Chapitre 13 : Dans la nuit

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Maddie


Les bruits lointains de sa voix m'ont réveillée cette nuit-là.

La soirée s'était déroulée dans le même climat glacial qu'au cours de la journée et au moment d'aller se coucher, il ne m'avait pas suivie à l'étage.
Je ne l'avais pas invité à le faire non plus.
Mais je sais pas, une partie de moi avait attendu qu'il le fasse.

Putain mais c'était quoi son problème à la fin ?

Je n'avais plus cherché à en savoir plus sur la raison exacte de notre présence ici. Il était resté vague et distant, alors j'avais décidé d'en faire de même. Je m'étais en quelque sort résignée, consciente que peu importe ce que j'allais décider, si lui ne l'était pas, il n'en ferait qu'à sa tête. Je m'étais même surprise à sortir les quelques affaires que j'avais dans ma valise, et à les ranger dans le placard en bois de la chambre.

Bizarrement, je commençais à me sentir bien dans cet endroit. Je sais pas quelque chose ici me rappelait les vacances. L'ambiance, l'odeur, tout ceci avait quelque chose d'authentique qui me faisait me sentir chez moi. Même si la maison était petite et banale, elle n'en restait pas moins lumineuse et agréable à vivre.

Sa voix finie par me sortir définitivement de mon faible sommeil. La fréquence était tellement basse que j'en déduisis qu'il était en bas. Où est ce qu'il aurait pu être d'autre de toute façon ? Je ne comprenais aucun mot de ce qu'il disait et au fond je n'étais même pas sure qu'il soit en train de parler anglais. Je jetais un coup d'œil à mon téléphone qui indiquait 4h du matin. Il n'était jamais fatigué ou quoi ? Je brûlais à l'intérieur. J'avais envie d'en savoir plus, envie de comprendre pour quelle raison stupide de mafieux à la con ma vie et celle de mon enfant allait être un vrai calvaire.

Soudain j'ai eu chaud. Je sentais les gouttes de transpiration perler sur mon front et au creux de mon dos. Je rabattis d'un coup sec le drap qui me recouvrait. La sensation de chaleur envahi tout mon corps pendant que je fermais les yeux pour essayer de me calmer. Inspire, expire. Doucement. Calmes toi Maddie. Ma main droite vint instinctivement se positionner sur mon bas ventre et décrivit lentement des mouvements circulaires. Mais les images qui affluaient dans mon cerveau étaient toujours les mêmes. Du sang, des cris, des larmes. La guerre, les gangs, les armes. Et mon bébé au milieu de tout ça. L'innocence au centre du chaos de cette vie que je n'avais pas voulue. Je voulais être forte, affronter cette peur qui me tordait l'estomac. Je sais que l'enfant ressent tout, que les émotions d'une mère se transmettent et peuvent laisser des traumatismes. Il faut que tu reprennes Maddie.

J'ai trouvé la force de me redresser et soudain la nausée fut bien plus forte que toutes les émotions que j'essayais de contenir. Une main plaquée contre mes lèvres, je courus me soulager dans les toilettes. Je restais plantée là quelques secondes le temps de reprendre mes esprits. Les bruits de voix avaient cessés en bas. Il avait du m'entendre. J'avais pas envie qu'il me voit comme ça, mais je n'avais pas le choix. Je devais descendre chercher de l'eau pour rincer le goût désagréable de ma bouche.

Les escaliers en bois ont craqués sous mes pas, trahissant ma présence. J'avais pas forcément envie de le croiser, mais je me sentais tellement mal que je ne faisais plus attention à grand chose. La pièce était plongée dans le noir mais la lune éclairait faiblement l'endroit. Du coin de l'œil je l'aperçu, assis nonchalamment sur le canapé. Je sais qu'il me regardait mais j'ai pas envie de lui donner le plaisir de mon attention. Je le sens bouger un peu pendant que je continue ma progression vers la petite cuisine ouverte. J'attrape un verre dans le meuble haut et le remplis d'eau avant de me rincer la bouche deux fois. Je sens son regard qui m'observe et je lutte pour rester indifférente. Mais il finit par briser le silence :

Les rois de la villeWhere stories live. Discover now