Chapitre 29 : Tequila

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Waw... j'ai jamais autant galéré pour écrire un chapitre ! Je savais pas par où commencer, quelle direction j'allais prendre et surtout si partir sur un POV de Santo était une bonne idée...
Vous me direz ce que vous en pensez.
En tout cas j'ai recommencé au moins 3 fois donc j'espère que ça vous plaira !
Bisous mes amours

Santo

Je la regardais s'éloigner avant de retourner à l'intérieur.
Quelque chose chez cette fille me troublait. Et au plus c'est interdit, au plus je m'entête. C'est plus fort que moi.
Ce rital avait touché le gros lot. Les meufs comme elles, ça nous regarde pas d'habitude. Ou bien ça part en courant en découvrant notre vrai visage...
Et pourtant elle restait auprès de lui.

- Qu'est ce que t'as fait encore ? Tu pouvais pas te taire pour une fois dans ta vie ?

J'avais pas besoin de me retourner pour savoir quelle tête pleine de reproches faisait ma mère.

- Faut toujours que tu foutes tout en l'air, ajouta t-elle

Je soupirai en lui faisant face. Pas de doutes, elle était vraiment énervée. Elle leva les bras en l'air, avant de les laisser retomber mollement en secouant la tête.

- Tranquila Ma' , je sais ce que je fais. Pas la peine d'en faire toute une histoire, elle était fatiguée de toute façon.

Je passais à côté d'elle pour rejoindre le salon où se trouvaient toujours mon père et mon frère, en pleine conversation. Émilia manquait à l'appel. Elle avait certainement du aller se coucher elle aussi. Elle détestait le conflit et tout ce qui allait avec.
Je pris place sur le canapé face à eux et je les observais en silence, attendant qu'ils lèvent les yeux vers moi.

- ... pas vrai Santo ? Demanda alors Charly

- Hmm, j'écoutais pas ce que vous disiez.

Il leva les yeux aux ciel en répétant ce qu'il venait de dire, accompagnant chacune de ses paroles par des gestes.

- J'expliquais que si on continue comme ça, on pourra rapidement contrôler la Basse Californie. C'est la dernière zone qu'il nous manque et quand ça sera fait, rien de nous empêchera de nous rapprocher de la frontière américaine et d'importer la bas.

J'acquiesçai sans grand enthousiasme, parce que même si je partageais les plans de mon frère, en réalité j'avais autre chose en tête.

- Vous la connaissez bien cette Jessica ? Demandais-je alors, coupant court à la conversation

Mon père leva ses yeux interrogateurs vers moi, fronçant les sourcils. Je n'attendais pas de réponse de Charly, mais ce dernier secoua quand même la tête.

- Je la garde à l'œil si c'est ça la vraie question que tu veux me poser, répondit mon père

- Oui, ça je sais, mais est ce que tu t'es renseigné à son sujet ? Je sais pas ça te parait pas louche qu'elle soit ici seule ? Et enceinte ? Come on !

- Si tu veux tout savoir, c'est la première chose que j'ai dit à ta mère. On avait déjà pas beaucoup d'infos sur l'oncle de son mari qui venait de temps en temps, mais sur elle, non  je n'ai rien trouvé de plus.

Je fis claquer la langue contre mon palais en prenant ma tête entre mes mains. Comment est ce qu'ils pouvaient être si naïf ? C'était pourtant lui qui m'avait tout appris des ficelles du métier.

Tellement de familles au Mexique sont impliquées dans le trafic en tout genres. De la coke à la marijuana, en passant par le trafic d'armes. Dans un pays en crise où la police est corrompue, c'est relativement facile de faire ses affaires tranquillement. C'est comme ça que mon père a commencé, gentiment d'abord, par de la contrebande de cigarettes. Mais l'argent et le pouvoir sont des vices desquels il vaut mieux rester éloignés, et Pedro s'est vite rendu compte que c'était pas en vendant quelques cartouches de clopes qu'il allait faire fortune. Il aspirait à une vie meilleure, loin de la misère dans laquelle il avait grandit, alors il s'est tourné vers les produits plus « locaux ». Il a trouvé un fermier installé en plein cœur de la Sierra Madré, cette chaîne de montagne qui scinde le pays en deux, et ensemble ils ont commencé à « cuisiner ». C'est comme ça qu'on appelle le processus de fabrication de la coke. On fait sécher les feuilles de coca au soleil, ensuite on les écrase pour obtenir un genre de jus infâme et puis on rajoute du kérosène et de l'acide sulfurique et on obtient la pâte de coca. Rajoutez à ça quelques étapes et vous pourrez sniffer cette poudre qui donne des ailes et qui tue.
Mais à Zacatecas, où nous avons grandit, les choses ont commencé à se gâter aussi vite que les affaires florissaient. Et un matin, alors que nous partions à l'école, mon père s'est fait coffrer. Je le revis, les mains à plat sur le capot de la berline noire qu'il venait de s'offrir. Les insultes pleuvaient dans tous les sens mais ça n'a rien changé au cours de l'histoire, le conte de fée à quand même prit fin. Et il a fuit notre regard en suivant les flics, les mains menottées dans le dos. Ce jour là, je me suis juré que jamais plus je ne ferai confiance à la police. Elle qui nous avait toujours protégée, elle avait aussi brisée ma famille en nous arrachant notre père si jeunes.
La suite a été aussi bizarre que l'histoire en elle même.
Il a purgé une peine de 8 ans, et contre toute attente les flics lui ont proposé un marché. Une "mise au vert" ils ont appelé ça. Pour quelle raison ? C'était purement politique. Parce que mon père n'avait rien d'un vrai narcos. Et qu'ils ont jugé bon de faire une action sociale en lui donnant une chance de refaire sa vie dans un endroit plus tranquille. Et quelque part ils avaient raison. Ni Pedro ni son associé n'avait jamais tué qui que ce soit, la seule chose qu'ils faisaient concrètement c'était de refiler la came à des plus gros narcos colombien ou bolivien. C'était tout. Leurs activités étaient certes illégales, mais pas assez « grave » à leurs yeux.
Le pays avait déjà une assez mauvaise image, en rajouter avec des narcos qui n'en était pas vraiment, n'aurait pas aidé à redorer l'image du Mexique. Et faire de la place dans les prisons aidait à faire baisser les statistiques.
C'est comme ça que mes parents on atterri a Cabo San Lucas, en Basse Californie. Un emploi de jardinier à la mairie pour Pedro, et une tranquillité assurée pour Rosa.

