Livre n°17

5.5K 659 159
                                    

On a tous eu ce moment, où devant un film d'horreur on s'est mis à crier "Mais ne va pas là !" ou encore "N'ouvre pas cette porte!" mais aussi "Ne le suis pas!" au protagoniste en sachant pertinemment qu'il n'allait pas nous écouter et donc se retrouver face à la pire situation possible. Eh bien je me sens exactement comme un protagoniste de film d'horreur, à savoir que je suis une parfaite étrangère jusque dans un immeuble de standing, dans un quartier huppé de la ville, sans me poser la moindre question alors que le peu de raison que j'ai me hurle de sauter en marche du taxi dans lequel nous nous trouvons tous les deux.

Pourquoi ai-je accepté de la suivre ? J'aurai très bien pu dire "non" et m'en aller comme si de rien n'était, mais je pense que cette femme a vu que je me cachais d'elle et s'est donc naturellement rapprochée. Par contre...question...maintenant que j'utilise mes deux seuls neurones complètement en panique...

- Comment connaissez-vous mon nom ?

- Hugo me l'a dit. Il m'a montré une photo de toi en train de dormir sur ton bureau, la bave aux lèvres. C'était mignon.

Non ! C'est loin d'être mignon quelqu'un qui bave ! Et puis d'où Hugo a une photo pareille sur son téléphone ? Le traître ! Je réglerais ça avec lui plus tard. Je suis certain qu'il a d'autres photos de moi en plus, ce type n'est pas tout seul dans sa tête.

- Donc, vous savez que je vous ai menti ce matin ?

Elle sourit légèrement, tout en continuant à me regarder avec insistance.

- Je le sais.

- Et vous ne m'en voulez pas ? Non parce que je préfère demander avant que ...

- Détends-toi, je ne te ferais rien voyons. Je veux juste faire connaissance ?

On peut faire ça dans un café aussi, là où il y a des gens. Pleins de gens. J'aime bien la foule étrangement. Ça me rassure.

- Nous y voilà ! Tu peux descendre.

Je m'exécute avec une légère envie de rester scotché au siège du taxi tandis que l'on entre dans un superbe hall brillant et lustré du plafond jusqu'au sol. Un jour, quand je serais riche, je vivrais peut-être là. Quoi que...ça me ferait bizarre de quitter mon placard à balai qui me sert de studio.

Elle appuie sur le numéro 32 de l'ascenseur et nous voilà partis. 32ème étage, je ne pourrais même pas sauter par une fenêtre pour m'échapper, je m'écraserais au sol et je mourrais.

On finit dans un couloir tapissé avec de la moquette de partout où le silence règne en maître tandis qu'elle s'arrête devant la porte de son appartement, sort les clés de son petit sac à main et me fait entrer.

- Tu peux te mettre à tes aises.

L'imposante vue de la ville me coupe le souffle alors que le chic et la sobriété semblent être les mots d'ordre pour la décoration. Elle a un salon...complètement noir. Je veux dire chaque meuble est noir ! Même le canapé en cuir, les fauteuils, la table basse, la bibliothèque, le meuble télé...Tout. Étrangement, au même instant, je pense alors au salon complètement blanc d'Hugo. Dites-moi que ces deux-là n'ont pas eu la même idée de décoration et se sont mis d'accord pour faire l'exact opposé de l'autre ?

- Tu veux boire quelque chose ? Un café, un jus de fruit ? Un soda ?

- De l'eau ! De l'eau, c'est très bien.

Comme ça, si elle glisse quelque chose dans mon verre, je le verrais. L'eau c'est transparent ! Elle ne m'aura pas ! J'ai peut-être vu trop de films et j'en fais peut-être des caisses, mais on n'est jamais à l'abri de rien ici.

Sous ta plume (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant