril comme point fixe et il ne semble pas l'avoir remarqué. Je sais que si je regarde ailleurs, si j'ose lever les yeux alors je suis foutu.

- Tu es satisfait ?

- Tu as toujours ton pantalon.

- Ah oui, c'est vrai.

Aussitôt dit, aussitôt fait ! Plus de pantalon. Seulement Hugo Layton en caleçon au milieu de mon salon.

Doux Jésus. Soit c'est mon fantasme le plus fou qui se réalise, soit c'est la canicule dans mon boxer. J'hésite.

- Et maintenant Léon ? Que vas-tu m'ordonner de faire ?

- Fais trois tours sur toi-même, saute et aboie.

Dubitatif, il me regarde et à l'instant même où nos regards se sont croisés, mes lèvres me trahissent en se dressant d'elles-mêmes sur mon visage.

- Tu as dit il n'y a pas bien longtemps que tu étais amateur d'art et que tu aimais les belles choses, mais tu sais quoi ? Tu n'es pas le seul. J'aime vraiment beaucoup la vue que j'ai devant moi à cet instant et je me demande si un jour je m'en passerais.

- Oh ? Tu m'en diras tant.

Alors cette fameuse distance qui nous maintenait séparé l'un et l'autre se réduit soudainement tandis qu'Hugo me pousse d'une main contre le matelas, tout en me grimpant dessus presque à califourchon.

- J'aime également cette vue-là ou plutôt cette position-là. Elle me donne des idées. Des envies.

- Besoin de rien, envie de toi...

- Comme jamais envie de personne.

S'emparant de mon visage et allant jusqu'à m'embrasser, je sens tout son corps contre le mien, et ce, jusqu'à sentir les battements de son cœur contre le mien. C'est fou, mais son cœur bat aussi vite comme s'il était tout aussi nerveux que je le suis en réalité.

- Donc, qu'est-ce que l'on fait maintenant ?

Comment veux-tu que je réfléchisse à quoi que ce soit maintenant ? Ce n'est clairement pas le moment de me demander quelque chose, car j'en serais bien incapable. Mes pensées sont pour lui. Ma respiration essaye de se caler sur la sienne que je sens tandis que ses lèvres descendent jusqu'au creux de mon cou. Mon corps tout entier est crispé à son contact, mais également à sa merci. Il pourrait actuellement faire ce qu'il veut de moi. Il pourrait me faire l'amour, là de suite, maintenant, que je n'y verrais rien.

- Tes joues sont clairement plus rouges que ton tee-shirt.

- On se demande bien pourquoi !

Rougir, avoir le feu au corps, c'est seulement l'un des nombreux effets qu'Hugo a sur moi. Il ne se rend vraiment pas compte de l'emprise qu'il peut avoir c'est impressionnant et à la fois inquiétant.

- Tu es mignon quand tu es comme ça et même si j'adore l'idée pouvoir te manger tout cru...

Il se retire subitement de moi, du lit et ramasse progressivement ses affaires une à une avant de se rhabiller sous mon nez tandis que je me redresse plein d'incompréhension. Je pensais clairement avoir pris un vol direct pour le septième ciel, c'est quoi l'arnaque ?

- Je tiens également à te chérir comme il faut. Je n'ai pas envie d'avoir une relation purement sexuelle avec toi Léon.

Et il en fait quoi de MES envies ?

- Je pensais t'avoir pour une journée entière.

- C'est le cas. Je peux être là, avec toi, pendant une journée, mais je ne peux pas te faire l'amour en ayant encore en tête le fait que je dois faire amende honorable. Je t'aime Léon, vraiment, mais faire don de mon corps c'est tricher parce que je sais que tu es incapable de me dire "non".

- Waw...Soit, tu es imbu de ta personne et tu as une confiance incroyable en tes talents, soit...

- Soit, je te connais trop bien, c'est officiel. Je te l'ai déjà dit précédemment, mais tu es une sorte de livre ouvert. Peut-être qu'il y a des choses que je ne sais pas sur le Léon d'avant, mais je connais suffisamment le Léon que j'ai devant moi présentement.

- Alors euh...non. Tu me fais passer pour un drogué incapable de se passer de sa dose, mais j'ai très bien survécu sans toi ces dernières semaines je te ferais dire ! Et ce n'est pas si mal d'avoir un contact de temps en temps.

- Un drogué, hein ?

Il revient vers moi et avec plus de hâte, d'insistance, de puissance, mais beaucoup de passion, ses lèvres retrouvent les miennes et la douceur de tout à l'heure s'efface petit à petit. Ce genre de baiser manque de m'étouffer et tandis que je me décale presque brutalement, il me regarde avec un petit sourire en coin satisfait.

- Tu ne serais pas capable de tenir le rythme que je t'imposerais. La preuve. Pourquoi tu ne me laisses pas y aller doucement ?

- Parce que je n'ai pas envie de douceur ! J'ai envie...J'ai envie...J'ai envie de toi, tout simplement.

- Très bien, mais tu ne viendras pas te plaindre.

Je ne connaissais l'expression "mordre la poussière", mais je crois qu'Hugo et moi venons d'inventer son équivalent sexuel : "mordre l'oreiller". Ce fut à la fois si doux et intense, brutal, mais tendre, éprouvant, mais satisfaisant. Épuisant.

Quand je me réveille, il fait nuit et Hugo est assis sur le lit à côté de moi passant alors une main sur ma joue.

- La belle aux bois dormants revient à elle ?

- Quelle heure est-il ?

- Un peu moins de vingt heures. Tu as roupillé pendant 4 heures. Faut croire que tu en avais besoin.

J'essaye de me redresser, mais tout mon corps se souvient alors de l'épreuve qu'il vient de subir et la douleur me cloue littéralement sur place.

- Monstre !

- Je t'avais prévenu pourtant.

C'est vrai, mais même prévenu, je ne m'attendais pas à un tel...duel avec moi-même. Je fus empreint de la volonté de vouloir arrêter à tout prix et de continuer à n'importe quel prix. C'était assez bizarre un tel mélange.

- Si c'est ça qu'on appelle le sexe de réconciliation alors je ne veux absolument pas qu'on se batte ou qu'on se dispute à l'avenir. La vache !

Hugo éclate de rire et se lève en allant me chercher un verre d'eau et deux dolipranes.

- Mais tu sais ce que l'on dit, non ? C'est en forgeant que l'on devient forgeron. Tu t'y habitueras à la longue.

- À la longue ? Parce que y'en aura d'autres des comme ça ?

- Un tas d'autres.

- Tu vas me briser, tu le sais ça ?

- J'ai tout mon amour pour te recoller. Et attention ! C'est de la super glue.

Je ne sais même pas si c'est censé me rassurer ou m'effrayer.

Sous ta plume (BxB)Where stories live. Discover now