Chapitre 2 : Suis moi

4.9K 197 49
                                    


Leandro 


J'ai frappé de toutes mes forces dans le volant de la voiture. 

- Fais chier ! 

J'étais resté là, garé devant chez elle. Elle n'était pas prête, et je respectais sa décision. Mais je ne pouvais pas m'éloigner d'elle. Maintenant que je l'avais retrouvée, je ferai tout pour qu'elle aille bien. Même si son rejet m'avait arraché le coeur. Même si la façon dont elle m'avait regardée, la peur dans les yeux, le dégoût dans ses mots, m'avait anéanti. 

Elle pensait qu'elle allait arriver à me perdre à travers la foule dans ce putain d'hôtel ? Mais je crois qu'elle avait oublié à qui elle avait à faire. Suivre son taxi jusqu'à Venice beach ne m'avait posé aucun problème. J'étais même pas étonné de son choix, proche de la mer, un endroit chill et décontracté. J'aurai du m'en douter et commencer mes recherches directement par ici... j'aurai perdu moins de temps... me dis-je. 

Sans réfléchir je l'avais suivie, ça aussi c'était un jeu d'enfant pour moi. Et putain j'avais envie de lui crier d'être plus prudente ! Son inconscience me rendait fou. Je la regardais avancer tranquillement dans le couloir, juchée sur ces talons hauts, dans cette robe si courte dévoilant ces jambes interminables... qu'est ce qu'elle était belle. C'était irréel. 

Mais ce qui me troublait le plus c'était ce qu'elle avait voulu me dissimuler. 

Parce que quand j'avais posé mes yeux dessus à l'hôtel, j'avais senti la boule se former dans ma gorge. L'humidité gagner mes yeux. Mon coeur faire un bond dans ma poitrine. 
Cette vision, je voulais la chérir et la garder en mémoire pour le restant de mes jours. Parce que c'était la plus belle chose que j'avais jamais vu de ma vie. 

La plus belle femme du monde, portant le plus beau cadeau qu'un homme puisse espérer. 

Et puis tellement d'émotions s'étaient bousculées dans ma tête. Après la surprise, la joie et le bonheur, vinrent le doute, la culpabilité et la tristesse. 

Seule. Je l'avais abandonnée seule alors qu'elle portait la vie. Ma vie. J'avais préféré ne pas contrarier ma tante Ada sans me douter une seule seconde que le fruit de mon sang grandissait en elle. Seule. Elle avait du affronter ça seule. Et pour ça je ne me le pardonnerai jamais. Parce que je savais que maintenant elle ne voudrait plus de moi dans sa vie. 

Et j'avais raison. 

Quand j'étais rentré dans ce petit appartement, j'avais été incapable de parler. Je ne pouvais pas détacher mes yeux d'elle. Et pourtant il y avait tant de choses que je voulais lui dire. Qu'elle était magnifique, que j'étais désolé, que j'étais là maintenant, que tout allait s'arranger, que plus jamais je ne la quitterais, qu'on allait traverser ça ensemble. Qu'on allait être une famille

Mais rien de tout ça n'a réussi à sortir. 

Parce que dans ses yeux je ne voyais que le dégoût et la haine. Pire même, la peur. Elle avait peur de moi. Je l'effrayais. Alors j'ai arrêté d'avancer. J'ai repris mes esprits et j'ai prononcé quelques mots, ceux que je maîtrisais. Ceux qui ne briseraient pas ma carapace. Mais je n'ai eu que ces pleurs. Et son dos. Elle me tournait le dos. Elle était fatiguée de tout ça, elle n'en pouvait plus. Et moi j'ai suivi mon instinct, j'ai voulu la rassurer, la protéger, lui montrer que j'étais là. 

Lui montrer mon amour. 

Mais j'ai été trop invasif. Je l'ai brusquée. Mais comment résister ? Je voulais toucher, voir si c'était bien réél... Ce petit bout de femme, pour lequel je donnerais tout, m'avais repoussé. Pendant quelques instants je m'étais senti si bien, comme si tout rentrait en place, comme si les derniers mois n'avaient jamais existé. Mais elle était blessée, et elle m'a chassé. Et comme le lâche que j'étais, je l'ai laissée. Seule, encore une fois. 

Les rois de la villeTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon