12- Rituel

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L'escalier que j'étais en train de descendre, me renvoyait des longs frissons glacés dans le dos et la nuque. Les pas du roi résonnaient devant moi. Les ombres de nos corps s'étiraient sur le mur à la lueur de la flamme tremblotante du flambeau du roi. Mes mains tremblaient encore de ce qui venaient de se produire. Ceci était la preuve que ce que avait raconter Menevras le jour de mon arrivée était vrai. Mais ce qui été en train de se passer me faisait peur. Pourquoi m'emmener dans un souterrain brusquement après mon soi disant Éveil? Et l'expression sur les visages de la famille royale me mettait en garde. Mais les faits étaient là. Je descendais, réellement de la famille disparue des Zaetlan. Ma manifestation de magie quelque minutes plus tôt, le confirmait. Ce qui signifiait que le rituel pouvait commencer. Je pensais avoir bien plus de temps devant moi. Or, je me retrouvai acculée, dos au mur devant les projets maléfiques du roi. Je ne croyais pas une seule seconde qu'il n'y avait qu'une histoire de malédiction derrière tout ça. Il devait avoir nécessairement des plans de vengeance, motivé par son ressentiment et sa rage.

Nous venions de traverser une bibliothèque où derrière une étagère de livres, étaient dissimulée une porte. Le battant, c'était ouvert sur un passage sombre et étroit. Un passage où le roi c'était engouffré dans une hésitation. J'avais donc été contrainte de le suivre, et les pas de la reine et du prince derrière moi, me faisait me sentir comme enfermée. Cernée de toute part. Je me forçais à respirer normalement. Je n'étais pas en route pour le rituel. Il nécessitait sûrement bien plus de préparation.

L'escalier n'en finissait plus. Je grommelai dans ma barbe, en soulevant ma lourde robe. Mes pantalons me manquaient terriblement. Nous devions nous trouver au moins vingt mètres en dessous de la surface. Les fondations de ce château semblait s'enfoncer jusqu'au noyau de la Terre. Les fresques sur les murs, éliminées et poussiéreuses, semblaient raconter une histoire vieille comme le monde. Je les observai depuis plusieurs minutes. Je reconnais la naissance du monde avec la lumière de la déesse-créatrice dans le Cosmos. Puis la naissance des mondes. L'apparition de la vie, des premiers être humains, animaux et monstres. Nous arrivâmes au niveau de la scission des mondes, les séparant et condamnant ceux qui y vivaient à évoluer séparément. Notre continent, le royaume d'Oriolen et celui qu'on appelait l'Autre Monde. Une représentation de la brèche, seul lien entre les deux mondes, attira mon regard. La brèche avait été perdue. Plus personne ne savait où elle se trouvait. Mais Ravenna m'avais dis hier que mon ancêtre voulait l'ouvrir. Afin d'accéder aux mystères de l'Autre Monde. Et si Menevras l'en avait réellement empêché... Lui aussi devait en connaître son emplacement... Ma peur décupla, lorsque la confusion se répandit en moi. Je ne savais qui croire. Quoi penser. Je n'avais jamais eut personne pour m'épauler ni m'aider, je n'en avais jamais ressenti le besoin. Mais en cet instant, j'aurais tout donné pour avoir ne serai ce qu'une oreille attentive.

Nous arrivâmes enfin dans un long couloir. Menevras se hâta dedans et bientôt nous débouchâmes sur une salle aux dimensions extraordinaires. Les murs s'élançaient vers le plafond qui semblaient culminer à plusieurs centaines de mètres. La lumière, fusait depuis un trou dans le plafond qui semblait si petit depuis notre point de vue.

Mais où pouvons nous bien nous trouver, pour que la lumière de l'extérieur parvienne jusqu'ici?
Nous n'avions pourtant pas quitté le château... à moins que l'escalier en ligne droite, eut été tellement long que nous avions quitté l'enceinte du palais. Mais dans ce cas cela signifiait que...

Je levai à nouveau la tête, et frémis en apercevant de la végétation pendre depuis le trou au plafond.

Nous sommes juste en dessous de la forêt Sombre, compris je. Je me frottai les mains en tentant de les réchauffer. La simple idée de me trouver sous cette forêt, me pétrifiais.

J'observai a nouveau les murs. Ils paraissaient sculptés à même la roche. De hautes statues de marbre vert encadraient de hautes portes en face de nous. Elles représentaient des guerriers au garde à vous, la main sur le pommeau de leur arme. Les lourds battants, semblaient dater d'une époque antérieure. Avec des symboles étranges et inconnus gravaient dessus. En leur centre sur chacune des deux portes, était incrustés deux grosses orbes en émeraudes. Elles scintillaient dans la lumière tamisée qui filtrait à travers l'ouverture du plafond.

