Chapitre 4: Légère confusion

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Arrivée à l'école, je me sens si trempée que j'ai l'impression d'être un torchon. J'ai pitié des torchons, maintenant, car ce n'est pas très confortable d'être aussi mouillée. Sans même prendre le temps de replacer le vélo là où je l'ai pris, je cours dans l'école. J'ai de la chance: c'est l'heure de la pause entre le premier et le deuxième cours. Je ne me fais pas trop remarquer. Je réussis à me faufiler jusqu'à la salle des cases, où je me décide à envoyer un message à Kat:

« Où es-tu? »

J'attends la réponse. Après quelques minutes, je commence à m'inquiéter. Si Kat ne répond pas à un texto après deux minutes, c'est qu'il y a quelque chose qui cloche. J'essaie de l'appeler. Je tombe sur sa boîte vocale. Je soupire et range mon téléphone. Kat n'est pas ma plus grosse préoccupation, présentement. J'ai d'autres soucis un peu plus urgents. Je fais défiler dans ma tête tous les trucs qui ne seraient pas censés se passer.

De un, une chose noire n'aurait pas dû m'attaquer, hier soir. De deux, un garçon - dans ce cas-ci, Alex - ne devrait pas se comporter aussi bizarrement. Bon, ok, les gars se comportent toujours bizarrement, mais pas de cette façon, non?

De trois, je n'aurais pas dû perdre connaissance dans les toilettes de l'école et revoir un souvenir datant d'il y a dix ans et demi. Puis, en revenant à moi, je n'aurais pas dû avoir changé d'apparence. Ça peut paraître bizarre, mais c'est plutôt difficile à admettre quand on réalise que nos yeux sont violets et notre peau, plus pâle. Changer de physique, comme ça, en quinze minutes, c'est plutôt radical. À m'entendre penser, je commence à me demander si je ne suis pas simplement devenue folle.

- Jenn, lance une voix amicale et familière. Qu'est-ce que...?

Je me retourne et gifle la personne qui a parlé à la figure. C'est Alex. Ce dernier porte sa main à sa joue et lâche un petit grognement de douleur.

- Qu'est-ce qui te prend? grogne-t-il en se frottant la joue. (Il lève les yeux vers moi et murmure:) Jenn, tu es toûte pâle... tu es malade?

- Plus tard, réponds-je simplement. Où étais-tu ce matin? Que faisais-tu dehors à la pluie? Ce que tu peux être étrange, parfois...

L'expression d'Alex change brusquement: elle passe de l'inquiétude à la stupeur. Il rapproche son visage très près du mien et me demande à voix basse:

- Et... qu'est-ce que je faisais, dehors?

Un peu surprise par sa réaction, je bredouille:

- T-tu étais dans la cour, puis tu es parti, et Mme Night, elle...

- Que faisait Mme Night? me presse-t-il.

- E-elle m'a dit de te laisser tranquille, et qu'elle t'aidait à f-faire je ne sais quoi... À quoi penses-tu, Alex? Arrête de me laisser dans l'ignorance. Dis-le-moi.

Le garçon baisse ses yeux bleus et regarde ses pieds. « Il ne me fait sûrement pas confiance.» pensé-je avec amertume. Mais, à ma grande surprise, il finit par lâcher:

- Allez, viens, je dois te parler.

Il me prend par la main et m'entraîne avec lui dans les couloirs. Je tente d'ignorer le petit frisson qui m'a parcouru lorsque sa main a touché la mienne. Nous marchons une bonne minute jusqu'à ce que nous nous arrêtions devant une vieille porte de bois. Elle est identifiée "VESTIAIRE". Cruche comme je suis, je dis:

- C'est donc ça, le vestiaire des gars?

- Pas tout à fait, me répond-il en riant. Allez, viens.

- Tu veux qu'on aille là-dedans? m'exclamé-je. Mais...

- Le vestiaire est inutilisé depuis voilà vingt bonnes années, y'a pas à s'inquiéter, crois-moi.

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