Alter Ego

Chapitre 43 : Le Marais des morts

Lors du développement de l'Alter-Ego, les informaticiens se sont montrés particulièrement performants dans la reproduction des activités aquatiques. La nage en surface ou sous-marine ainsi que les flux de l'eau étaient parfaitement recréés. Tout comme les moindres détails impliquant la présence de liquide quel qu'il soit.

Guide de L'Alter-Ego : Règles et stratégies

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Quarante-deux points de vie sur les cinquante possibles. Utiliser une bille de régénération était inutile. Chacune permettait de gagner vingt points de vie. Si elle s'en servait, elle en gâcherait une et révélerait sa présence à Edouard. Lentement, Kilya s'extirpa du fond de faille où elle s'était cachée, mais ne sortit pas pour autant à découvert. Elle tendit l'oreille. Au dehors, elle entendait encore le hurlement du vent et le grincement des arbres. Mais plus la voix de son assaillant ni même le son de ses pas. Elle s'avança encore un peu. Le trou s'élargit. Un mètre la séparait de la sortie. La jeune fille hésita. Reculer ou avancer. Courir ou se cacher. Finalement, elle s'élança. Elle jaillit du rocher et détala en direction de ce qui lui semblait être le Nord-Est.

A peine sortie, ses yeux se posèrent sur Edouard. Leurs regards se croisèrent et l'espace d'un instant elle y vit un lueur de surprise. Puis elle se détourna et accéléra. Le garçon s'élança à sa poursuite. Kilya esquiva un arbre mort et continua sa course. Elle jeta un œil derrière elle et paniqua. Il ne se trouvait qu'à une poignée de mètres derrière elle. Elle tenta d'accélérer. Peine perdue. L'adolescente avait atteint la vitesse maximum permise par le jeu. Elle se lança alors dans un slalom entre les troncs. Une fois à droite. Puis à gauche. Elle prit un virage oblique. Ses pieds dérapèrent sur la terre poudrée. Croyant perdre l'équilibre, elle plaça ses bras en avant pour se rattraper mais il n'en fut rien. Le sol ne vint pas à sa rencontre. Derrière elle, son poursuivant grogna en la voyant repartir et se relança à sa poursuite.

L'adolescente commença à haleter. Le marais ne semblait pas vouloir apparaître. Le vent lui battait le visage. Le sable rentrait dans sa bouche. La température était bien trop élevée pour être normale. Mais la tempête diminuait. Elle le sentait. Les arbres aussi se faisaient plus nombreux et moins rachitiques. Aucune feuille ne les décorait, mais leurs branches les plus fines n'étaient plus arrachées. Dans un élan de désespoir, la jeune fille s'arrêta. Elle s'empara d'une de ses dagues et la projeta sur son poursuivant comme un couteau. Il esquiva sans difficulté. Elle lança la seconde. Il tenta d'éviter. La lame s'enfonça dans son épaule. Edouard poussa un grognement de douleur et se figea. Il s'empara du pommeau qui dépassait de son épaule et arracha l'arme. D'un geste rageur il la jeta au loin et reprit sa course.

Kilya s'élança à nouveau la peur au ventre. Sa respiration se faisait courte. Ses gestes plus maladroits. Elle trébucha sur une branche à terre. Puis sur un rocher saillant. Elle manqua de percuter un autre arbre. Mais elle continuait à courir désespérant de voir surgir son salut. Une fois dans le marais elle pourrait se cacher ou trouver de l'aide. Si seulement elle pouvait l'atteindre. Son pied s'enfonça dans de la terre meuble et elle chuta.

Elle percuta avec violence la surface d'une mare boueuse assez profonde. A moitié enfoncée dans la vase, elle s'agrippa aux plantes qui l'entouraient et s'extirpa avec difficulté. Le sable roux s'était mélangé à l'eau pour former un gigantesque sable mouvant caché par les premières herbes du marais. La jeune fille se releva et reprit sa course, bien qu'alourdie par la boue et l'eau incrustées à ses vêtements. Une mèche de cheveux trempée lui tomba devant les yeux. Elle la chassa mais ne fit qu'étaler plus de terre sur son visage.

— Y a quelqu'un ?! hurla-t-elle au désespoir en voyant son poursuivant émerger de la tempête.

Son pied gauche s'enfonça dans un nouveau trou caché par de la mousse. Elle l'arracha vivement avant que les sables ne se referment sur elle et ne l'emportent.