Chapitre 52 : Prédateurs

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Maddie

Un rictus mauvais aux lèvres, Don Stefano me contempla de haut en bas. Il rangea le téléphone duquel il venait de raccrocher, dans la poche intérieure de sa veste. Du sang coulait de ma lèvre à cause de la violence avec laquelle il m'avait frappée. Tout ça dans le but de le rendre fou.
Et même si la douleur me lançait, je devais faire comme il m'avait dit : ne pas lui offrir mes larmes.

Ils nous avaient fait monter dans deux van différents, nous menaçant avec des armes de guerre. Ma mère, Gustav et Sylvia, s'était retrouvés dans l'autre véhicule, me laissant seule avec ce malade.
Je n'avais aucunes nouvelles de Francesco, je savais pas s'il était mort, et même si je ne comprenais pas leur langue, j'étais sure de ne pas avoir entendu son nom lors de leurs conversations.

On avait roulé pendant un long moment.
Un de ses hommes qui était assis à l'arrière avec nous, avait attaché une ceinture d'explosifs autour de ma taille. J'avais voulu hurler de terreur, mais mes mots étaient restés bloqués contre le scotch qui barrait les lèvres. Il avait pris un plaisir sadique à me l'arracher violemment de la bouche avant de décrocher quand il avait appelé.
Le tic tac régulier et incessant de la bombe envahissait l'habitacle. J'étais tétanisée. Mortifiée. J'aurai voulu que tout s'arrête, que tout ça ne soit qu'un mauvais rêve. Mais le boîtier dans la main de Stefano me confirma que j'étais bien réveillée. Les deux pieds dans un cauchemar.

Mes membres tremblaient de peur et mes yeux n'arrivaient pas à quitter la traînée rouge sur ma jambe.
Il n'y en avait pas beaucoup, je m'accrochais à cet espoir. Malgré mes maux de ventre, j'essayais de ne pas laisser les pensées négatives m'envahir.
Je fermais les yeux et j'étais de retour sur cette plage a Cabo. Nous n'étions plus seuls cette fois, et Pedro avait improvisé un barbecue. Je m'imaginais l'odeur de la viande grillée, et j'entendis les rires des garçons qui se chamaillaient. Et je tenais la main de la plus adorable des créatures. Mon fils, des boucles blondes entourant son visage d'ange.
Oui, tout ça arriverait un jour.
Il le fallait.

Le gorille qui nous servait de chauffeur arrêta la voiture et Don Stefano, qui semblait avoir oublié mon existence, m'attrapa fermement le haut du bras. Il serra tellement fort que la marque de sa main resterait certainement à vie sur ma peau.

- On dirait bien que notre voyage touche à sa fin. Avance.

Il me balança vers les portes ouvertes a l'arrière du van. Je manquais de m'écraser au sol, peinant à trouver mon équilibre les mains dans le dos. Je me rattrapais de justesse, terrifiée à l'idée que ma chute puisse provoquer l'explosion de la ceinture.
Un nuage de poussière me piqua les yeux alors que je parvins tant bien que mal à sortir du véhicule.
Une immensité désertique me faisait face. Du sable, à perte de vue. Je tournais la tête, soudain prise par la panique, mais l'étendue poussiéreuse semblait ne jamais finir.
Et pire que tout, nous étions seuls.
L'autre van n'était pas là.

- Où est l'autre voiture ? Demandais-je la voix tremblante

Il balaya l'air de sa main comme si cela n'avait aucune importance.

- Ne t'en fais pas pour eux ma jolie.

Quelque chose dans son regard me fit comprendre qu'il valait mieux que je ne pose pas plus de questions.
Le soleil était en train de se coucher derrière une petite colline et une brise légère fit voler mes cheveux dans mes yeux. Le moindre mouvement que produisait mon corps me faisait craindre le pire. Je devais controller ma respiration au maximum et tout faire pour me calmer. Même si tout espoir m'abandonnait petit à petit, je pouvais pas me résoudre à abandonner. Si je devais quitter ce monde, ce serait les yeux secs.

Les rois de la villeWhere stories live. Discover now