Chapitre 31 - Jack

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Cette sensation de froid ne me quittait pas. Je me sentais à nouveau inerte. L'angoisse qui me submergeait depuis le départ précipité de Ashley s'insinua dans mon rêve me forçant à ouvrir brusquement les paupières. En la voyant étendue à l'autre bout du lit, les raisons de l'effroi qui venait de me traverser devinrent limpides. Le corps chaud de Ashley ne reposait plus contre moi. À l'autre bout du lit, allongée sur le ventre, un genou ramené vers sa poitrine, son souffle régulier indiquait qu'aucun mauvais songe ne tourmentait son sommeil.

Les lumières de la nuit filtraient à travers la large fenêtre de la chambre. Celles-ci dansaient sur son corps sublimant l'éclat halé de sa peau. Ma main tâtonna le dessus de la table de chevet à la recherche de la télécommande pour actionner la fermeture des rideaux automatisés. Demain matin, égoïstement, je désirai être le seul responsable du réveil de Ashley. Les rayons matinaux n'avaient donc pas leur place dans la chambre.

Après s'être mis au lit, ma main entremêlée dans ses cheveux humides, massant du bout des doigts son cuir chevelu, avait conduit Ashley en quelques secondes dans le doux lieu des rêves. Elle s'était assoupie dans mes bras, une jambe repliée sur mon bassin. Epuisé, je n'avais pas tardé à la rejoindre et je dormirais toujours si elle ne s'était pas éloignée de moi faisant réapparaître le froid des nuits dernières. Désireux de chasser mes angoisses, avec précaution, je l'attirai vers moi. Après un gémissement de protestation, elle laissa son corps nu se mouler au mien. J'encerclai sa taille et déposai le creux de mon menton sur son épaule. En cet instant, toute ma reconnaissance se porta vers Claire. Sans son intervention, ce soir, je ne me serais pas endormi avec le sentiment d'être à nouveau chez moi.

Les blessures de Ashley, une fois de plus, avaient mis en danger notre relation. Quand cela prendrait-il fin? La quasi totalité de ses décisions concernant notre avenir était conduite sous l'effigie de ses craintes. Quelle frustration! Constater que je n'avais toujours pas réussi à la guérir de ses fantômes. Pourtant un point essentiel était à prendre en considération. Ashley m'aimait. Non pas que j'en n'avais pas conscience avant, mais l'entendre de sa bouche avait sonné comme une libération. Je resserrai 

— Hum, se plaignit Ashley en gesticulant, pourquoi ne dors-tu pas?

— Rendors-toi, dis-je en embrassant l'espace entre ses omoplates. Je réfléchissais, c'est tout.

Au lieu d'écouter mon conseil, son bras se tendit en direction de la lampe de chevet, avant qu'elle ne se redresse et s'adosse contre la tête de lit. Une douce lumière jaune se répandit dans la pièce.

— Tu m'en veux encore!? s'empressa-t-elle de dire sur un ton qui sonnait plus comme une affirmation qu'une question. C'est pour cela que tu ne dors pas.

Elle qui habituellement en ma présence était nullement pudique, tira sur le drap pour cacher sa nudité.

— Non, répondis-je en m'accoudant sur l'oreiller pour l'admirer. En fait, c'est à moi que j'en veux.

Face à son regard dubitatif, je m'expliquai.

— En quittant la soirée de fête d'anniversaire de mon frère, j'aurai dû prendre le temps de t'écouter pour comprendre ce que tu traversais.

Ses bras se croisèrent sous sa poitrine. Pour éviter que cette discussion l'éloigne à nouveau de moi, j'attrapai l'une de ses mains pour entremêler nos doigts.

— Tu aurais été tout autant déçu. À ce moment-là, moi-même je n'étais pas en accord avec mes sentiments.

— Lorsque tu m'as confié que tu ne voulais rien construire avec moi, cela m'a blessé. Toi et moi, nous sommes heureux. Ce que nous vivons, jamais je n'ai vécu cela avec une autre femme. Le fait que tu ne veilles pas de moi...eh bien, je dirai que j'ai vrillé dans ma tête.

Notre valse en trois temps - tome 2 - Et siOù les histoires vivent. Découvrez maintenant