Chapitre 37: Réconciliations

17.9K 1.3K 222
                                    

C'est ainsi que, tous les six, nous nous rendons en direction de l'appartement de mon oncle. Je n'arrive toujours pas à y croire: je suis sortie! Je ne suis plus confinée au monde souterrain qu'est la cité d'Alteran. Je suis à présent dehors, en pleine nuit de mi-novembre. Le ciel infini qui s'étend au-dessus de ma tête n'est voilé que de quelques nuages gris reflétant la pollution lumineuse de la ville d'Ottawa, qui se situe un peu plus loin au Nord.

Le vent est frais et agréable, et j'adore entendre le couinement de la neige mouillée sous mes pas. Je parie que, si je n'avais jamais été piégée sous terre pendant une semaine, je n'aurais jamais rien dit de tel. Je déteste la neige et encore plus le mois de novembre, ce n'est pas un secret pour personne; mais pourtant, être présentement en train de se promener dans les rues de ma ville, en pleine nuit, avec mes amis, me semble être la chose la plus merveilleuse et agréable au monde.

Je ne me rendais pas compte à quel point la surface me manquait, lorsque j'étais sous terre. Une fois qu'on y est, ce n'est pas si mal, Alteran. Mais lorsqu'on en sort, eh bien, on réalise à quel point le monde extérieur est beau.

Nous ne nous trouvons plus au beau milieu du centre-ville, mais dans de petites banlieues tranquilles. De grands arbres aux branches dénudés de feuilles se dressent de chaque côté de la rue. C'est plutôt tranquille, ici, à cette heure du soir. Je lève les yeux en entendant les cris d'une envolée des bernaches. Le ciel est momentanément envahi par ces oiseaux migrateurs. Ils hurlent tous à l'unisson: de vraies bavardes. Je ne peux m'empêcher de sourire. Seuls leurs cris et nos conversations déchirent le paisible silence qui règne dans cette rue.

Nous allons chez Daniel. Je me souviens très bien du chemin, et je sais que nous arriverons chez lui dans une dizaine de minutes. Je dois vraiment lui demander pourquoi Atenas avait fait mention de son nom alors qu'il discutait avec Carnata. Je crois qu'il me doit quelques explications.

- Jenn? me lance Jacob dans mon dos.

Je ralentis un peu la cadence et le regarde par-dessus mon épaule.

- Oui, qu'est-ce qu'il y a? lui lancé-je.

Il trotte un peu pour arriver à ma hauteur. Il se gratte nerveusement la nuque avant de me demander:

- Alors, comme ça... Tu sais te soigner? C'est un autre de tes "dons", c'est ça?

Je rougis un peu et baisse la tête. Il me parle comme si j'étais une machine de guerre invincible douée de tous les pouvoirs qu'il est possible de détenir lorsqu'on est Alteran. Ce n'est pas ce que je suis, même si c'est l'impression que je peux laisser après un combat. Jacob est la personne dont je suis la moins proche dans le groupe, donc il n'a pas encore eut bien l'occasion de réaliser que, au-delà de mes capacités hors du commun de ma mission d'envergure je suis seulement... Jenn.

- Ouais, eh bien, ça fait partie de mes facultés, bredouillé-je en tentant de paraître nonchalante. Mes larmes ont un étrange pouvoir de guérison. Ce n'est pas tellement utile, honnêtement. Je suis obligée de me faire pleurer pour me soigner: c'est ridicule.

- Bah, qui sait! rigole Jacob. Peut-être découvriras-tu une autre façon d'exploiter ton don avec un peu de pratique!

Jacob est drôlement optimiste, et j'aime bien ça. Il faut bien au moins une personne à l'esprit positif dans un groupe, non?

- Le plus beau est, selon moi, le fait que le Conseil ignore que tu détiennes ce don, commente Alex.

Je sens un terrible sentiment de regret me serrer l'estomac.

- Eh bien... Anna l'a apprise dès le deuxième jour, alors... Disons que le Conseil est probablement au courant depuis le moment où j'ai moi-même découvert mon pouvoir... bredouillé-je anxieusement.

UndergroundWo Geschichten leben. Entdecke jetzt