Chapitre 21 - Ashley

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10 Juillet 2012

Une vie sur les chapeaux de roues sans un instant pour reprendre mon souffle. Les semaines avaient filé sans que je ne m'en aperçoive. Et d'ici quatre jours, adieu ce plâtre qui me tenait éloignée du bloc opératoire. L'extase que j'éprouvais en tenant un scalpel entre les doigts, telle une ivrogne après une trop longue période d'abstinence, j'allais enfin de nouveau m'enivrer de cette sensation. Mon quotidien me manquait. Et surtout, il devenait urgent que je me retrouve face à moi-même, au calme, sans distraction aucune, sans lui.

Avec Jack tout fonctionnait à merveille. C'était angoissant et à la fois extrêmement troublant de constater combien chacun avait absorbé l'âme de l'autre avec ses rêves, ses désillusions, et ses peurs. Être aussi proche de lui avait fissuré mes murailles, et ces brèches m'avaient poussée à me dévoiler un peu plus. Allant jusqu'à montrer des facettes de ma personnalité qui m'étaient jusqu'alors inconnues. Depuis notre rencontre, il avait cet effet sur moi, à la différence que maintenant, je ne rejetais pas les différentes directions qui s'offraient à nous, à moi. Seulement, je n'étais pas prête à lâcher totalement les commandes, à me laisser porter par notre relation.

Nous deux m'effrayait toujours un peu. J'adorais la route que nous empruntions, mais je ne pouvais ignorer les chemins incertains sur lesquels elle me conduirait. Le mieux était donc de prendre notre temps afin d'anticiper les prochains virages. Dommage que Jack ne le voyait pas ainsi.

Tout à ma réflexion, debout dans la salle de bain, je contemplais le résultat désastreux de ma coiffure. Se lancer dans la réalisation d'une tresse africaine avec le cerveau en ébullition était une très mauvaise idée, et cela même si au préalable, j'avais fait un brushing pour optimiser mes chances de réussite. Pour ma défense, habituellement c'était Claire qui me tressait les cheveux. À son évocation, mon visage se détendit. Dans moins de deux heures, ma meilleure amie sera à mes côtés. Chaque jour, depuis mon installation temporaire à New-York, nous nous étions parlées en FaceTime,mais cela n'empêchait pas qu'elle me manquait terriblement. Tout comme avec Catherine, c'était la première fois que j'étais séparée aussi longtemps d'elle. En plus, j'avais le pressentiment qu'elle me cachait quelque chose. Ses conversations portaient uniquement sur ses journées à l'hôpital et les péripéties que ses jeunes patients lui faisaient vivre. Dès que je demandai des nouvelles d'Asher, son visage se trahissait et elle m'adressait la même réponse.

— Il va bien, il se remet de nos vacances au Brésil.

Pas de détails scabreux sur leur dernière partie de jambes en l'air ou encore sur leur soirée endiablée en boite de nuit. Rien à part cette même phrase. Il s'était passé quelque chose entre eux et pour l'amener à se confier, je ne disposais que d'une seule arme. Sans plus me préoccuper de ma coiffure ratée, je sortis de la salle de bain. Le téléphone portable en main, je passai commande de tout ce qui composait un plateau confidences.

Ce soir, sulfites, graisses hydrogénées et glucides égailleraient nos papilles. Ne voulant pas qu'elle séjourne à l'hôtel durant son passage à New-York, j'avais négocié auprès de Jack pour qu'elle reste dormir chez lui.

— Rassure-moi, tu ne me chasses pas de notre lit pour la mettre à ma place? m'avait-il demandé avec un air de cocker anglais.

— Ça dépend! Tu sais, dormir avec Claire est très agréable. Elle au moins n'entrave pas ma circulation sanguine en maintenant mes jambes serrées contre les siennes durant toute la nuit.

— Sérieusement, depuis quand être enlacée dans mes bras est-il une torture?

— Depuis que l'une de mes jambes ressemble à une saucisse enveloppée dans une pâte feuilletée.

Notre valse en trois temps - tome 2 - Et siWhere stories live. Discover now