Livre n°14

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- Gros Minet a finalement attrapé Titi.

Il y a à peine heure, je me réveillais d'un rêve étrangement similaire à la scène qui est en train de se passer devant mes yeux et cette fois, je suis certain de ne pas rêver. J'ai bien trop mal au cœur pour rêver. Hugo est là, au milieu de mon petit studio d'étudiant presque fauché, s'avançant progressivement vers moi tandis que je ne fais que reculer me rendant compte petit à petit que je me retrouve acculé contre le lit.

Il se penche vers moi dans une lenteur presque irréelle et mon seul réflexe et de fermer les yeux mettant mes bras devant comme si je me protégeais d'un quelconque coup à venir.

- Vous ne pouvez pas ! Lucas a dit que vous ne mélangez jamais vie privée et vie professionnelle !

Et j'ai crié. Je lui ai balancé la seule info que j'ai sur lui en espérant que ça le retienne et d'un coup je l'entends alors exploser de rire tandis qu'il se laisse tomber sur le matelas devant lui.

- Tu aurais dû voir ta tête, c'était vraiment beaucoup trop drôle.

Je me retourne vers lui, le fusille du regard, comprenant qu'il vient tout juste de se payer ma tronche. Encore une fois.

- Je suis un homme Léon, pas un animal sauvage. Je ne vais pas te sauter dessus.

Pourtant, il y a quelques minutes, il avait toute l'attitude et le regard du prédateur prêt à bondir. C'est bizarre qu'il puisse ainsi se remettre en mode "normal". Comme si Hugo était doué d'une faculté inconnue et pouvait jongler entre deux personnalités. Je sais qu'on dit souvent que les auteurs sont des schizophrènes non diagnostiqués pour pouvoir jongler entre autant de personnages à la personnalité différente, mais là, c'était autre chose. Oui, sur le moment, j'ai peur de lui. De cet autre "lui". J'ai eu peur du regard qu'il a eu et de l'étincelle qui l'animait.

- Donc...Vous n'allez rien me faire ?

- Pourquoi ? Tu veux que je te fasse quelque chose tout compte fait ? Je pourrais te dire "Je vais te sucer tellement fort ce soir que tu m'imploreras" mais c'est carrément "to much" comme phrase. Quand je pense qu'on en trouve partout des phrases comme ça dans les romans maintenant, ça me désole.

- Non, ça ira. Je passe mon tour. Vous êtes sacrément dérangé de la tête pour oser trouver ce genre de blague amusante. Vous croyez que vous ne m'en faites pas déjà assez baver ?

- Mais comme ça, je sais que tu ne m'oublieras pas ! Tu te souviendras longtemps de moi.

- Je me passe de ce genre de souvenirs. Vous cherchez juste à me traumatiser. J'ai l'air d'un jouet dans les mains d'un enfant. Vous allez jouer avec moi, me casser et vous lasser.

Sur l'instant, en le prononçant à voix haute comme ça, je me rends compte de toute l'ampleur de ma phrase. Hugo et moi sommes voués, à un moment donné de nos vies, à nous séparés. Dès que mon contrat de stage sera terminé, on reprendra nos deux vies là où on les avait laissés.

- Tu veux que je te dise mon plus grand rêve Léon ?

- Allez-y, je vous écoute, fis-je en m'asseyant sur la chaise en face du lit

- Il va de pair avec ma plus grande peur. Je souhaiterais être immortel. Pas dans le sens vivre longtemps, ça ne m'intéresse pas, j'arrive déjà à un âge où j'ai mal au dos en me levant le matin et où mes courbatures du sport ne me lâchent pas pendant 3 jours. Non, je veux vivre longtemps dans la mémoire et le cœur des gens. Je ne veux pas être oublié. J'ai peur d'être oublié à vrai dire.

Devant moi se dévoile alors une nouvelle facette de la personnalité d'Hugo que je ne connaissais pas jusqu'à maintenant. Il se dévoile être plus humain, plus fragile qu'il ne laisse transparaître au quotidien et je ne comprends pas pourquoi il me raconte tout ça. Certes, je me souviens lui avoir dit vouloir en apprendre plus sur l'homme que sur l'auteur à succès qu'il est, mais je ne pensais pas qu'un jour, Hugo serait assis sur mon lit, dans mon studio, me racontant quelque chose d'aussi personnel.

Sous ta plume (BxB)Where stories live. Discover now