Chapitre 54 : Le boss final

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Leandro 

Mes pieds me brulaient d'avoir trop marché dans le désert. Mais ce n'était rien comparé à ce qu'elle devait ressentir elle
Quelque part, c'était pas plus mal qu'il fasse nuit noire. J'aurai pas supporté de voir sa souffrance et les diverses marques qu'elle portait. 

J'aurai pensé Stefano plus malin que ça.
Une fosse avec des couleuvres. Comme si ça allait m'impressionner. 

S'il s'était intéressé un tant soit peu à son adversaire, moi, il aurait su que mon cousin Adrian affectionnait particulièrement ces bestioles et qu'il en possédait une poignée qu'il gardait dans un aquarium dans la chambre voisine de la mienne. 
Mais bon je suppose qu'on peut pas tout avoir, l'intelligence et le pouvoir. Enfin, en ce qui me concernait, j'aurai tout. L'intelligence, le pouvoir, et ma famille. 

Je savais qu'on devait pas traîner, mais je voulais m'assurer qu'elle aille bien d'abord. Qu'au moins son corps pouvait être capable d'un dernier effort. Ses mains tremblaient dans les miennes et ses yeux étaient rougis par les larmes. La mâchoire serrée, je l'observais de haut en bas, impuissant. Mes bras n'auraient pas suffit à lui ôter sa peine ni sa douleur. Il n'y avait rien que je sois en capacité de faire, à cet instant précis qui aurait pu arranger les choses. J'aurai pu lui dire que je l'aimais comme un fou, que ma vie ne valait rien sans la sienne, que si c'était des enfants qu'elle voulait, j'aurai été prêt à lui en donner des centaines. Mais c'était pas ce qu'elle voulait entendre. 
Elle voulait qu'on lui dise que son bébé allait bien. 
Que notre bébé était vivant

Elle s'est mise debout, et ses bras se sont enroulés autour de mon cou, se plaquant contre mon corps transpirant. Sa chaleur m'avait tant manqué, mais je voulais pas la salir, pas plus qu'elle ne l'était déjà. Je me promis de tout nettoyer moi-même plus tard, pour la laver de ses tourments.

A nos pieds, les quelques couleuvres qui restaient, continuaient de s'agiter dans la fosse. Je reconnu le sifflement caractéristique des serpents à sonnette et lorsque je me retournai pour évaluer notre distance avec le danger, une voiture, ou plutôt un van, fonçait vers nous. 

Instinctivement je la fis bouger dans mon dos, lui intimant de rester immobile. 
Le véhicule s'arrêta dans un nuage de poussière et deux hommes cagoulés et armés sortirent des portières avants. La porte arrière s'ouvrit à son tour et on entendit des cris étouffés. Il ne fallut pas une minute de plus pour voir Margaret Bess, une femme mexicaine et un vieil homme blanc, s'avancer vers nous sous la menace d'une kalachnikov. L'homme qui les tenaient en jouc marchait aux côtés d'un Stefano qui affichait un sourire narquois. 

Maddie tressaillit derrière moi quand ils furent forcés de se mettre à genoux, non loin d'une couleuvre qui se faisait attaquer par un crotale. 
Le cri d'un coyote perça l'air, collant parfaitement avec la scène macabre que j'avais sous les yeux.
Stefano fit lentement le tour de ses otages, faisant mine de réajuster ses bagues. 

- J'aime pas vraiment qu'on me raccroche au nez Leandro. Certains sont morts pour moins que ça, dit-il

- Ca fait quinze fois que tu me dis ça, mais regarde, je suis toujours là, soupirais-je. 

Je savais que je prenais de gros risques en continuant à lui manquer de respect alors que j'étais désarmé. Mais il me taper sur les nerfs et je pouvais le laisser me pisser dessus comme il le faisait.
Contre toute attente il dégaina un revolver qu'il gardait dans sa poche intérieure et il tira dans la tête du vieil homme. Ce dernier s'effondra au sol alors que Maddie cria d'effroi en m'agrippant le bras. Le sang forma une flaque sombre et luisante autour de son corps sans vie et bientôt, la mexicaine qui se trouvait à côté, eut les genoux baignant dans le liquide. Elle et Margaret s'étaient collées l'une à l'autre et sanglotaient en silence, les bruits étouffés derrière les morceaux de scotch. 
Mon poing se ferma tout seul. Encore un innocent qui avait payé de sa vie mes conneries. Elle m'en voudrait certainement à vie pour ça, mais c'était trop tard. Le mal était fait. 

