4- Terreur et Combat

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Le roi claqua la porte me laissant dans un état de profond désarroi. Ses dernières paroles me tournaient en tête. Épouser le prince revenait à se coller une cible sur le dos, épouser le prince c'était me condamner à mort. Et il n'avait pas parlé de mon autre utilité. Dans l'immédiat si je n'obéissais pas, je ne risquais pas la mort. Je lui avais à maintes reprises manquait de respect, et il m'avait épargnée dans la salle du trône, car il avait besoin de moi. Mais il pouvait très bien trouver d'autre moyen de me faire changer d'avis, si je ne coopérai pas. Je me demandais si le roi ne se trompait pas. Les Zaetlan me semblait si irréels. Je ne comprenais pas comment j'aurais put me retrouver avec l'un d'entre eux comme parents, descendants de cette famille. Mais ma mère n'avait pas les cheveux rouges. Pas plus que mon père. Et puis mon frère... il avait les mêmes cheveux bleus que ma génitrice. Une pensée se fraya dans mon esprit. Une pensée qui me terrifia. J'avais peut être était adoptée. Cela expliquait cette retenue dont ma mère faisais preuve depuis toujours. Et que je ne gardai aucune souvenir jusqu'à mes cinq ans. Restait également la possibilité que le roi se trompe. Que je n'avais aucun pouvoir digne d'une enchanteresse et ma couleur de cheveux était simplement le coup d'un malheureux hasard. Il avait dit les avoir tous tués... Si le roi Ménévras avait pris pour cible un peuple, il y avait peu de chance qu'ils aient effectivement survécus. Toute ces pensées se bousculaient dans ma tête et je me levai brusquement, avant même d'y avoir pensé. Je voulais quitter cette pièce maudite sur le champ. Et m'enfuir de ce palais maudit. Peu importe les règles ou les conséquences. Je parviendrai à m'échapper à un moment ou un autre. Le roi l'avait bien dit lui-même: j'avais disparu sans laisser de traces, car tous croyait que j'étais morte, ou que je le serai prochainement. Même si cela signifiait clairement que le roi ne pensait ne plus jamais me laisser partir du Palais Noir, c'était tout du moins un avantage. Nul ne me chercherait, je pouvais partir du château et me fondre dans la nature. Je me mis en marche au même moment où là porte se rouvrit. Une femme entra, portant une livrée de serviteur. Elle fonça littéralement sur moi et fit une révérence qui me laissa pantoise.

- Dame Lake, c'est un honneur, je suis Lisiathia votre nouvelle servante... nous avons beaucoup de travail. Votre tenue n'est pas approprié au palais, et regardez vos cheveux, fit elle avec un air désapprobateur en soulevant une de mes mèches écarlates tout emmêlée.

- Euh, c'est à dire mes habits?

Je la regardai fixement. Dans mon imagination, les servantes respectaient plus ou moins la personne qu'elles servaient. Elle venait de littéralement m'insulter. Je n'allai pas avoir droit au même traitement visiblement. Cela me plut. Posséder une servante était pour moi, une chose horrible. Elle fit les gros yeux à ma question comme si je venais de dire une énorme ineptie.

- Enfin Dame Lake, vous ne pouvez décemment pas vous promener dans les couloirs en tunique malpropre alors que vous allez bientôt prétendre à notre prince.

Je m'étouffais à ses paroles. Mais combien de jeunes filles se pressaient donc au pieds de ce grossier personnage? Les problèmes qui s'amoncelaient devant moi étaient déjà suffisants, sans qu'une bande d'écervelées amourachées viennent me mettre des bâtons dans les roues. Si c'était des jeunes filles de la Haute Ville, élevée dans la grâce et la raffinerie, on ne manquerait pas de se payer ma tête en me voyant dans une toilette qui ne me siérait guère.

- Hors de question que j'enfile une robe, me hérissais je.

Et puis si la possibilité d'une fuite se présentait je n'avais pas le moins du monde envie de m'emmêler les pieds dans des jupons à rallonge.

- Le roi ne nous laisseras pas le choix, décréta Lisiathia en retour.

