Chapitre 47 - Jack

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Je raccrochai mon téléphone en promettant à ma mère que minuit ne sonnerait pas avant mon arrivée. Vêtue d'un tailleur pantalon blanc, une hôtesse vint à ma rencontre. Avec un accent à la sonorité d'Europe de l'Est, elle m'invita à la suivre dans une pièce reculée au luxe feutré.

— Monsieur Lambert vous prit de l'excuser, il est retenu avec une cliente. Puis-je vous proposer une coupe de Dom Pérignon rosé pour patienter?

Le cadeau d'Ashley récupéré, j'étais attendu dans les Hamptons. C'était la première fois que toute la famille s'y rendait depuis le décès de mon père. Aussi loin que mes souvenirs remontaient, nous avions toujours fêté le réveillon de Noël dans notre maison secondaire. Au fil des années, le cadeau de mariage de mes grands-parents maternels était devenu bien plus que quatre murs et un toit.

— Un café sera parfait, répondis-je en masquant d'un rictus la peine qui m'oppressait la poitrine.

La jeune femme dont le teint de porcelaine contrastait avec ses cheveux noir corbeau se retira sous le bruit de ses talons aiguilles pour revenir l'instant d'après avec une tasse entre les mains. Installé dans un confortable sofa en velours émeraude, j'admirai les pièces d'orfèvreries exposées dans les vitrines tout en appréciant l'amertume déposée par l'or noir sur mes papilles gustatives.

— Excuse-moi pour l'attente.

Thomas fit son apparition en tenant un écrin en cuir. Habitué à le rencontrer dans d'autres sphères, le quadragénaire aux jeans décontractés avait laissé place à un homme d'affaires en costume sur-mesure.

— J'espère que ma patiente sera récompensée.

— À toi d'en juger.

Avec la suffisance de ceux et celles qui ne doutaient part de leur génie, il dévoila le bijou que je lui avais commandé.

— Ai-je su capter l'essence de cette femme?

Déposé sur un tapis en velours blanc, mon cadeau était de toute beauté. Les deux lettres de nos prénoms étaient unies dans un alliage d'or jaune et de diamants.

— Thomas, commençai-je sans trouver mes mots. C'est...Tu as...Merde, c'est magnifique.

— Voilà le genre d'émotions que j'aime véhiculer.

J'étais subjugué. Mille réactions me venaient à l'esprit. Thomas avait apporté au bijou sa vision de la haute joaillerie en mêlant discrétion et élégance. Il ne connaissant Ashley qu'à travers mes mots, et pourtant il avait su capter la femme qu'elle était.

— Tu es un magicien. Ashley va adorer.

Je quittai Thomas, et pris la direction des Hamptons. C'était à cette période que j'affectionnai le plus cette région de l'Est de New-York. J'appréciai le calme retrouvé, loin de la profusion de touristes et de propriétaires venus se ressourcer durant la période estivale. Les chemins de randonnées, les plages, les restaurants, tous ces lieux où se concentrait toute l'euphorie des estivants, retrouvaient leur sérénité. Seulement cette année, suite à une masse d'air chaud exceptionnelle en provenance du Golf du Mexique, les Hamptons connaissaient un ensoleillement digne des beaux jours printaniers. Sur toutes les chaînes d'info, les météorologues étaient unanimes, ces températures clémentes dureraient jusqu'en début de semaine prochaine. En somme, le cocktail parfait pour attirer des vacanciers habituellement rebutés par le climat exécrable des mois hivernaux. XR(Mes craintes se confirmèrent lorsqu'en quittant l'autoroute je fus accueilli par un attroupement de voitures alignées les unes derrière les autres. Au lieu de pester à haute voix dans ma voiture, je vis cet embouteillage comme une aubaine. Il m'accordait un peu de répit avant que je ne retourne sur les traces de mon passé.

Notre valse en trois temps - tome 2 - Et siOù les histoires vivent. Découvrez maintenant