Chapitre 11 : Bipolaire

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Mes amours,

Que vous dire après la tonne d'amour reçue hier lors l'annonce de mon retour. Je n'ai pas pu répondre à tout le monde, mais je tenais à vous remercier une nouvelle fois. Vous êtes une des raisons qui me pousse à continuer et sans vous cette folle aventure n'aurait certainement pas pris le même tournant.

Vous l'attendiez depuis longtemps, alors je vous laisse avec la suite... Je vous embrasse fort.


Maddie

Encore une fois, je ne comprenais rien à ce qu'il se passait. La tournure des évènements m'échappait et je commençais que trop bien à connaître ce sentiment d'impuissance face à la situation. Moi qui m'étais jurée de ne pas replonger, je me retrouvais dans cette voiture miteuse, en route vers je sais où, avec cette homme dont j'ignorais presque tout. Il m'avait tout juste laissé le temps de récupérer les quelques affaires que j'avais dans l'Airbnb. Il m'avait attendu, adossé à la carrosserie, jetant des regards nerveux à droite et gauche.

Putain mais qu'est ce qui l'inquiétait autant ?

Ca faisait maintenant plus d'une heure qu'on roulait et je pense il n'avait cessé de triturer ses doigts, se rongeant les ongles les yeux injectés de sang. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Une partie de moi mourait de lui poser la question une nouvelle fois, après tout j'avais le droit de savoir ce qu'il se passait. Mais l'autre me conseillait de me taire. Parce que là, il me faisait vraiment peur.

Je sentais que quelque chose avait changé. Son attitude n'était plus la même. Je sentais que quelque chose lui échappait. Comme si il avait perdu le contrôle. Il avait l'air si vulnérable. Lui qui d'habitude dégageait autorité et puissance, semblait faible et désarmé.

Dans quoi tu t'embarques encore une fois ?

Je regardais le paysage défiler à travers la fenêtre, l'autoroute à 6 voies était déserte, et seul l'écho de sa respiration saccadée résonnait l'habitacle, trahissant sa nervosité. Il ne m'avait pas adressé un mot, lui qui avait mit tant de temps à s'ouvrir semblait s'être refermé. Et dans sa carapace hermétique, il avait prit une partie de mon âme. Quelque chose s'était brisé. J'ai instinctivement placée une main sur mon ventre, par reflexe de protection certainement.

Mon bébé, dans quoi je t'embarques toi aussi ?

Il l'a remarqué et je l'ai vu se mordre l'index. Il a ouvert la bouche comme s'il allait parler, mais aucun son n'est sorti de sa bouche. Alors fatiguée d'attendre, j'ai balancée ma tête en arrière et j'ai fermés les yeux, à la recherche du sommeil qui me manquait depuis quelques jours. Ma vie avait tournait au fiasco, mon monde s'était écroulé et pourtant je l'affrontais avec une certaine sérénité, comme si j'étais spectatrice de ma propre vie, comme si tout ceci n'était qu'un mauvais rêve. Et alors qu'on continuait à rouler, j'ai rêvé. J'ai vu du sang, beaucoup trop de sang, j'ai entendu ma voix qui criait, j'ai sentis les larmes rouler sur mes joues, mes mains caresser une pierre tombale. La sienne. Comme si tout ceci était inévitable. Son monde, la guerre, les gangs, la mafia, il n'y a peut être pas d'autre issue possible. Souffrir semble inévitable. On a beau se rendre à l'évidence, il n'y aura jamais de paix, jamais de repos. Il y aura toujours les armes, toujours le sang. Le bruit des balles, le son des pleurs. Est ce que c'est vraiment comme ça que tu imagines ta vie ? Est ce que tu te sens prête à t'embarquer là dedans ? Mais en ai-je seulement le choix ?

Je vous l'ai dit, je suis spectatrice de ma propre vie. J'aurai beau m'enfuir loin de lui, il finirait toujours par me retrouver. Et je finirai toujours par retourner vers lui. Sans parler de son sang qui coule dans mes veines. Mon coeur s'est serré et j'ai fini par ouvrir les yeux. Est ce que je m'étais endormie longtemps ?

Les rois de la villeWhere stories live. Discover now