Chapitre 38

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There's darkness in the distance
From the way that I've been livin'
But I know I can't resist it

Il y a de l'obscurité à l'horizon
De la façon dont j'ai vécu
Mais je sais que je ne peux y résister
Daylight - David Kushner

Il y a de l'obscurité à l'horizonDe la façon dont j'ai vécuMais je sais que je ne peux y résisterDaylight - David Kushner

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C'est comme si à un moment donné, quelqu'un d'invisible m'avait donné un coup de pied aux fesses. Comme si on m'avait chuchoté à l'oreille d'arrêter de me morfondre dans le noir dans ma chambre et de prendre du temps pour moi. Cela fait bien longtemps que j'ai besoin de prendre soin de ma personne et de réfléchir à ce qui va se passer maintenant. Une chose est sûre, depuis que je sais que mon père connaît ma localisation, rien n'est plus pareil.

Alors pour essayer de penser à autre chose que Misha, c'est sur l'affaire "Vicente et Dante" que je me suis penchée. Je n'ai rien trouvé de mieux à faire que de l'appeler. Je n'ai pas de plan, pas de stratagème, rien de tout ça. C'est fini toutes ces conneries. Je n'ai plus peur de lui.

Non, en vérité, j'ai carrément la frousse de retomber dans cette abysse infernale. Puis, une part de moi reste persuadée que s'il avait une nouvelle fois eu envie de me faire du mal, mon père n'aurait pas hésité à venir me chercher. Et s'il a engagé un agent de protection rapprochée, c'est qu'il souhaitait être certain que je sois en sécurité. Cela veut dire qu'il n'y a pas que du noir dans son cœur et cette observation m'a donné un petit sourire quand j'en ai pris conscience. 

Quelque part, je suis heureuse. Cela veut dire que je n'ai pas le pire des pères. Il y a tout de même une partie de son âme qui n'est pas immorale. Il y a tellement de questions que j'aimerai lui poser, et ce, depuis tellement de temps que j'en fait une liste. Ces derniers jours, je balaie toutes les possibilités de choses que je pourrais lui dire, tout ce que j'ai sur le cœur et tout ce qui me vient en tête. Je ne dois pas me faire d'illusion non plus. 

A tout moment, il m'envoie balader et me crache qu'il n'a pas de temps à perdre avec mes sautes d'humeur. Mais dans le cas contraire, où il m'écouterait, je ne dois pas être prise au dépourvue. Je dois lui montrer que je ne suis pas cette fille qui n'a jamais rien dit, enfermée dans sa chambre. Plus jamais je serai cette Lolita. Cette Lolita est morte, dès l'instant où elle a posé le pied sur le sol de Rome. Ici, je suis une femme forte, déterminée et fière de l'être. Je regarde devant moi et je ne me laisse pas marcher sur les pieds par deux types qui ne sont pas capables de prendre soin d'une personne de leur famille. Je suis sa fille, merde! 

Mon père m'a traitée comme une moins que rien, comme un déchet, comme si je n'étais rien qu'une poussière sans parole et sans cerveau. 

Depuis que j'ai pris la décision de l'appeler, je procède par petites étapes. J'ai passé les deux premiers jours à me contenter de rédiger son numéro de téléphone, sans pour autant appuyer sur le bouton vert. Puis, j'ai enfin osé sauter le pas et cliquer sur l'icône du téléphone. La seule chose aurait été d'attendre que la première sonnerie se lance, mais je ne l'ai pas fait. J'ai toujours raccroché avant, afin qu'il ne sache pas que j'ai souhaité le joindre.

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