Les rois de la ville

Chapitre 23 : Un message de l'enfer

Hello ❤️
Qui dit jour férié, dit nouveau chapitre !
Xoxo

Maddie

Plus d'un mois avait passé depuis son départ.
Au début je comptais les jours prisonnière d'une profonde tristesse, au bout du dixième je me suis surprise à guetter le moindre bruit dans l'allée. J'avais attendu toute la nuit, installée dans le canapé du petit salon.
J'avais perdu la notion du temps, je ne comptais même plus le nombre d'heures que j'avais passé à fixer la porte d'entrée. Sûrement bien plus que je ne voudrais l'admettre. Les jours avaient continué à passer et peu à peu la douleur dans mon coeur s'est atténuée. Pas parce que je l'oubliais, mais parce que petit à petit on s'habitue. Je connaissais cette sensation, je l'avais déjà vécue. Alors mon cerveau et mon coeur s'étaient remit en mode protection. C'est fou ce que le corps est capable de faire pour éviter de souffrir.
En parlant de lui, il commençait à bien changer aussi. Si avant mon ventre était facilement dissimulable, il était maintenant évident que j'étais enceinte.
Rosa était la première à l'avoir remarqué. Elle m'avait enveloppé avec ses yeux bienveillants et m'avait serrée dans ses bras. Je les voyaient régulièrement avec Pedro. C'était un peu devenu un rituel entre nous. Rien n'était jamais prévu ou formel mais je finissais toujours par aller « tomar un café » chez eux et je restais finalement des heures en leur compagnie à parler de sujets divers et variés. Je jouais à la perfection le rôle de Jessica et je crois que c'est un peu elle qui a réussit à me sortir de ma déprime et de mon angoisse.
Je voyais bien que le regard de Pedro sur moi avait changé depuis la fois où il m'avait trouvée sur la plage. La fois où il avait vue l'arme. Nous n'en avions jamais reparlé, je savais meme pas si Rosa était au courant. C'était notre petit secret à tous les deux. Mais il était plus attentif à moi, pas comme s'il se méfiait non, plus comme s'il voulait s'assurer que tout allait bien.

Leur compagnie me faisait du bien, nos rendez vous rythmaient mes journées qui étaient quant à elles, teintées d'une chape de plomb. A chaque fois que je passais le pas de la petite maison, que je retrouvais le vide et la solitude, une énorme boule se formait nouant mon estomac. Parfois j'avais la force de retenir mes larmes, parfois la peine était plus forte que tout. Je ne sais pas ce qui était le plus dur, son absence, ou ne pas savoir ce qu'il se passait réellement de son côté. Et parfois, quand l'anxiété dirigeait mes pensées et que la folie m'envahissait, j'en venais même à me demander si il ne m'avait pas abandonné une nouvelle fois. Je doutais de tout. Et j'avais de quoi...
Et si finalement il ne s'était pas senti prêt ? Et si cet enfant c'était pas ce qu'il voulait ? Il n'avait peut être pas voulu me froisser ou me faire plus de mal. Alors il m'avait abandonnée là pensant que j'allais bien finir par comprendre un jour et que je quitterai cet endroit.
Je développais une forme de paranoïa malgré moi. En même temps, il s'attendait à quoi en me laissant seule ici pendant si longtemps ?

Des fois je lui en voulait terriblement et je passais ma journée à lui écrire des lettres l'insultant de tous les noms. Et le jour suivant c'était la peur qui me tiraillait les entrailles. La peur qu'il lui soit arrivé quelque chose. La peur que son absence prolongée soit un mauvais signe...

Vers le trentième jour, au tout début du mois de décembre j'avais hésité à écrire à ma mère. Elle devait être installée à Malibu depuis quelque temps maintenant. Je ne l'avais pas tenue au courant de la tournure qu'avait prit les événements et j'avais ignorés ses messages par peur de l'affronter. Dans le dernier datant d'une 27 novembre elle avait fini par comprendre, parce que c'est ce que font les mamans. Elles comprennent sans qu'on ait besoin de parler.
« Maddie, je ne te demande pas grand chose, j'aimerai juste savoir si ça va. Une amie m'a parlée d'une application sécurisée et intraçable sur laquelle on pourrait discuter si c'est ça qui t'inquiète. »