Chapitre 40 - Jack

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La douce chaleur de l'après-midi s'en était allée, remplacée par une brise glaciale. Adossé contre le coffre de la voiture d'Ashley, je pris connaissance du message de Claire. La surprise est finalisée. Il ne manque plus que ses majestés, alors récupère la reine de la soirée et ramenez vos jolies fesses royales. Winona, la décoratrice d'intérieur, s'était entendue à merveille avec Claire. Si bien qu'après toute juste une heure en ma présence, les deux femmes s'étaient mises de concert pour me chasser. Selon elles, ma nervosité impactait l'équipe. En tout une quinzaine de personnes effectuait des va-et-vient entre la maison et le jardin. J'avais beau réfléchir, je ne voyais pas comment mon comportement avait pu jouer sur les nerfs du personnel de Winona.

Je regardai ma montre, Ashley ne devrait plus tarder. Trois minutes plus tard, le temps me donna raison. Sortant de l'ascenseur, elle marchait en compagnie d'un homme au style dandy chic. Une écharpe nouée autour du cou, ses yeux posés sur Ashley dévoilaient ses intentions, et elles n'étaient pas professionnelles. En même temps, vêtue d'un pantalon gris ample descendant sur ses hanches et d'une chemise aux motifs japonais colorés dont l'étoffe épousait le galbe de ses seins, ma petite ensorceleuse était tout simplement divine. De là où j'étais, je ne pouvais entendre leur conversation, mais à sa posture rigide, Ashley faisait un effort surhumain pour contenir son exaspération.

Même si la voir se débattre avec elle-même pour rester agréable avec son interlocuteur était un véritable régal, je désirai être sous l'emprise de son regard. Comme si mon voeu silencieux s'était insufflé en elle, Ashley releva la tête. Je fus alors projeté dans un vieux film en noir et blanc où l'héroïne avançait lentement vers son amant tout en le soumettant aux souvenirs de la brûlure de leurs baisers.

Monsieur dandy, trop centré sur sa personne, ne s'aperçût pas du changement corporel d'Ashley. Ce ne fut que lorsqu'elle se planta à quelques centimètres de moi qu'il comprit qu'il ne retenait plus son attention.

— Vous..., commença-t-il en glissant son regard sur Ashley et moi, vous connaissez cet homme?

— Quelle surprise! minauda-t-elle sans s'attarder à répondre à la question.

— Toronto me manquait affreusement, confessai-je en me penchant pour effleurer sa joue.

Ashley, habituellement si discrète au travail sur sa vie privée, vira sa bouche sur la mienne. Un baiser rapide à l'apparence chaste, mais dont la douceur électrisa mes lèvres.

— C'est vrai que Toronto est une ville magique, ajouta-t-elle.

— Ce n'est pas elle, la magicienne.

Ses commissures s'étirèrent à l'opposée l'une de l'autre, et ses joues prirent une teinte légèrement rosée. Comme j'aimais être la source de cet éclat sur sa peau brune. D'un raclement de gorge, Monsieur dandy se rappela à notre bon souvenir.

— Jack, je te présente le docteur Wheels. Il nous vient de Vancouver, et occupe depuis peu le poste de chef des urgences.

— Docteur Wheels, le saluai-je en empoignant sa main tendue. Vancouver est époustouflante comme ville. J'espère que Toronto est à la hauteur de vos espérances.

— Parfaitement, concéda-t-il en dardant ses iris aux reflets ambrés sur Ashley. J'ai fait des rencontres exquises, dont une au-delà de mes espérances.

Inspirer l'air par mes narines m'aida à repousser mon désir de lui faire avaler ses cheveux noirs gominés. Cet homme en face de moi ne cachait nullement ses intentions envers la femme dont le baiser picotait encore mes lèvres. Ce charmant docteur avait perçu le joyau qu'était Ashley et contrairement à moi, il pouvait la côtoyer tous les jours. Être enivré par les effluves de jasmin de son parfum. Admirer l'éclair qui électrisait son regard juste avant qu'elle ne franchisse les portes du bloc opératoire. De nous deux, peut-être était-ce lui le plus chanceux?

Notre valse en trois temps - tome 2 - Et siOù les histoires vivent. Découvrez maintenant