Mais moi j'ai jamais oublié ma vie d'avant. J'ai jamais oublié de visage maculé de larmes de ma mère. J'ai jamais oublié mes visites au parloir.
Charly et moi avons finit par grandir et le moment venu nous sommes retournés à Zacatecas. Nous avons marché dans les montagnes et retrouvé la cuisine abandonnée. Le traumatisme était toujours là et notre père n'était plus intéressé par le business, il nous a longtemps répété qu'on faisait une erreur. Que la came ne rapporte que la peine et les larmes. Quand c'est pas la mort qui frappe à la porte ...
Il se complaisait dans sa nouvelle vie sur le papier parfaite. Nous n'avons rien voulu savoir, et déterminés à reprendre la ou il s'était arrêté, nous avons monté une équipe et réenclenché la production. Nous avions l'avantage du prix et de la qualité et très vite des cartels colombiens sont revenus s'approvisionner chez nous.
Mais voilà, les époques avaient changées et nos mains se sont petit à petit salies. Et quand les coups de pression ne suffisaient plus, c'est le bruit des balles qui servait d'arbitre.

- Où est ce que tu veux en venir Santo ?

Ma mère avait fait apparition dans la pièce et je levais doucement les yeux vers elle. J'étais maladroit mais je l'aimais plus que tout au monde. Je m'étais juré que plus jamais je ne souhaitais la voir pleurer.

- Pa', tu te souviens de ce jour où tu as vu qu'elle se baladait avec un flingue ?

Il hocha la tête. Prit d'affection pour elle, il m'avait confié ce détail en me demandant d'envoyer un de mes contacts pour la suivre lors de ces allées et venues nocturnes. Il voulait s'assurer qu'il ne lui arriverait rien. Et moi comme un connard j'avais obéi. Sans la connaître, sans même savoir à quoi elle ressemblait.

- J'ai fait mes recherches. Ça a pas été facile, ils sont forts ces saloperies de ritals, mais j'ai finis par trouver ce que je cherchais, et tenez vous bien, elle est loin d'être la jeune innocente que vous pensez.

J'aimais trop les voir bouche bée devant moi. Ils attendaient la suite, impatients. Ma mère essuyait nerveusement la carafe qu'elle tenait entre les mains et mon père s'était penché en avant, les coudes ancrés dans ses genoux.

- T'es insupportable quand tu fais ça, soupira mon frère en levant les yeux au ciel.

- Maddie, ah oui parce qu'elle s'appelle pas Jessica, n'est autre que la petite amie de Leandro Ventura, le parrain de la Mano Nera New Yorkaise.

Mon annonce eu l'effet escompté. Mon père joignit ses mains et plaça ses deux index contre ses lèvres. Charly mordit nerveusement sa langue au creux de sa joue et ma mère manqua faire tomber la carafe au sol.
Un sourire satisfait barra mon visage.

- Peu importe, répondit simplement mon père. Ça ne change rien. Mais si tu nous dis tout ca c'est que tu as une idée derrière la tête Hijo , je me trompes ?

Il avait pas tort. L'avoir dans la poche serait un bon moyen de développer mes affaires aux États-Unis.

- J'espère que tu penses sûrement pas à ça, trancha ma mère en me fusillant du regard.

- Je suis peut être un enculé Ma' , mais je vole pas les femmes des autres.

C'est elles qui finissent par venir dans mon lit.

Charly se terra dans son mutisme, signe qu'il était lui aussi en train de réfléchir à ce que cette nouvelle signifiait pour notre petit cartel.

- Tequila ? Demandais-je me levant

Mon père secoua la tête en éclatant de rire.

- Tu es le plus fou d'entre nous. Vas nous chercher des verres.

Je passais à côté de ma mère qui me lança un regard désapprobateur et lui déposais un baiser sur le sommet du crâne. Elle murmura simplement :

- Ten cuidado. Los dolores de corazon son los unicos que nunca logramos curar. (Soit prudent. Les peines de cœurs sont les seules que l'ont ne peut jamais guérir).

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