Partie IV - Chapitre 14

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Chapitre 14

- Tu as fini ?

- James, cette édition fait près de quarante pages. Alors non, je n'ai pas fini depuis que tu m'as posé la question il y a cinq minutes.

Lily avait répondu tranquillement, les yeux rivés sur sa page. James la harcelait depuis au moins vingt minutes pour avoir le journal, mais elle ne comptait pas le lâcher tant qu'elle ne serait pas venue à bout de cette édition spéciale. James grommela avant de reporter son attention sur Harry, allongé sur son tapis de jeu. Il s'agitait en tous sens en secouant sa peluche. Lily délaissa un instant sa lecture pour adresser un regard tendre à son fils. A présent âgé de quatre mois, Harry était un petit bébé dodu toujours aussi chevelu. Il se mit à gazouiller dès que son père entra dans son champ de vision. Voyant que les deux hommes de sa vie étaient bien occupés, Lily se replongea dans les méandres de la politique sorcière.

Le désastre de la Foire internationale de botanique avait eu lieu trois semaines plus tôt mais il faisait encore parler de lui. Même l'effervescence des fêtes de Noël ne parvenait pas à en masquer les retombées. Deux jours plus tôt s'était terminé, à Paris, un sommet international magique qui avait eu pour but de statuer sur la situation de la Grande-Bretagne. Près de la moitié du Bureau des Aurors avait été mobilisée pour accompagner la Ministre en France, ainsi que tout un contingent de la Brigade magique. Elle était rentrée saine et sauve au pays. A présent, la presse sorcière annonçait le verdict dans une édition spéciale de la Gazette. Bathilda la leur avait apportée dès qu'elle l'avait terminée.

Durant le congrès, on avait évoqué la sécurité intérieure comme extérieure, la question des transports à l'étranger, les problèmes d'éthique liés aux Moldus, la question plus qu'épineuse du Secret Magique, l'éventualité d'une aide internationale pour mettre fins aux agissements de Voldemort... Mais toutes ces problématiques avaient été balayées par le départ théâtral du diplomate américain, qui avait ainsi coupé toutes relations entre les États-Unis et la Grande-Bretagne. Si les Américains refusaient d'envoyer des représentants sur le sol anglais depuis près de deux ans déjà, ce départ était un nouveau coup dur : finis les exils d'Anglais menacés aux États-Unis. Le Congrès avait annoncé le jour même que l'immigration des Britanniques aux États-Unis était suspendue jusqu'à nouvel ordre.

Malheureusement, plusieurs pays européens s'étaient alignés sur cette décision. La Grande-Bretagne devait à présent composer avec les pays neutres – si ce n'est hostiles – et ceux, la plupart à l'est, ouvertement en faveur de Voldemort. Une page entière de la Gazette était dédiée au souvenir de Grindelwald et à l'influence qu'il exerçait encore à l'école de sorcellerie de Durmstrang. Lily la parcourut avec horreur ; Maugrey ne leur avait jamais vraiment parlé des partisans de Voldemort à l'étranger.

D'après le reporteur, la France, l'Italie et la Hollande étaient les plus sûrs alliées de la Grande-Bretagne dans la lutte contre Voldemort. Le gouvernement sorcier français avait annoncé l'envoi possible de contingents de la Gendarmerie magique de l'autre côté de la Manche. Lily espérait que ce n'était pas une promesse en l'air. Il s'agissait, à peu de choses près, de la seule note positive de cette édition spéciale. La jeune femme ignorait dans quelle mesure les journalistes se montraient trop alarmistes par amour du scandale et des sensations fortes... Mais il y avait forcément un fond de vérité.

Lily leva enfin les yeux du journal, dont elle venait de tourner la dernière page intéressante – elle avait cessé de lire depuis longtemps les annonces de décès, et les pages « Maison » ne la passionnaient pas. James et Harry avaient disparu de la pièce. Elle comprit pourquoi lorsque l'horloge, posée sur le buffet, sonna seize heures trente. Elle trouva les deux garçons dans le lit parental ; Harry s'était endormi sur la couverture, son biberon vide posé près de lui, sa petite bouche encore entourée de lait entrouverte. James, ses longues jambes étendues devant lui, lisait un roman policier moldu que Remus leur avait offert pour les remercier de leur hospitalité. Lorsque Lily fit un pas dans la pièce, une latte du plancher craqua avec bruit et James sursauta si fort qu'il faillit lâcher son livre.

Lily et James [corrigée]Where stories live. Discover now