Chapitre 43: Un soupir au milieu des pleurs

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Je suis immobile sur le banc de parc. Je relis encore et encore les derniers mots.

N'oublie jamais.

Je laisse une larme couler silencieusement le long de ma joue. Une larme de tristesse et de deuil, oui, mais aussi de soulagement et d'émoi.

Je pleure un bon coup. J'ai l'impression que toutes mes émotions se déversent de mes yeux, que mon coeur se vide peu à peu de tout le poids qui l'envahissait. C'est difficile à expliquer; mais ça fait du bien.

Je reste ensuite près d'une heure seule dans la cour de Kat. Je marche entre les arbres et les fleurs, en méditant sur tout ce que je viens d'apprendre sur Daniel, Annahelle, sur mon passé et mon avenir. J'ai enfin l'impression de respirer à nouveau.

J'entends soudainement des pas dans mon dos. Je me retourne calmement et découvre Alex. Je lui adresse un grand sourire, un sourire sincère, plein de signification, avec des yeux toujours humides mais scintillants de bonheur. Il me sourit en retour. Je m'arrête et lui donne l'occasion de me rejoindre. Puis, nous commençons à marcher côte à côte.

- Ça va? s'enquiert-il.

- Ça va, réponds-je simplement.

M'entendre parler le fait sourire encore plus.

- Quoi de neuf, dans ce cas? me demande-t-il.

- Anna... Elle nous a sauvé la vie, Alex, dis-je doucement en baissant la tête. Elle tenait vraiment à nous. Elle a tout sacrifié pour nous aider.

Alex remarque alors la lettre que je tiens précieusement entre mes mains et me lance un regard teinté de tristesse. Je plante mes yeux dans les siens et continue.

- Et Daniel, il... Il savait depuis le début qu'il allait laisser sa vie en nous sauvant des Tracs. Il savait, Alex. Mais ça ne l'a pas fait reculer. (Un moment de silence passe.) Il n'était définitivement pas le genre de type pour qui je l'avais pris la première fois que je l'ai rencontré.

- Pour ça, non, rigole doucement Alex. Tu te rappelles de ce qu'on a fait par la suite, ce jour-là?

Je lui jette un regard taquin.

- Ouais, je me rappelle que tu m'as forcée à aller voir ce film d'horreur hyper flippant, dis-je moqueusement.

- Je t'ai payé le pop-corn! se défend-il en levant les mains en l'air.

J'éclate de rire.

- C'est vrai que c'était un plus, admets-je.

- Et ensuite, nous sommes allés à la bibliothèque, poursuit Alex. Tu les as trouvé comment, les livres que tu as empruntés?

- Je ne les ai pas lu, soupiré-je. Je n'en ai pas eu le temps, ni l'occasion.

- Je dois admettre qu'il s'est passé bien des choses, ces deux dernières semaines.

- Deux semaines...! m'estomaqué-je. Ç'a m'a semblé comme des mois...

Nous marchons ensuite en silence. Je prends une grande inspiration et ferme les yeux. L'air frais me souffle doucement sur le visage. Une bruyante envolée de bernaches passe dans le ciel grisâtre au-dessus de nos têtes. Je laisse mes pensés vagabonder à nouveau sur la lettre. Après quelques minutes, j'ouvre les yeux et dis:

- Nous devons partir le plus tôt possible.

- Je sais, répond Alex. Mais où?

- Je suis consciente que ça ne va pas te plaire, mais... il faut aller à Étamiert. Nous devons atteindre la cité avant le mois de février. Sinon, il sera trop tard.

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