Notre valse en trois temps - tome 2 - Et si

Chapitre 55 - Jack

Tout n'était plus que folie depuis ma consécration de meilleur chef de l'année. Le travail, Ashley, ma famille, mes projets, tout, autour de moi n'était plus qu'ébullition. Même le climat s'y mettait. Tandis que de l'autre côté de la frontière américaine, l'été indien apportait douceur et émerveillement grâce à ses températures au-dessus des normales de saison ainsi que sa palette de couleurs flamboyantes, mariant les rouges vifs, pourpres et bourgognes aux jaunes éclatants des feuillages des arbres, à New-York, les averses, le vent, le froid, le tout mêlé avec du gel ne laissaient pas entrevoir la perspective d'un redoux. Au contraire, le ciel sombre chargé de nuages épais et lourds annonçait l'arrivée imminente d'une pluie sans fin. De celle qui n'inspirait qu'à rester blotti sous une couverture pour s'échapper de la grisaille extérieure. Et après l'effervescence de ces dernières semaines, cette perspective m'enchantait outre mesure. En plus, le rembourrage en duvet de ma couette ne serait pas mon meilleur atout pour réguler ma température. Mais son corps nu, oui.

Loin de se douter du sort que je désirai lui réserver, son portable plaqué contre son oreille, debout face à l'une des grandes fenêtres du salon, ma délicieuse ensorceleuse paraissait être subjuguée par la vue imprenable de Central Park. Le temps maussade n'avait pas enrayé sa bonne humeur, avec légèreté elle taquinait son interlocuteur tout en lui racontant nos projets pour la journée.

Quelle était loin l'époque où elle s'acharnait à me fuir!

D'un mouvement de bascule, elle changea de jambe d'appui tout en envoyant valser d'un revers de la main une liasse de boucles dorées qui retomba sur ses épaules dans un bruissement proche de celui d'une étoffe de soie. Tel un junkie en manque de sa dose de méthamphétamine, avant de la rejoindre, et de me perdre dans ses bras, je me délectai de ses courbes enchanteresses. Ses cuisses fuselées étaient moulées à la perfection dans son jean slim, ainsi que ses fesses fermes et rebondies. Quant au reste de son corps, il se perdait dans un sweat oversize. Seulement, je savais les secrets qu'il recelait. Des seins ronds parfaitement ajustés à mes larges paumes, des tétons aussi délicieux qu'une cerise arrivée à maturité, et un ventre à faire pâlir de jalousie une athlète émérite. Bien sûr, mon addiction ne reposait pas uniquement sur son physique. À dire vrai, elle avait même décuplé depuis qu'Ashley s'était libérée de cette douleur et colère qui lui oppressaient le coeur depuis si longtemps. En se défaisant des chaînes de son enfance, elle s'était octroyée le droit d'être pleinement heureuse. Et se noyer dans le bonheur, sans avoir peur des représailles la rendait lumineuse. Une pointe de fierté gonfla ma poitrine. C'était nous. C'était notre amour qui avait rendu cela possible.

Sans que je ne sache pourquoi, ses épaules furent prises de spasmes. Son rire pur et cristallin dispersa une onde qui emporta avec elle les notes d'une mélodieuse symphonie. Puis comme si ma présence lui avait été dévoilée par une ombre invisible, radieuse, elle dévissa son cou, et darda son regard aguicheur quelques secondes sur mon torse avant de le diriger vers la partie de mon anatomie qui lui était entièrement dévouée depuis notre première rencontre. Mon diamant brut s'était façonné pour devenir devenir une magnifique pièce d'orfèvrerie. Un présent inaccessible pour tout homme, sauf pour moi.

— Ne t'inquiète pas, prononça-t-elle en redirigeant son attention vers les arbres dépourvus de feuillage. Grâce à Jack, j'ai renoncé à ma passion pour les plats à emporter, en tout cas quand je suis avec lui.

En deux grandes enjambées, je la rejoignis et plaquai mon buste contre son dos.

Mon chez moi.

Tel un corps céleste, Ashley émettait chaleur et lumière. L'envie de mouler nos corps l'un à l'autre revint, mais plus intensément. Mes bras encerclèrent sa taille, puis s'en suivi mon menton qui se nicha sur l'une de ses épaules.