Chapitre 16 : La gueule du loup

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Leandro


Mes yeux s'ouvrirent et se perdirent dans l'immense coton blanc dans lequel l'avion venait de pénétrer. Nous venions d'entamer la descente vers New York. Le trajet jusqu'à Los Angeles m'avait paru interminable. Mon cerveau me torturait, je pensais à tellement de choses que plus d'une fois j'avais manqué de faire une sortie de route. La fatigue n'avait pas aidé non plus. Je n'arrivais plus à me souvenir de la dernière fois que j'avais dormi. C'était l'adrénaline qui me tenait depuis des jours.

J'avais décidé d'abandonner le véhicule miteux qui avait cependant bien rempli sa mission, dans les rues d'un quartier mal famé proche de l'aéroport de LAX. J'avais marché en faisant du stop et une vieille dame avait fini par s'arrêter et me déposer devant le terminal. En descendant j'avais pas pu m'empêcher de lui dire "Madame, merci. Mais s'il vous plait ne prenez plus des inconnus dans votre voiture. Vous savez pas sur qui vous pouvez tomber."  Elle s'était contentée de sourire et m'avait fait signe de sortir en marmonnant que j'allais rater mon avion.

C'est ça le problème avec les civils, ils sont tellement naïfs et innocents. Ils sont perdus dans leur monde de bisounours, ils voient pas que le danger est juste à côté d'eux. Et il suffit d'un rien pour se retrouver mêler à des histoires qui les dépassent.

J'avais pris place dans l'appareil et la fatigue à rapidement eue raison de moi. Je n'ai pas vu passer les 5h30 qui ralliaient Los Angeles à New York. Je devais profiter au maximum de ses quelques instants de répits, parce que mon intuition me disait que la suite ne serait pas de tout repos. 

Ma stratégie était simple. Je devais retourner au quartier général comme si de rien n'était. Personne ne devait se douter que j'avais des soupçons. Personne ne devait savoir où j'étais. Les personnes de confiance se faisaient rares, alors je devais m'assurer que ma garde rapprochée ne me trahirait pas.

Les roues se posèrent enfin sur le tarmac et j'en profitais pour réajuster ma capuche sur ma tête. Je ne pu m'empêcher de penser à elle. Est ce que tout allait bien ? Est ce qu'elle m'en voulait de l'avoir laissée sans lui dire vraiment au revoir ? De toute façon, à partir de maintenant je ne contrôlait plus rien. Je devais me rendre à l'évidence : il allait falloir que je mette mon cerveau sur off pour me concentrer sur ce qui était le plus urgent.

Pense à mettre ton coeur sur off aussi, me murmura une voix dans ma tête.

Personne ne m'attendait dans le hall de JFK, et tant mieux. De toute manière je n'avais rien dit à aucun de mes gars. Même Marco qui savait que j'allais rentrer, ne connaissait pas de date précise. Alors comme un voyageur lambda, je suis sorti par l'entrée principale de l'aéroport et je me suis mis dans la file d'attente des taxis. J'ai attendu mon tour en essayant de dissimuler mon impatience. Je pris place dans le véhicule jaune qui s'était arrêté à ma hauteur et je lui indiquais l'adresse de la pizzeria de Nico. Il a voulu me parler mais je lui répondit en italien en prétextant que j'étais étranger. Flemme de faire la conversation avec ce type. Il haussa simplement les épaules et se reconcentra sur la route.

Novembre s'était bien installé. Les feuilles mortes jonchaient le sol et une brise les soulevaient ça et là dans un tourbillon automnal. Je détaillais ces rues que je connaissaient par coeur. Je me sentais tellement bien ici. C'était chez moi. New York était ma ville et si jusqu'alors j'en étais le prince, aujourd'hui je voulais être son roi. Rien ni personne n'allait m'en empêcher. Le feu s'était mis à brûler mes entrailles. Un frisson de haine parcouru ma peau. On voulait me faire tomber, on voulait me priver de mon héritage. Et ça, ça passait pas du tout.

- Arrêtez vous là, demandais je sèchement au taxi alors que nous arrivions dans la rue perpendiculaire au restaurant.

L'énervement avait pris le dessus. Et je ne pris pas la peine de lui répondre quand je l'entendis marmonner dans la barbe que finalement je parlais anglais. Je me contentais de jeter un billet sur le tableau de bord et de claquer la portière. Je connaissais que trop bien le sentiment qui grandissait dans mon estomac. Celui de la haine et de la rage. Je ne sentais même pas le froid qui saisissait ma peau et qui s'engouffrait dans mes vêtements.
J'ai remonté la rue et tournant à gauche et j'ai aperçu de loin la façade rouge qui m'était familière. Sans m'en rendre compte, j'avais pressé le pas, mon sac en toile se balançant sur mon épaule. Je n'attendis pas que le bonhomme passe au vert pour traverser et en quelques pas je me retrouvais face à l'entrée gardée par un colosse de deux mètres.
Alors que je passais devant lui, ce dernier m'attrapa violemment le poignet et m'immobilisa.

Les rois de la villeDove le storie prendono vita. Scoprilo ora