Chapitre 7

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Well I jumped into the river
Too many times to make it home
I'm out here on my own, an drifting all alone
If it doesn't show give it time
To read between the lines

Bien j'ai sauté dans le fleuve
Trop de fois pour en faire ma maison
Je suis ici seul, et dérivant tout seul
Si ça ne se montre pas, donne-lui le temps
Pour lire entre les lignes
Estranged - Guns N' Roses

Bien j'ai sauté dans le fleuveTrop de fois pour en faire ma maison Je suis ici seul, et dérivant tout seulSi ça ne se montre pas, donne-lui le tempsPour lire entre les lignes Estranged - Guns N' Roses

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Je n'ai jamais eu d'amis.

Cette phrase pourrait procurer un soupçon de peine à n'importe qui, mais pas à moi. Je n'ai pas besoin de pitié, je m'en suis toujours bien sortie sans.

En soi, ne pas avoir d'amis signifie n'avoir personne à qui parler de ses problèmes, de sa famille ou même de son quotidien. Je n'ai jamais été soutenue, jamais reçu de conseils qui m'ont aidée à me faire avancer dans la vie, ni rien fait de tout ce qui touche à l'amitié. Je n'ai même jamais fait de soirée pyjama chez une copine, étant donné que je n'avais personne chez qui aller dormir. Je n'ai jamais su à qui était la faute : si je n'y mettais pas du mien, ou si les personnes que je fréquentais n'étaient simplement pas bienveillantes.

Parce que le fait que je n'ai jamais eu d'amis ne signifie pas non plus que j'étais seule. Au contraire, j'étais toujours entourée. Ça pouvait être les gens de ma classe, des enfants de collègues de ma mère, ou mes voisins. Seulement, ce n'était jamais assez intime pour participer à des activités extrascolaires avec eux. Jamais je ne me suis sentie à l'aise à leurs côtés. Jamais je n'ai eu cette impression d'être à ma place parmi eux. Le sentiment d'être en trop, de ne pas faire partie du groupe, d'être celle qu'on peut rapidement remplacer. J'étais la fille assise au bord du banc, qui demandait "vous parlez de qui?" et à qui on répondait "fallait suivre".

Nous avions des avis divergents sur la plupart des sujets. Je n'étais jamais d'accord avec eux, mais jamais je n'ai pris la peine de prendre la parole pour défendre mon avis parce que ça n'aurait servi à rien. Pour eux, j'étais la bonne pote qui faisait rire le groupe. J'ai même été élue la fille la plus marrante de la classe à la fin de mon année de terminale. Ironique, me diriez-vous, d'être la fille la plus drôle et de ne pas avoir de bonnes relations.

Dans mon adolescence, personne ne m'a pris au sérieux. J'ai essayé de m'intégrer en accentuant mon personnage amusant, et c'est ce qui a causé ma perte. "Lolita, t'es bien marrante, mais laisse-nous parler de choses importantes entre nous", m'avait craché au visage Emma, lors d'une pause entre deux cours. Parce que oui, les gens avec qui je trainais étaient capables de s'envoyer chier avec une telle désinvolture qu'on s'en retrouvait con.

Les filles se critiquaient entre elles, dans leur dos, de manière à ce qu'aucune d'elles ne le sache. Les garçons, eux, étaient les moins pires de tous. Mais leurs compétitions perpétuelles entre eux étaient devenues trop lourdes à supporter. Et je ne parle même pas des tensions qui régnaient à cause des multiples relations et coucheries entre eux. Pire que dans Amour, Gloire et Beauté, une série américaine bidon que ma mère regarde tous les matins alors qu'elle déteste tout ce qui est anglo-saxon.

Just UnforgettableWhere stories live. Discover now