Alter Ego

Chapitre 47 : Inarrêtable ?

En plus d'apporter un avantage indéniable en combat, les Artefacts attirent autant la convoitise que la peur.

Guide de L'Alter-Ego : Règles et stratégies

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Le corps de Janus disparut et ses armes tombèrent au sol. Kilya retira ses mains du cou à présent absent du garçon et se laissa tomber à genou dans la cendre. La haine qui l'avait prise un peu plus tôt, l'avait désertée. Ne restait plus qu'une désagréable sensation de néant. Comme si tout son corps venait de se vider de son énergie. Ses vêtements avaient pris une teinte grisâtre et viraient même au noir par endroit. Ses cheveux châtains dégoulinaient et laissaient des traces de suie sur son visage. Des larmes se mirent à rouler sur ses joues sans qu'elle sache pourquoi.

Enfin si.

Elle revoyait encore l'air paniqué de Janus lorsqu'il avait compris qu'elle ne lâcherait pas prise. Elle pouvait presque encore sentir sa peau trempée et glissante sous ses doigts couverts de boue et de poussière. Elle pouvait même percevoir les tremblements qui agitaient son corps alors que son genou comprimait sa trachée. Ce n'était pas comme avec Marine. Encore moins comme avec Léo. Non, elle avait désiré l'éliminer. Et elle y avait presque pris du plaisir.

Machine mortelle inarrêtable. Prête à tout pour réussir. Elle avait apprécié tuer Quentin. Cet idiot insupportable de la strate 6 ne méritait pas de vivre dans la Métapole. Il n'était qu'un idiot fini. Et arrogant pour ne rien arranger. Elle n'avait pris aucun goût à éliminer Pauline. L'adolescente avait juste souhaité blesser Quentin. Blessure d'autant plus ravivée que le garçon avait finalement fait tomber sa propre alliée, Raylë, en la tuant lui-même.

Là encore, elle avait goûté à la mort. Virtuelle certes, mais mort tout de même. Kilya ne savait dire ce qui la dégoûtait le plus. Le principe même de sélection de l'Alter-Ego ? Ou ses propres actions ? Plus tôt dans la partie, elle aurait pu disserter des heures sur les inégalités crées par ce jeu-vidéo. Ou encore sur la difficulté de réaliser une bonne performance. Après la perte de son meilleur ami, elle ne savait plus. Lui avait toujours su quoi faire et comment. Il était son phare dans la nuit. La main tendue prête à aider. Et elle l'avait refusé. Trahi. Abandonné. Éliminé. Condamné à l'errance et à la mort en dehors de la Métapole.

L'évidence lui sauta aux yeux. Elle était un monstre. Comment qualifier autrement une personne capable de tuer de sang-froid son meilleur-ami, un membre de sa strate et ses propres alliés ? Elle leur avaient tous mentis. De Benoit à Ynès. Surtout à Ynès. Tout ça pour quoi ? Une place parmi les mieux classés de la société ? Un accès au Saint Graal qu'était la strate une à ses yeux. La nuit précédente, elle avait hésité à poursuivre sa quête. Sa quasi élimination plus tôt dans la journée avait ravivé la flamme d'espoir qui brûlait en elle. Mais au fond, la même question restait...

Tout ceci valait-il la peine ?

Toute cette sueur et ces larmes versées avaient-elles un sens qui vaille d'être considéré ?

La strate une était-elle si importante à ses yeux pour qu'elle fasse autant de sacrifices ?

— Quel que soit ta décision, reste fidèle à toi-même et fait face à ce qui se dresse devant toi.

Les mots de sa mère lui revinrent en mémoire et enfin elle comprit.

Le jeu battait les cartes. Pas les joueurs. ''Un âge, un rôle, une strate''. L'évidence lui sauta aux yeux. Le rôle n'impliquait pas la strate. Tous ne visaient pas la première strate, Quentin l'avait parfaitement montré en défendant bec et ongle sa propre strate d'origine.