Voilà qui posais problème. Je décidais de reprendre mes plans de fuite. Je contournai la femme devant moi et m'éloignai à grands pas. Je déboulai dans le couloir et pris à gauche. Je n'avais aucune idée de l'endroit où me guidait mes pas et je m'en fichais. Tout ce que je voulais c'était respirer, réfléchir, évacuer toute cette peur, cette colère qui grondait en moi. Je tournai et tournai encore et encore. J'entendis alors des cliquètement d'armes non loin de moi. Je tendis l'oreille. Ils provenaient d'une pièce sur ma droite fermée par une double porte en chêne massif incrusté de rubis. Cela me fis penser que cela faisait longtemps que je n'avais pas pratiquer le combat et que mes couteaux étaient toujours là dans mes poches, mes bottes et ma ceinture. Si c'était une salle de combat autant allez m'exercer cela me ferais penser à autre chose. La personne qui s'y trouvait déjà pourrait bien me faire une place. De telles portes ne cachaient pas un placard à balais. Je poussai les battants et m'avançai dans la salle. Mon souffle se coupa. La salle était époustouflante avec son plafond en voûte, ses vitraux qui laissaient passer les rayons du soleil couchant. Tout un pan était couvert d'armes et le reste était une invitation à l'exercice. Un large espace était recouvert de tapis avec des obstacles disséminés partout. Mais ce n'était pas la beauté de la salle qui me pétrifia. C'était le prince Maven qui était nez à nez avec moi, transpirant, sa chemise ouverte, les cheveux collés à son front et une épée dans chaque main. Il avait apparemment laissé de côté son manteau d'apparat. Son souffle court me chatouilla le visage alors qu'on restait là, plantés face à face. Je reculai de deux pas et essayant de me rappeler à quel moment cela m'avais parut une bonne idée de rentrer dans cette pièce. Il pris la parole coupant le silence qui c'était abattue sur la pièce:

- Et bien ? Quelle est votre excuse pour venir troubler mon entraînement ? N'essayez pas de me faire croire que vous veniez vous aussi vous exercez, je n'en croirait pas un mot...

Ces mots me firent sortir de mon état d'hébétude. Et me mirent en colère. Il pensait peut être que j'étais une paysanne sans défense incapable de brandir une épée. J'allais de ce pas le détromper...Tout en continuant à le fixer je fis lentement remonter ma main gauche et sortit d'un seul mouvement deux des trois poignards pendus à ma ceinture tout en faisant glisser la petite dague dans ma manche de la main droite. Je les fis tournoyer dans mes mains et haussai un sourcil d'un air provocateur au prince. Celui ci parut choqué. Un point pour moi. Mais son air de surprise laissa bien vite a une expression combative et moqueuse. Il raffermit sa prise sur ses épées et pris une position de combat.

- Et bien il semblerait que je me sois trompé... je t'en prie montre moi ce dont tu es capable, enchanteresse, persifla t'il.

Ainsi il était au courant de mes soi disant origines. Et très certainement du projet «mariage » de son père, ce qui expliquait sa réaction violente de tout à l'heure. Je me plaçai face à lui en me demandant brièvement comment on avait put en arriver à une situation pareille. Nous nous observâmes mutuellement durant deux secondes et chargeâmes au même moment. Il se propulsa vers moi au moment même où je lançai mon premier couteau. Je ne me demandai pas quelle explication je pourrai bien fournir, si l'un d'entre eux atteignait le prince héritier. Je le lançai au niveau de son épaule mais il le dévia sans mal et continua sa course. Je l'esquivai en tournant sur moi même et lançai une autre offensive. Il la para de son avant bras et agrippant mon poignet fit sauter ma dague de mes doigts. Je tentai aussitôt de me dégager mais sa poigne était trop forte. Il tenta de me porter un coup à l'abdomen et je retournai sa force contre lui en me jetant contre son torse. Pris par surprise il chancela et j'en profitai pour lui retourner un coup de pieds dans l'épaule. Il grogna de douleur et sa prise sur son épée se relâcha. Je saisit l'occasion et fit tomber l'arme sur le sol. Puis pointai ma dague sur sa gorge et m'immobilisait le souffle court et pantelante:

- Ai je suffisamment démontrer mes capacités, fit je en levant les yeux sur lui, tout aussi froide qu'il ne l'était.

Ses yeux violets étincelèrent et un sourire sans joie fit remonter ses lèvres. D'un coup bien placé, il me faucha alors les jambes et me faisant tomber sous lui, m'arracha le couteau des mains. Il pressa son corps contre le mien et je me retrouvai immobilisé. Ses boucles noires retombèrent sur son front et lorsqu'il se pencha sur moi, elles effleurèrent mes joues.

- Je pense que vous avez encore beaucoup à prouvé, enchanteresse, souffla t'il.

Ses longs cils projetaient des ombres sur son visage et tout sourire avait disparu. Ne restait plus que son regard intense fixé sur moi. Mais il se crispa brusquement. Je venais de faire remonter ma jambe et d'attraper le poignard dissimulés dans ma botte et lui appuyais sur la peau nu de son ventre.

- En êtes vous sûr, lui retournais je en retour.

Ses yeux lancèrent des éclairs. Mais aucun de nous ne bougeait. Je voyais son regard, plein de froideur et de cruauté. Je n'amorçais aucun geste. J'avais peut être réveillé le serpent. Nous restâmes là sans bouger jusqu'à ce que la porte se rouvre en fanfare nous livrant une Lisiathia paniquée qui devait visiblement me chercher partout. L'instant se brisa alors. La peur qui commençait peu à peu à m'étreindre le ventre, s'estompa quand son attention se détourna de moi. Maven tourna la tête vers elle, l'air agacé avant de ramener son attention sur moi. Il sourit narquoisement avant de venir chuchoter à mon oreille :

- Et bien je pense que nous n'allons pas nous ennuyer petite enchanteresse...

Le Royaume perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant