Chapitre 25 - Jack

70 9 8
                                    

Le rire des filles d'Henry emplissait la cuisine. Conquises par le bol de fraises nappées de chocolat que venait de leur proposer le chef cuisiner, elles s'amusaient à dessiner des moustaches au-dessus de leurs lèvres. Il était si agréable de les entendre s'extasier à nouveau après le drame qu'elles avaient vécu. Leur complicité était un véritable bol d'air frais.

Ce soir pour l'anniversaire d'Éric, j'avais fait appel aux services d'un confrère. Il avait bonne presse et pour avoir goûté sa cuisine, elle était largement méritée. Profiter de la soirée, sans me préoccuper de la préparation des plats et du service, était mon mot d'ordre. Le départ d'Ashley étant pour bientôt, entouré de mes proches, je voulais savourer les festivités. Comme un condamné attendant sa relaxe, je jetai un énième coup d'œil à ma montre. Celle dont l'absence allait me torturer, se faisait attendre.

— Je ne t'apprends rien en te disant qu'Ashley est épatante.

La voix du plus proche ami de mon frère venait de résonner derrière moi. Il me tendait une bière fraîche que j'accueillis avec plaisir sous cette chaleur. Son goût léger avec sa délicate touche d'amertume déferla dans ma gorge en une vague désaltérante, très appréciable après cette journée caniculaire. Il était dix-neuf heures passés et le thermomètre avoisinait toujours les trente degrés.

— Tu prêches un convaincu, ajoutai-je entre deux gorgées.

— Travailler à ses côtés a été très enrichissant. Elle fera une excellente chef de service. Elle en a l'étoffe.

— Tu ne pouvais pas lui faire meilleurs compliments.

— Ils sont mérités, crois-moi. Elle est aussi douée avec les chiffres et le personnel qu'avec un bistouri.

— Et moi qui craignais qu'elle te rende la vie impossible.

Henry accueillit ma remarque avec un froncement du nez.

— Ah, mais je te rassure, elle l'a fait. Lorsqu'elle a un truc en tête, elle se métamorphose en bulldozer.

— Ouais, c'est elle tout craché. En tout cas, je ne te remercierai jamais assez d'avoir bien voulu travailler avec elle durant son séjour à New-York. Si elle était restée à la maison durant toute sa convalescence, elle aurait eu raison de ma santé mentale.

— Comme je te l'ai dit ce fut avec plaisir. Dans l'histoire, c'est moi le gagnant. Son aide m'a été extrêmement précieuse.

Étrangement, l'écouter complimenter Ashley déclencha un pincement douloureux dans ma poitrine. Tout comme Éric et ma soeur, Henry avait descellé la femme qui se cachait derrière les répliques sanglantes, le ton bourru et la façade de marbre. Dans mon entourage, je n'étais plus le seul à discerner le diamant qu'elle était car à eux aussi, elle avait entrouvert cette fenêtre que j'aurais aimé être le seul à connaître.

À moi. Ses peurs, ses joies, ses larmes, ses yeux verts tachetés de pépites d'or...Elle était tout à moi.

La sonnette de la porte d'entrée retentit exacerbant mon besoin viscéral de la tenir tout contre moi. Sans un mot, j'abandonnai Henry pour vérifier si c'était elle qui nous faisait enfin grâce de sa présence. Quelle ne fut pas ma stupeur en ouvrant la porte. Debout, en appuie sur ses béquilles, se tenait la plus sexy des écolières qu'il m'ait jamais été donné de rencontrer. Petite jupe plissée arrivant mi-cuisse, avec un crop-top large et par-dessus une cravate à rayure nouée grossièrement. Tout en la détaillant, mon corps telle la corde d'un arc trop tendue était sur le point de céder. La vision de mes mains se plaquant sous sa jupe pour malaxer ses fesses s'interposa dans mes pensées ainsi que d'autres images plus débridées. Je dus faire appel à toute ma maîtrise pour ne pas me jeter sur elle et à sa manière de mordiller sa lèvre inférieure tout en m'adressant un regard coquin, ma petite diablesse savourait l'effet qu'elle produisait sur moi. Subjugué, je perçus tout juste les mots de Claire qui dans un éclat de rire fit seule son entrée dans la maison d'Henry. De l'extrémité des doigts, j'attrapai la pointe de la cravate et m'avançai lentement vers Ashley. Je voulais qu'elle languisse à la perspective du baiser que j'allais lui donner. Durant ces quelques secondes d'attente, je souhaitais que les cellules de sa peau s'échauffent, qu'elles lui réclament mes caresses à faire bouillir le sang circulant dans ses veines. À mesure que je réduisais la distance entre nos lèvres, son parfum boisé marqué d'une touche d'agrumes, m'envoutait, au même titre que son regard. Les tâches d'or dans ses grands yeux verts s'étaient transformés en flamme incandescente.

Notre valse en trois temps - tome 2 - Et siTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang