Chapitre 3: Souvenirs

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Il pleut, ce matin. Non, pleuvoir, ce n'est pas le bon terme: c'est le déluge. On dirait que toute l'eau sur Terre s'était évaporée pour nous retomber sur la tête aujourd'hui. Je regarde ce paysage déprimant de ma porte d'entrée. Et dire que je dois sortir dehors attendre le bus...! Je me retourne et marche vers le placard. Mon parapluie a mystérieusement disparu. Peut-être est-il caché là?

C'est le cas! Toute soulagée, je le prends et sors de ma maison. Je déploie le parapluie. Ou du moins j'essaie: il semble coincé. Pendant que je me bats rageusement avec la bête indomptable, la pluie trempe mes cheveux bruns et dégouline dans mes yeux. Je suis toute mouillée, et ce n'est pas une sensation agréable.

Mon parapluie a décidé qu'il ne s'ouvrait pas, aujourd'hui. Alors je suis obligée d'attendre le bus sans protection. Génial. Frustrée, j'ouvre à la volée la porte de ma maison et lance lance l'objet défectueux à l'autre bout de la pièce. J'entends un bruit d'objet qui se casse, mais je m'en fiche. C'est de la faute du parapluie, pas de la mienne.

Mon manteau n'a pas de capuchon. Après seulement deux minutes au coin de la rue, mes cheveux sont déjà aussi trempés que si je sortais de la douche. Le contacte des gouttes de pluie sur la plaie dans mon cou me fait très mal, mais j'ignore cette douleur.

La blessure est encore plus large qu'hier. Elle est devenue noire et écaillée. Je commence à me demander si la peau de mon cou va se transformer en peau de crocodile noire, car c'est un peu à ça que ma blessure ressemble. Je vois déjà Kat me faire des remarques à ce propos, à l'école... Je n'ai pas tellement hâte de la voir, à vrai dire. Je ne veux pas vivre le même enfer qu'hier.

Alors que je suis perdue dans mes pensées, quelqu'un me dit:

- Pousse-toi de là, sinon je vais devoir mettre le pied dans une flaque d'eau.

Je fronce les sourcils et me retourne. C'est Alex, qui me regarde du même air arrogant qu'hier matin.

- Pas la peine de t'énerver, soupiré-je.

- Tu peux bouger de là?

Sceptique, je me dégage un peu du trottoir pour lui laisser une place sèche à mes côtés. Sans me remercier, il vient se poster à l'endroit que j'ai dégagé pour lui.

Pour alléger un peu l'atmosphère, je lance:

- Alors, des nouvelles de Kat? Est-ce que tu l'as vu, hier?

- Qu'est-ce que j'en ai à faire, de Kat? réplique-t-il durement.

Je fige. Je décide de ne pas essayer d'engager la conversation davantage. Pourquoi Alex se comporte-t-il de la sorte, à présent? Est-il comme ça tous les matins? Je commence à douter que ce ne soit que par pur hasard qu'il soit si froid et distant en matinée.

Il n'a pas de parapluie, lui non plus, mais il a un capuchon. Pfff. Le chanceux. Moi, je me sens comme une bouteille d'eau mouillée de condensation.

Le bus arrive, on embarque, et on va jusqu'à l'école, comme d'habitude. Je devrais me sentir normale, je devrais sentir que ce n'est que la routine, mais je me sens bizarre. Mon cou brûle. Je suis un peu étourdie. Je tente de le dissimuler, mais cela doit paraître dans mon visage fatigué que je ne suis pas dans ma journée.

J'entre dans l'école. Étrangement, Kat n'est pas là pour m'accueillir. Je ne sais plus vraiment si je dois m'en réjouir ou m'en inquiéter. Peu importe, non? Je cours à la salle des cases pour retirer mon manteau. Même mon t-shirt est trempé. Je passe ma main dans mes cheveux humides, maudissant la pluie et le mois de novembre. Alors que je range mes choses dans ma case, je remarque qu'Alex n'est pas là. Je fronce les sourcils. De mémoire, il n'était même pas à mes côtés lorsqu'on est entrés dans l'école. Je claque ma case, qui fait un bruit métallique, et je me décide à ne pas rester dans l'ignorance. Je dois trouver Alex et lui demander des explications sur tout.

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