Chapitre 51 - Jack

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Les battements dans ma poitrine résonnèrent dans tout mon corps. J'avais la sensation de sentir mon coeur battre pour la toute première fois.

Notre chien, notre maison et...nos enfants. Du moins, pourquoi pas un enfant, pour reprendre ses mots exactes. Son comportement si étrange, j'en connaissais enfin la cause. Mes proches ainsi que ceux d'Ashley ne s'étaient pas trompés. Tous avaient eu raison. Alors qu'elle était convaincue que le temps n'avait aucune incidence sur les blessures de l'âme, avec sagesse, il lui avait révélé la force de son pouvoir. En tout juste un an, il avait fait merveille auprès d'Ashley. Grâce à lui, elle entrevoyait un avenir qu'elle s'interdisait de désirer il y avait encore quatre mois en arrière.

Et toi, en parfait crétin, tu as tout gâché.

Je levai les yeux. La maison était plongée dans une quasi-pénombre. Seule une lampe du salon faisait office de lumière. Tel un phare au milieu de l'océan, elle m'indiquait le chemin à suivre pour réparer les dégâts que je venais de causer. Sous couvert de ma crainte de subir un nouveau rejet, j'avais prononcé des mots atroces à celle dont mon amour surpassait mon besoin de respirer. Pour le lui prouver, en cadeau d'anniversaire, elle n'avait pas eu droit à la démonstration de mon affection, ni même au bijou que j'avais fait confectionner pour elle, mais à une slave de reproches. Les mois passés ensemble avaient peut-être libéré Ashley, mais moi, ils me gardaient ancrés à la blessure que je traînais depuis la soirée d'anniversaire de mon frère.

J'avalai une gorgée de vin et pris mon courage à deux mains pour rejoindre Ashley. Faire amende honorable tout en lui expliquant les raisons de mon comportement était la seule chose à faire. Deux par deux, je gravis les marches d'escalier et en quelques secondes, j'arrivai sur la terrasse. En dépit de la fureur qui devait l'animer, Ashley avait tout de même laissé la baie-vitrée entrebâillée. Connaissant son caractère, trouver tous les accès clos ne m'aurait nullement étonné. Peut-être était-elle moins en colère que je ne l'avais imaginé? Après tout, notre dispute reposait essentiellement sur un quiproquo.

Debout devant la porte de notre chambre, mon optimisme s'effeuilla comme un arbre soumis aux affres de l'automne. Ashley ne m'avait peut-être pas privé l'accès à la villa, mais à notre lit, oui. Malgré l'ironie de la situation, je ne pus m'empêcher de sourire. En me bannissant de nos draps, ma petite ensorceleuse avait trouvé le meilleur moyen de me punir. Heureusement qu'être face à une porte close n'allait nullement me pousser à abdiquer, pas plus que cela ne m'avait empêché de la rejoindre dans sa chambre d'hôtel à New-York. Des images peu pieuses vinrent s'entrechoquer dans ma tête mettant à mal mon impatience de laisser derrière nous cette dispute. Quel crétin! Si je ne m'étais pas emporté, Ashley et moi serions sur la plage, et mes lèvres entre ses cuisses la conduiraient vers l'extase.

Je toquai trois coups à la porte.

— H, tu veux bien m'ouvrir? Il faut que l'on discute.

Seul le silence accueillit ma requête. J'attendis quelques secondes avant de renouveler ma demande.

— Laisse-moi entrer, s'il te plaît. Faut vraiment que l'on s'explique.

Toujours aucune réaction.

— Et puis, ajoutai-je en changeant de stratégie, il faut tout même que tu acceptes que si nous en sommes là, c'est entièrement de ta faute.

En moins d'une fraction de seconde, la porte de la chambre s'ouvrit avec fracas. Comme je le supposais, le meilleur moyen pour qu'elle daigne m'accorder audience, était de rejeter sur elle toute la responsabilité de notre dispute. Mais pauvre fou que j'étais, j'allais bientôt regretter ma petite fourberie.

Vêtue d'un simple débardeur noir en coton et d'un boxer assorti, les yeux rougis par des larmes asséchées, Ashley me fusillait du regard. Pour la toute première fois, j'étais la raison de son chagrin et cela m'était intolérable. Et alors que je m'avançai pour la serrer tout contre moi et lui demander de me pardonner, je fus stoppé par un doigt accusateur pointé sur mon torse.

Notre valse en trois temps - tome 2 - Et siOù les histoires vivent. Découvrez maintenant