Chapitre 9 : L'IAthisation

13 4 0
                                    

Au début du troisième jour de jeu, quatre artefacts apparaissent dans des donjons aux coins de la carte : au sommet givré, à la grotte marine, aux ruines arides, et au volcan effusif. Chacun de ces artefacts donne un avantage en combat au joueur qui s'en empare.

Guide de L'Alter-Ego : Règles et stratégies

0o0o0o0

La deuxième demi-journée de visite par train fut entamée par la strate quatre. Le nez collé à la vitre du wagon, Léonard cherchait désespérément à apercevoir l'hôpital où travaillait sa mère pendant que son amie l'observait d'un air amusé, appuyée contre la paroi. Leur strate était si grande que la probabilité qu'il déniche le bon bâtiment au milieu d'une multitude de centres hospitaliers était quasi nulle.

— Kali ! Je l'ai ! C'est celui-là !

La jeune fille se redressa et jeta un œil dans la direction que lui pointait le garçon. Un énorme building blanc orné d'un grand H bleu foncé se détachait du reste de la masse. Il devait à coup sûr s'agir du plus gros hôpital de la zone.

— Tu es sûr ?

— Oui, il y a le H ! répliqua-t-il certain de sa victoire.

— Tous les hôpitaux portent cette lettre, mollusque, cracha une fille non loin.

— On ne t'a pas sonné Raylë.

Kalissa se contenta de foudroyer l'intervenante du regard, les paroles de son amis lui semblant largement suffisante. Depuis qu'elle avait appris le rôle de la PQR dans l'épisode des toilettes, l'adolescente la haïssait cordialement. Strate six ou pas, elle ne détenait pas la moindre morale et son geste autant que son arrogance l'insupportait.

— Bah alors Kali, on laisse les garçons parler à ta place ? Tu as perdu ta langue ?

Elle s'avança d'un pas, certaine de sa supériorité. Léonard se crispa comme prêt à se battre mais l'intéressée posa une main sur son épaule pour le dissuader d'intervenir. Elle se tourna vers son interlocutrice dont le tatouage d'identité en forme de serpent apparaissait sur son épaule volontairement dénudée malgré l'uniforme.

— Tu as encore du mal à te remettre d'hier ? Je peux comprendre, ton petit copain Quentin s'est pris une sacrée raclée. C'est trop gentil de ta part d'assurer ses arrières.

Raylë la fusilla du regard. Ses poings se serrèrent et ses yeux prirent une teinte encore plus ombragée. De toute évidence elle se retenait de frapper l'insolente aux cheveux châtains qui lui tenait tête. Finalement elle reprit son calme et sa voix reprit un ton posé à glacer le sang.

— Une fois que je serais Assassin, et toi Habitante, je me ferai un plaisir de t'éliminer en première.

— Si tu es Assassin.

Sur ces mots Kalissa fit volte-face et partit se placer à l'autre bout du wagon en compagnie de son ami. Une fois à l'écart, elle poussa un long soupir. Ses mains tremblaient légèrement et son cœur battait dans sa poitrine. Léonard lui prit discrètement la main droite et la serra. Ses doigts chauds et son pouls calme l'apaisèrent et quand il brisa le contact, la jeune fille avait repris le contrôle de sa respiration. Si elle détestait se laisser faire, l'adolescente avait dû mal à se confronter à d'autres plus de quelques secondes. Se trouver au centre de l'attention, de parfaits inconnus, relevait du cauchemar. Elle préférait de loin que d'autres s'expriment à sa place. Du coin de l'œil elle observa Léonard. Parfaitement calme, il contemplait le paysage son éternel sourire plaqué sur les lèvres.

Le blondinet au tatouage de tigre la dépassait un peu en taille sans pour autant être très grand. Ses grands yeux bleus lui rappelait encore l'océan qu'elle n'avait aperçu qu'une fois dans sa vie. Il bordait à quelques kilomètres près la limite Ouest de la Métapole Européenne et l'adolescente gardait ce souvenir précieusement dans sa mémoire. C'était au cours d'un des rares voyages scolaires organisés. Elle n'avait que huit ans à l'époque et toute son école était partie en voyage d'une semaine en dehors des murs de la ville. La jeune fille se souvenait encore des militaires encadrant le groupe pour assurer leur sécurité et prévenir de toute attaque des Exilés. Le dernier soir, ils avaient pu aller voir la mer et observer un coucher de soleil. Léonard et elle s'étaient assis sur la plage de sable blanc et alors que la majorité des élèves s'endormaient sur le sable, trop épuisés pour rester éveillés, ils avaient gardé l'œil ouvert.

Alter EgoWhere stories live. Discover now