- Continue à me manquer de respect et la prochaine sera cette chère Margaret Bess. Ce qui m'embêterait fortement. Moi qui avait d'autres plans la concernant. 

Il accompagna ses paroles infâmes d'un geste théâtral, le regard tourné vers le ciel. Il claqua ensuite des doigts et l'un des hommes cagoulés qui se tenait jusque là en retrait, poussa le corps inerte avec son pieds jusqu'à ce qu'il roule dans la fosse, atterrissant sur le dos, ses yeux ouverts perdus dans le vide. 

- Ne regarde pas en bas Amore, chuchotais-je à Maddie alors que ses ongles s'enfonçaient dans ma peau. 

Je savais même pas comment elle faisait pour avoir encore des larmes à pleurer. Et je me promis de ne plus jamais entendre ce son sortir de sa bouche. Celui de la peine et de la douleur.

- Tu crois prouver ta valeur d'homme en tuant un pauvre vieillard qui ne peut pas se défendre. Crois moi, je n'ai pas fini de te manquer de respect. 

Je devrai pas dire ça, mais le feu dans mes entrailles parlait à ma place. Il m'offrit un sourire carnassier, comme s'il était ravi de la tournure que prenaient les évènements. Mais avant qu'il ne lève son arme, je continuais :

- C'est moi que tu veux, pas elles. Je suis venu là, comme un homme, désarmé comme tu me l'as demandé. Si c'est un combat à mort que tu veux, en vrai gladiateur je serai plus que ravi de te l'offrir. 

Il marqua une pause, comme s'il réfléchissait à ma proposition, mais il finit par secouer la tête en ricanant. 

- Tu crois que je me suis donné tout ce mal pour me battre contre toi ? Non, je veux te voir perdre tout ce que tu as, tout ce que tu aimes. Et tu sais ce que ça veut dire, Maddie chérie doit mourir. 

Les serpents se rapprochèrent de la mère de Maddie et de la mexicaine, l'un d'eux s'enroulant autour de la cheville de Margaret. Elle sursauta en écarquillant les yeux de terreur. J'aurai voulu lui dire qu'elle ne craignait rien, mais toute mon attention était dirigée vers cet enfoiré de Stefano qui avait échangé son revolver contre la kalachnikov de l'un des hommes. 
Et lorsqu'il l'a leva vers nous je compris qu'il était trop tard. 
Que j'aurai beau tenter de négocier, d'apaiser les tensions, de faire quoi que ce soit, j'avais face à moi un homme déterminé. Un monstre prêt à venger sa famille. 

Il a fait quelques pas vers nous, s'approchant du fossé qui nous séparait et j'aperçu maman Bess se tortiller comme si ça allait empêcher l'inévitable d'arriver. Le canon d'une arme se posa sur sa tête et elle cessa tout mouvement, paralysée par la peur. 
Il ne restait plus qu'elle et moi maintenant. 

Je savais que je ne pourrai rien contre les balles. Mais mourir de cette manière valait bien toutes les morts. 

Alors je me suis tourné face à elle et j'ai pris son visage ruisselant entre mes doigts. J'ai planté mon turquoise une dernière fois dans son jaune et mes pouces ont caressé doucement ses joues. 

- Eh, eh, Amore, ne pleures plus. 

J'essayais de trouver les bons mots pendant que ses pas lents se rapprochaient de nous. Comme si il avait besoin d'être si proche pour bien viser. 

Du sang coulait le long de mes bras, ses ongles creusant ma peau tatouée. Elle avait l'air affolée et je me détestai d'avoir échoué. 

- J'aurai voulu te protéger et t'offrir la vie que tu mérites. Pardonnes moi de n'avoir pas réussi. 

Je scrutais son visage, voulant en imprimer chaque parcelle pour les emmener avec moi en enfer. 

- Je te promets qu'on l'aura notre famille. Dans toutes les vies qu'il me sera donné de vivre, je te retrouverai et je t'aimerai. 

Elle sanglota et avant qu'elle ne puisse répondre, mes lèvres se plaquèrent sur les siennes. Elles avaient le goût du sel et de la tristesse et je les dévorai avidement pour tout absorber. Pour lui reprendre ce que j'avais causé. Ma langue se fraya un chemin à travers sa bouche et elle l'explora une dernière fois avec passion. Elle n'avait plus de force mais elle me rendit mon baiser, chargeant le sien de sens. Je m'écartais de son petit corps et mon front atterrit contre le sien. Liant mes doigts aux siens, le lui adressai un dernier ordre : 

- Fermes les yeux, Amore

Une détonation fendit alors l'air. 


Les rois de la villeWhere stories live. Discover now