Chapitre 15: Dispute

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- Alex! Alex, attends!

Les cheveux dégoulinant, mon t-shirt noir et mes jeans noirs me collant à la peau, je sors de la piscine remplie de mousse pour rejoindre Alex. Il part, dos à moi. Il semble à la fois en colère et abattu.

- Alex, veux-tu bien me dire ce qu'il y a?

Je lui agrippe l'épaule pour le forcer à se retourner. Nous sommes dans le petit coin de parc près de la piscine. Plusieurs plantes, tapissées de ces mystérieux champignons fluorescents, nous éclairent dans la nuit éternelle d'Alteran. Je crois que la ville a un système particulier d'éclairage, car le soir venu, il fait beaucoup plus sombre que le jour.

Mais, malgré la pénombre, je perçois le visage d'Alex. Celui-ci est crispé de haine, de tristesse, et de je-ne-sais-quoi encore. Le pauvre se gratte la nuque, prend une grande inspiration et dit, en haussant les épaules:

- Pour être franc, Jenn, je n'ai pas réellement l'impression que tu as besoin de moi en ce moment. Tu sembles déjà bien t'amuser avec ton petit ami. Alors je pars.

- Fabien n'est pas mon petit ami! me défends-je. Nous ne sommes qu'amis, Alex, crois-moi.

Un lourd silence s'installe. Alex a une mine basse: je n'agirai pas comme si je ne l'avais pas remarqué. Je soupire et lui dis, d'une voix douce:

- Écoute, Alex: ne me demande pas comment, ni pourquoi, mais même si on s'est rencontré il y a seulement cinq jours de cela, je te connais très bien. Par conséquent, je sais que ça ne va pas. Qu'il y a-t-il?

- Tu viens de le dire toi-même, murmure-t-il en fixant ses pieds.

- Dire quoi?

- Tu ne trouve pas ça étrange, toi, qu'on se comprenne aussi bien?

- Oui, un peu, avoué-je.

- Tu n'as pas, toi, cette impression de m'avoir déjà vu? De me connaître depuis déjà longtemps?

- Évidemment, oui, sauf que...

Je veux le stopper avant que tout ça n'aille trop loin. Cependant, il continue.

- Jenn, moi aussi, j'ai ces impressions. J'ai le sentiment de te connaître depuis toujours...

Je ne vois pas vraiment où il veut en venir. Néanmoins, il soupire et me dit, d'un ton indescriptible :

- Tu sais, depuis le moment que j'ai posé les yeux sur toi, j'ai su que tu étais... spéciale.

Un sourie triste apparaît sur ses lèvres.

- Ce jour-là, à l'école, j'avais toujours les yeux rivés sur toi, poursuit-il. Tu me fascinais. J'admets même que, la nuit suivant la visite du tagnum chez toi, je n'ai pas fermé l'oeil. Je ne voulais tout simplement pas admettre que cette fille toute particulière était mon opposé. J'ai renoncé à ma souffrance et ma colère pour t'aider au cour de tes derniers jours à la surface de la terre.

- Et tu as su me rassurer, crois-moi, Alex, soupiré-je. Seulement, je...

Il ignore le début de ma deuxième phrase et continue son monologue:

- Eh bien, j'en suis heureux. Que tu me le dises compense largement la colère du Conseil suite à mes jours passés après toi. Le Conseil hait que je me tienne avec toi. Il me déteste tout court. En fait, tous les Alterans détestent les Étamiens: j'avoue que c'est réciproque. Les deux peuples, étant des opposés, s'évitent comme de la peste.

- Mais, Alex... Pas tout les Alterans détestent les Étamiens. Moi, je t'aime bien.

Je regrette immédiatement mes paroles. Je me mordille l'intérieur de la bouche, mal à l'aise. Après la soirée que je viens de passer en compagnie de Fabien, je me sens manipulatrice et égoïste, d'aller ensuite dire cela à Alex.

UndergroundWhere stories live. Discover now