Chapitre 16 - Ashley

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Entremêlée entre les résidus de mon rêve et les questions qui m'avaient empêché de plonger dans un sommeil digne de la Belle au bois dormant, avec peine, j'ouvris les yeux. À mes côtés, dans une forme somme toute olympique, Jack pianotait sur son macbook pro tout en s'entretenant au téléphone.

Il avait accepté d'être présent cet après-midi lors de ma rencontre avec madame Stephenson, mais je pensais tout de même que ce matin, il serait passé dans ses deux établissements pour vérifier si tout était en ordre pour le service de ce midi et de ce soir. Une pointe de culpabilité me traversa, je le perturbais dans son travail et cela était inadmissible. S'il en faisait de même, il y avait de forte chance que je m'emporte et que ça parte en guerre de territoire entre nous.

Mais bien sûr, me souffla ma petite voix intérieure, comme la dernière fois, lorsqu'il t'a rendu visite à l'hôpital.

À ce souvenir, mes joues virèrent au rouge. Pour ma défense, à l'abri des regards, dans le vestiaire des résidents, ses lèvres s'étaient posées en conquérante sur une partie de mon corps où il était impossible pour n'importe quelle femme de garder son sang-froid. Et pour rappel, de retour à l'appartement, je lui avais exprimé ma façon de penser quant à son manque de considération pour mon lieu de travail.

En gémissant entre ses bras.

Intérieurement, je grognai contre ma traîtresse de petite voix. Elle était décidée à ne m'octroyer aucune circonstance atténuante.

Les yeux à demi-clos, je continuai de le regarder travailler avec en tête cette question qui me taraudait toujours. Du moins plusieurs. Comment faisait-il? Etait-ce dû à l'expérience qu'il avait acquise au cours de ses relations passées? Ou bien était-ce spécial avec moi? Un sentiment de jalousie me percuta l'estomac. Spécial!? L'étais-je pour lui? La réponse était limpide. Tout son être me le prouvait dès que nous étions réunis. Mais lorsque nous étions séparés qu'en était-il? À bien y réfléchir, nos métiers respectifs étaient très prenants et vivant dans des pays différents, Jack et moi ne nous voyions pas plus de deux à quatre fois par mois alors qu'en était-il des autres jours? Depuis que nous étions ensemble le sujet n'avait jamais été abordé. Dès l'instant où je l'avais accepté à mes côtés, l'officialisation s'était faite si naturellement que je n'avais pas vu l'utilité d'aborder cette discussion.

Il était tout de même étrange que je ne m'interroge que maintenant sur la monogamie au sein de notre couple alors que Jack et moi couchions ensemble depuis plusieurs mois. Etait-ce parce que je lui avais avoué mes sentiments? Maintenant qu'il en avait connaissance, notre relation en serait-elle impacté? Mon cœur se mit à battre plus vite, faisant écho à l'angoisse qui m'envahit soudainement.

Ma peur de l'abandon ne me quittait jamais vraiment, elle était tatouée sur ma peau. Quant à celle de m'ouvrir, de tomber amoureuse , de faire confiance à l'autre, ces peurs, elles m'étouffaient. Mes vieux démons me terrorisaient encore. Ils ne me laissaient jamais vraiment en paix, mais une part de moi espérait être sur le chemin de la guérison.

Allongée sur le dos, nullement embarrassée par ma nudité, je dardai un regard étincelant sur Jack qui au vu de ses sourcils froncés tandis qu'il consultait scrupuleusement ses stocks de marchandises, ne se doutait nullement des réflexions biscornues qui avaient germées dans ma tête.

— Couches-tu avec d'autres femmes? l'interrogeai-je sans faire de détour.

Après tout, pourquoi tourner autour du pot, quand la question ne nécessitait aucune fioriture ? Ses yeux passèrent de son écran à moi plusieurs fois, pour ensuite d'un petit air amusé refermer son ordinateur et le poser sur la table de chevet. Ultra moderne, elle était constituée d'une structure minimaliste en chêne massif enchâssée dans un cadre aérien en métal noir. Robuste, simple, sans fioriture tout comme Jack.

Notre valse en trois temps - tome 2 - Et siWhere stories live. Discover now