Partie III - Chapitre 63

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Chapitre 63

Le café dans lequel Marlène et Sturgis Podmore se trouvaient, au croisement entre la rue Bonaparte et le Boulevard St-Germain, n'accueillait pas n'importe qui. Marlène pouvait en juger au prix de la tasse de café, qui dépassait tout ce qu'elle avait jamais pu observer. C'était un établissement typique, avec de grands miroirs, des petites tables en bois patiné et des chaises tout aussi vieilles et passablement inconfortables. Des serveurs en gilet rouge et tablier blanc évoluaient entre les clients avec la grâce de l'habitude. Aucun plateau ne vacillait malgré leur valse incessante ; sans doute fallait-il éviter de renverser une goutte du précieux café hors de prix. Des jeunes gens riaient fort en terrasse pendant que des retraités s'échinaient sur les mots croisés du Figaro, leurs lunettes posées sur le bout du nez.

Marlène sourit, sa tasse appuyée contre ses lèvres pour en cacher les coins qui se relevaient. Sturgis aurait sans doute cru qu'elle se moquait de lui. Le pauvre homme, ses cheveux fins et de plus en plus rares plaqués en arrière pur cacher sa calvitie naissante, jetait autour de lui des regards méfiants tout en marmonnant des imprécations en anglais contre leurs voisins d'outre-Manche. Après avoir entendu mentionner Austerlitz puis Waterloo, Marlène ne put plus se retenir :

- Aurais-tu par hasard pris part aux guerres contre Napoléon ?

Il se redressa, pointa le menton en l'air et annonça fièrement :

- L'un de mes aïeuls est le petit-cousin du Duc de Wellington. La haine anti-Français coule dans mes veines aussi sûrement que la magie.

- Ne me dis pas que le Duc de Wellington était un Sorcier, pouffa-t-elle.

- Non, mais son petit cousin l'était.

- Comme quoi, commenta-t-elle, nous sommes bien plus liés à l'histoire moldue que d'aucun aime à le penser.

- Evidemment, acquiesça Sturgis, que cette conversation semblait avoir détourné de son objectif, à savoir insulter tout bas la France entière. Regarde, les Potter : leur disgrâce vient du rôle qu'ils ont joué dans la Première Guerre mondiale.

- J'avais oublié. Un Potter souhaitait venir en aide aux Moldus, c'est bien ça ?

- Henry Potter, confirma-t-il. Il s'en est pris directement au Ministre de l'époque.

- On devrait faire un cours d'histoire moldue et sorcière, à Poudlard, lança Marlène. Ça éviterait peut-être ce genre de désastre.

- Quoi, les onze années de guerre dans laquelle nous nous sommes enlisés ? Releva Sturgis avec un rire sardonique.

Marlène ne répondit pas, son attention attirée par un homme bien vêtu qui venait de disparaître par une petite porte, dissimulée derrière un rideau.

- Je crois qu'on a notre cible, souffla-t-elle.

Sturgis cessa aussitôt de marmonna contre Voldemort et les Français – la même engeance, apparemment – et posa délicatement sa tasse, sans prendre le risque de tourner la tête vers l'endroit que Marlène regardait.

- Mais encore ?

- Petite quarantaine, bien mis, a disparu sans raison alors qu'il lisait le journal.

- On le suit ?

- J'y vais. Tu veux bien provoquer un esclandre pour faire diversion ?

- Pourquoi moi ? Râla-t-il. Je suis toujours celui qui se ridiculise.

- Parce que ce n'est pas très galant de laisser une jolie femme faire ce genre de choses, expliqua Marlène avec un charmant sourire.

- Ne joue pas à la midinette avec moi. Je suis sûr que tu as une dague cachée sous ta jupe.

Lily et James [corrigée]Where stories live. Discover now