Alter Ego

Chapitre 42 : Assemblée Circulaire n°3

Les Altérés peuvent faire ce qu'ils veulent pendant les Assemblées Circulaires sauf une chose. Ils ne peuvent pas se blesser. Ni eux, ni les autres joueurs. Ils peuvent par contre se battre, mais aucun coup porté n'inflige le moindre dégât. Cette règle a été ajoutée après l'élimination de plusieurs Maîtres Assassins par les membres de leur Cercle au cours de ces Assemblées.

Guide de L'Alter-Ego : Règles et stratégies

0o0o0o0

Lorsque la salle de l'Assemblée Circulaire se profila devant ses yeux, Kilya s'attendait à ce que tous les autres membres du Cercle lui saute dessus pour lui faire la peau. Pourtant, il n'en fut rien. Le jeu les déposa en cercle et tous restèrent calmement à leurs places. Malgré ça, Janus et Théa ne se privèrent pas de la foudroyer du regard. Wolfy resta en retrait et baissa les yeux pour se lancer dans la contemplation de ses chaussures. Ce fut Arnaud qui rompit le silence et le rang.

— Si le jeu ne nous empêchait pas de nous blesser pendant les Assemblées, tu ne serais déjà plus là.

Kilya releva le menton et soutint son regard.

— Ce n'est pas toi qui va m'apprendre les règles.

— Tant mieux... Il va aussi sans dire que si nous te croisons, ne compte pas sur notre clémence, assené Arnaud.

Un éclair de joie traversa les yeux de Théa, ce que Kilya ne manqua pas. La STU la détestait. Ce n'était plus un secret. Elle rêvait sans doute de pouvoir l'éliminer elle-même. Kilya caressa du bout des doigts la garde de son sabre avant de la poser délicatement sur le pommeau. Elle ne pouvait prendre le risque qu'Arnaud remarque les tremblements qui l'agitaient.

— Ce serait dommage. Je suis sûrement votre seule chance de faire tomber le Cercle des Citoyens. Et je vous rappelle qu'Edouard est toujours en vie. Il n'a pas encore utilisé sa capacité de Mage du Sang. Et ne pensez pas qu'il ne s'en servira pas contre l'un d'entre vous. Sûrement sur toi, ajouta froidement Kilya à l'attention de son interlocuteur.

Arnaud renifla d'un air dédaigneux.

— Et qu'est-ce qui te fait croire que tu peux les éliminer ? Qu'est-ce qui nous prouve que tu vas le faire et non t'allier à eux ?

Un murmure d'assentiment parcourut la petite assemblée. Kilya hésita. Ils ne semblaient pas enclin à lui faire confiance. Encore moins croire ses paroles. Jouant le tout pour le tout, elle s'avança. Elle détestait se mettre en avant. Alors attirer volontairement sur elle les regards de joueurs qui voulaient la voir tomber... La jeune fille avait l'impression de se jeter dans la fameuse rivière dont sa mère parlait à propos de l'Alter-Ego. Le pont et le gué lui avaient été interdit. Elle devrait traverser à la nage. Seule. Sans aide.

— C'est assez simple, commença-t-elle dans un murmure.

Puis elle prit confiance en elle et sa voix porta plus.

— Considérons la possibilité que je sois effectivement le Maître Assassin.

— Ce que tu es, siffla Théa.

Kilya l'ignora.

— Je serais alors un traître. Un rôle qui devrait plutôt appartenir au Cercle des Reclus plutôt qu'à celui des Assassins. Pourtant, même si je dois finir seule, je reste un membre de notre Cercle. Et sachez que c'est grâce à moi si les Cercles des Sauvages et des Religieux ont presque entièrement disparu. Tout comme celui des Citoyens.

Kilya marqua un temps et effectua un tour sur elle-même. Son regard se posa tour-à-tour sur chacune des personnes présentes et y lut beaucoup d'informations. De la peur. De la rancune. De la haine. Et une lueur indéchiffrable dans celui d'Arnaud. Il attendait de savoir où elle voulait en venir. Elle se tourna vers lui.