Chapitre 40: Une question de vie ou de mort

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Je demeure figée sur place. Mon corps entier est paralysé par une terreur insoutenable, une peur telle que je n'en avais jamais ressenti avant. Ce ne sont ni les policiers, ni la fenêtre qui vient d'éclater en m'envoyant des fragments de vitre dans la figure qui me met dans cet état.

C'est le soleil.

En explosant, la fenêtre s'est dégagée de ses rideaux et a donc exposé l'intérieur du petit appartement de mon oncle à la lumière extérieure. Le ciel commence légèrement à se dégager et le jour, à se lever.

Quelques fins rayons de soleil dorés apparaissent entre les maisons à l'horizon et viennent complètement inonder l'appartement. Je place une main devant mes yeux et sens mes genoux fléchir un peu. Ma peau est parcourue d'un désagréable picotement, comme si des milliers de petites aiguilles me piquaient les unes après les autres. J'échappe un gémissement de douleur.

Une atmosphère complètement irréelle règne autour de moi. J'ai les idées embrouillées et un mal de crâne terrible. Je me doutais bien que le soleil m'affecterait maintenant que je suis Alteranne, mais je ne m'attendais pas à ce que se soit si... bizarre.

- Faut se bouger! nous hurle Daniel et se précipitant dans sa chambre.

Je dois faire un effort surhumain pour soulever mes jambes et emboîter le pas de mon oncle. Je lâche un petit cri: la sensation de picotement commence à amplifier et à me faire réellement souffrir. J'ai l'impression que ma tête est trop lourde pour mon corps et que ma peau est en train de se consumer sur mes os. Mes jambes menacent à chaque instant de lâcher. J'ai de la difficulté à ne pas perdre pied dans les tas d'ordures traînant sur le sol, mes yeux nocturnes étant éblouis par la luminosité beaucoup trop forte qui règne dans la pièce.

- Jennifer, viens ici! Vite!

La voix de mon oncle semble venir de très loin. Je suis incapable de me concentrer sur quelque chose de précis, un peu comme dans un rêve. Je sens alors la poigne solide de mon oncle m'agripper le bras et me tirer dans sa chambre.

Cette pièce, aussi petite que dégoûtante, est cachée au bout d'un minuscule couloir. Aussitôt que j'y entre, un énorme poids se retire de mon corps et mes idées s'éclaircissent. Ici, le soleil ne me plombe pas directement dessus. Je note mentalement de toujours tenter de demeurer à l'ombre, à l'avenir. Ce sera difficile, mais il le faudra. Le soleil m'affecte trop.

- Va falloir vous habituer au soleil, grogne Daniel à l'adresse de mes amis et moi. Les prochaines heures risquent de ne pas être très agréables.

En jetant quelques coups d'oeil à mes amis, je remarque que je ne suis pas la seule à être dérangée par le soleil... Amé se masse les tempes en marmonnant quelques jurons, Jacob et Fabien halètent exactement s'ils venaient de courir un marathon et Tess tremble comme une feuille. Comment allons-nous sortir d'ici sans se faire prendre par les Traqueurs si nous ne supportons plus les rayons de soleil directs?

- Quel est le plan? demande alors Alex.

Daniel se contente de tirer un grand rideau au fond de la pièce. Derrière se trouve une porte coulissante en vitre qui mène à un très, très petit balcon. Nous sommes au deuxième étage. Je remarque que, d'ici, on voit l'arrière du bâtiment. À l'ombre. Et sans policiers. Je suis momentanément soulagée.

- Descendons d'ici, ordonne mon oncle. Je ne sais pas si les Tracs ont prévu le coup, alors dépêchons!

Fabien est le premier à sortir sur le balcon, dehors. Il se rend jusqu'au bord de la rambarde et regarde la rue, qui se trouve à plusieurs mètres en contrebas.

- Comment est-ce qu'on est censés se rendre en-bas? lance Fabien à mon oncle.

- Les briques sont très irrégulières, sur ce bâtiment, répond-il, totalement sérieux. Alors, nous descendrons le long du mur. Comme sur les mur d'escalade lorsqu'on était gosses.

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