Chapitre 57 : L'heure de la paix

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Maddie

Les larmes me montèrent aux yeux presque instantanément. 

Le bruit était faible, mais il était là. 

Leandro, qui s'était décalé vers la machine, tourna légèrement le visage dans ma direction, les yeux brillants. Il retenait son souffle, attendant les paroles du médecin. 

Ce dernier continua de bouger l'embout arrondi sur mon ventre tout en analysant les formes incompréhensibles sur son écran. 
Au moment où mon dernier brin de patience s'envola, il se décida enfin à parler, mettant fin à notre torture.

- On peut dire que vous avez eu une sacré chance. Le sang que vous avez perdu est du au décollement du placenta qui a été provoqué par votre chute. Vous allez devoir rester alitée pendant au moins encore deux mois pour éviter un  accouchement prématuré. Je suis formel là dessus, vous vous lèverez uniquement pour faire votre toilette où assouvir vos besoins physiologiques. Pour le reste, je suis sur que monsieur se fera une joie de s'occuper de vous, n'est ce pas ? 

Il adressa un regard lourd de sens à Leandro qui ne cilla pas pendant que mots s'assemblaient dans mon esprit. 

- Je vais ignorer vos sous entendus déplacés. Contentez vous de me dire comment vas notre bébé avant de m'expliquer comment m'occuper de ma femme. 

Ok, la ça faisait vraiment beaucoup à assimiler d'un coup. 

J'aimais pas qu'il fasse une scène, mais j'avais pas vraiment le choix. Vu l'était dans lequel il était, c'était déjà un miracle que le docteur ne ce soit pas encore prit de droite. 
Ce dernier leva les yeux aux ciel et reporta son attention vers moi. 

- Est ce que vous souhaitez connaître le sexe ? me demanda t-il en adoucissant ses traits. 

Est ce que je voulais savoir ? Je ne m'étais même pas posée la question. 

Leandro m'enveloppa de son regard bienveillant  et il attrapa ma main en pressant légèrement. 

- C'est toi qui décides Amore, m'encouragea t-il. 

Je fermais les yeux un instant pour tenter de rassembler mes pensées. Au final ça m'était bien égal de savoir si c'était une fille ou un garçon. Tant qu'il était en bonne santé. 

- Je-je suppose que oui, répondis-je finalement. 

Le médecin hocha la tête et tapa appuya sur quelques boutons de la machine, imprimant un bout de papier noir. 

- Alors je suis ravi de vous dire que votre petit garçon se porte à merveille. Tenez, voilà l'échographie, dit-il en me tendant le bout de papier. Je compte sur vous pour respectez à la lettre les consignes que je vous ai données, parce que si vous êtes pas passés loin de la catastrophe, il faut veiller à prendre soin de vous maintenant. Mlle Corto va venir vous amener les formulaires pour votre sortie. 

Sur ce, il se leva et posa une main rassurante sur mon épaule. 

- Vous êtes sure que vous ne voulez pas voir un psychologue ? 

- Certaine. C'est pas du tout ce que vous croyez, secouais je, encore toute retournée par ses mots. 

Il finit par sortir de la pièce, nous laissant seuls tous les deux. Je pris mon visage entre mes mains, parcourue par une multitude de sanglots incontrôlables. 
Mon bébé, mon fils. 
Il allait bien. 

Mon imagination se mit alors à divaguer vers ce petit garçon aux boucles blondes que j'avais déjà vu dans mes rêves. Est ce que c'était lui ? 

Un baiser se déposa alors sur mon front et j'aurai juré sentir de l'humidité et quand j'ouvris les yeux, ceux de Leandro paraissaient mouillés. 
Il resta là en silence à m'observer comme si j'étais la chose la plus précieuse qu'il lui ai été donné de contempler. Comme si rien d'autre ne comptait pour lui à ce moment précis. 
Et c'était le cas pour moi. Plus rien en dehors d'eux n'avait de l'importance. Je savais que j'étais à ma place. 

- Tu es forte bébé. Il n'est pas encore né que tu es déjà la meilleure maman. 

"Maman". 

Il déposa ses lèvres sur chaque centimètres carrés de mon visage, veillant à n'oublier aucune partie de peau, ponctuant ses baisers de mots d'amour. 

- Je. Vais. Vous. Aimer. Comme. Je. N'ai. Jamais. Aimé. 

Sa main se posa enfin sur mon ventre et il murmura, les lèvres dans mon cou :

- Mon fils. 

Un sentiment de joie indescriptible m'envahit alors. Tout était fini à présent. L'heure était enfin au calme et à la paix. 
D'une main tremblante j'agrippai le col de son T-shirt et l'attirai contre moi. Son souffle chaud dansa au dessus de ma bouche et il planta ses pupilles turquoises dans les miennes. 

- Je t'aime, chuchotais-je en réduisant l'espace entre nous jusqu'à ce que ne fassions plus qu'un. 

Les coins de ses lèvres se retroussèrent en un sourire et il répondit à mon baiser en attrapant mon visage entre ses larges paumes. Sa langue se fraya un chemin et s'enroula autour de la mienne. Le métal froid de son piercing électrisa chaque muscle de mon corps et il mordilla légèrement ma lèvre inférieure m'arrachant un gémissement. 
Mon corps tout entier répondait à son contact mais il finit par se détacher, bien trop tôt à mon goût. 

- Et je te montrerai comment moi je t'aime, mais tu as entendu le docteur, va falloir que tu sois un peu patiente Amore

Il frotta son nez contre le mien avec un sourire malicieux. 
Deux mois. Ca allait être long, bien sur, mais pour notre famille j'aurai attendu toute la vie s'il l'avait fallut. 
Comme s'il avait lu dans mes pensées, il ajouta : 

- Bébé, tu peux pas savoir comme l'Homme peut être créatif quand on lui impose des barrières. 

Le rouge me monta aux joues et je détournai le regard, incapable de soutenir le sien plus longtemps. 

- Une chute donc ? demanda t-il alors en changeant de sujet. 

J'acquiesçai en me remémorant mon arrivée aux urgences avec Francesco et ce que ce dernier m'avait conseillé de dire. 

- On a du improviser en arrivant. Il a laissé ma mère et Sylvia rentrer de leur côté et prétexter qu'elles s'étaient perdues lors d'une randonnée dans le désert. Quant à moi, il m'a conseillé de dire que j'avais perdu l'équilibre en faisant le ménage. 

C'était loin d'être la meilleure idée qui soit, mais dans l'urgence de la situation, compliqué de trouver mieux comme excuse. 
Il hocha la tête sans grande conviction et une infirmière entra alors dans la pièce, quelques feuilles à la main. 

- Tenez. Monsieur dois juste signer le bon de sortie et après vous pourrez y aller. 

Leandro lui arracha presque le stylo des mains et il griffonna ce qui devait être une signature sur le formulaire avant de rendre les documents à l'infirmière qui le regarda d'un air suspicieux. 
Si j'avais été à leur place, moi aussi j'aurai pu m'imaginer des tas de trucs. 
Je ne pu m'empêcher de sourire lorsqu'il m'attrapa délicatement la main pour m'aider à me relever. 
Il m'enveloppa de ses bras puissants et il nous dirigea vers la sortie sous le regard de l'infirmière. 

- On rentre à la maison bébé. 


Les rois de la villeWhere stories live. Discover now