Chapitre 41 : Echos du passé

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A partir du jour 7 et jusqu'au dixième, différentes zones du jeu se ferment. D'abord les donjons, puis les zones les plus à l'ouest. Puis celles de l'Est. Enfin, la Forêt Centrale présente dans toutes les arènes. Seule reste la dernière zone qui peut être n'importe quoi. Une plaine, un marécage, un désert...

Guide de L'Alter-Ego : Règles et stratégies

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Il se tut. Kilya ferma les yeux et serra les poings. Les paroles d'Edouard faisaient écho à un souvenir qu'elle aurait préféré oublier. Un évènement qu'elle avait effacé de sa mémoire. Par crainte de ce qu'il signifiait ? Ou juste de ce qu'il supposait ?

C'était cinq années plus tôt au cours de l'été. Aucun nuage n'avait été aperçu dans le ciel depuis près de trois semaines et les médias s'affolaient devant le niveau alarmant des réserves d'eau de la Métapole. Désintéressés par les problématiques des plus grands, Léo et elle profitaient d'un après-midi particulièrement chaud pour se détendre dans le parc le plus proche. Pourtant généralement apprécié par les habitants du quartier pour sa résurgence d'eau, il était cette fois abandonné de tous.

Les enfants ne savaient pas d'où elle provenait, mais elle était fraiche et pure. Allongés dans l'herbe sous un arbre aux larges branches, ils savouraient avec délice la morsure de l'eau glacée sur leurs pieds. Un petit canal de moins d'un mètre de largeur avait été creusé dans le sol pour permettre à l'eau de s'écouler tout en formant un petit bassin. Au plus profond, l'eau n'atteignait les baigneurs qu'à mi mollet. Une fraicheur bienvenue embaumait l'air du lieu même lors des plus fortes canicules. La multitude d'arbres plantés un peu partout et l'herbe en faisait un espace idyllique.

Pourtant ce jour-là, pas un enfant ne s'amusait dans le square. Pas un adulte ne passait. Aucun travailleur ne profitait d'un repos bien mérité pour venir se détendre au frais. Car ce jour-là était celui de la sectorisation. Tous étaient partis participer une énième fois à l'Alter-Ego afin de connaitre son prochain métier. Les rares adultes à patrouiller dans les rues étaient des militaires chargés de vérifier que nul ne contrevenait à la règle. Les enfants trop jeunes pour être laissés seuls étaient rassemblés dans les écoles pour participer à des activités. Ce n'était pas le cas de Kalissa et Léo. En tant qu'élèves de douze ans, ils avaient la journée de libre devant eux. Après s'être contactés, ils avaient décidés de se rendre à la source, seul endroit rafraichissant et agréable aux alentours.

Allongés à même le sol, ils savouraient les quelques heures de liberté dont ils disposaient. Pas une brise ne soufflait. Le ciel d'un bleu plus clair que jamais ne présentait pas la moindre envie de se noircir de nuages. Le soleil dardait ses rayons brûlant vers la Terre, mais cachés sous les branches des arbres, les amis ne craignaient rien. Ni les coups de soleil, ni l'Alter-Ego. Le jeu n'était rien. Il n'existait presque pas à leurs yeux. Pourquoi aurait-il existé ? Ils venaient d'achever leur première année au collège. La classe de Première était bien loin. Ils ne s'en souciaient pas, n'en parlaient jamais.

Ou presque.

Car ce jour n'était pas un jour comme les autres. Il s'agissait du processus de sectorisation des adultes et un évènement suffisamment rare pour tout perturber leurs habitudes. Il s'agissait aussi de la première fois qu'ils avaient conscience de ce que signifiaient ces mots.

— Tu crois qu'ils vont y arriver ? demanda Kalissa en tournant la tête vers Léonard.

— Nos parents ? Oui. De toute manière, ma mère m'a dit que ça permettait juste de vérifier qu'elle a le niveau requis pour son travail.

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