Menevras c'était immobilisé devant elles. Toujours sans un mot prononcé, Ravenna s'avança à ses côtés et ils joignirent leurs mains. Je sentis dans mon dos, Maven qui s'approchait. Son bras effleura le mien pour attirer mon attention. Je ne le regardai pas et tentait de l'ignorer. Je regardai le reste de la salle en tentant de comprendre où je me trouvais. Quel été donc cet endroit? La vaste pièce n'avait aucun meuble, aucun autre ornement décoratif que ces murs et ces colonnes en pierre. Mais je vis de chaque côté deux ouvertures tailles dans la roche. Il devait donc y avoir d'autres salles.

Je me trouve certainement dans un temple. Et cette pièce étrange est sûrement l'anti chambre de la salle derrière ces portes majestueuses.

Je sursautais au son de l'incantation que se mit à scander le couple royal. Leurs mots m'étaient inconnus. Je les écoutais, hébétée. Maven me saisit le bras, me forçant à le regarder cette fois ci. Ses yeux violets brillaient d'inquiétude et d'intérêt.

- La marque sur votre front, chuchota t'il, comment pouvez vous en être la détentrice ?

- Co...comment? balbutiai je sans comprendre.

Je passai nerveusement la main à mon front en tentant de sentir une quelconque protubérance. Quelque chose qui m'aurait aider à comprendre ce qui se passait.

- Ne mentez pas, siffla t'il en réponse, personne ne peut la détenir et l'ignorer!

Je me dégageais d'un geste brusque. Je n'y comprenais rien. Et que l'on me traite de menteuse, alors que je nageait en plein cauchemar, me hérissait de rage. Je serrai les poings et le fusillai du regard. Devant moi, les incantations montaient en puissance. Je commençai a paniquer. Quoi qu'il pouvait bien être en train de se passer, je sentis le danger. Il s'infiltra dans mon cœur et me fis perdre la tête. Je tentai de reculai pour m'enfuir, mais Maven l'avais pressenti. Il se saisit aussitôt de mon poignet et me ramena contre lui. Je m'écrasai contre son torse.

- Oh non on a encore besoin de toi!

Je cherchai à me dégager de sa poigne tout en voulant me saisir d'un de mes poignard. Mais la panique me faisait perdre mes moyens. Je tremblais. Si j'avais put m'en sortir pendant toute ces années c'était car je savais que j'avais toujours une chance de gagner. Or, en cet instant, je savais que même si je parvenais à sortir de ce temple, jamais je ne pourrais sortir du palais par la suite. Je n'avais personne sur qui compter. Et cette pensée me coûta une seconde d'inattention. Qui me coûta mon poignard, que Maven fit sauter de ma main avec une facilité déconcertante.

- Un autre combat te tente visiblement, ricana t'il.

Sa réflexion suffit à me mettre en colère. Suffisamment pour que mes mains cessent de trembler. Et pour que ma concentration revienne au triple galop.

- J'ai gagné le dernier, ripostait je, en tournant sur moi même. Sa prise sur mon bras se relâcha lorsque son articulation se tordit. J'en profitai pour le frapper, successivement, de mon pieds dans son thorax, puis dans le nerf de sa cuisse. Il grogna en ployant le genou sous la douleur. Mais il le laissa tomber par terre non pas de douleur mais pour me faucher les jambes. Au dernier moment il se jeta en avant pour se saisir de mes mains. Je ne put me rattraper et ma tête frappa durement le sol.

Je revins a moi a peine quelque secondes plus tard. Le son des incantations du couple royal c'était tut. Une douleur sourde, pulsait dans mon crâne. Je gémis en portant la main à ma tête. Mais je fus remise debout de force avant d'avoir put me remettre totalement. Menevras me traîna jusqu'au porte d'émeraude. Avant que je ne puit faire un seul mouvement, il m'avait entaillé l'avant-bras. Le sang scintilla aussitôt de la plaie et goutta par terre. Puis il le plaqua contre l'orbe d'émeraude de gauche. Une onde de choc se propagea de la porte jusqu'à toute la salle. Mes jambes vacillantes ne me permirent pas de rester debout. Je m'écroulai sans que le roi ne tente de m'aider. Ses yeux brillaient d'une lueur folle. Un large sourire étirait ses lèvres, faisant écho à celui sur le visage de la reine Ravenna.

J'ignorai ce qu'il venait de se produire. Mais je savais que cela signifiait tout du moins, le début du rituel. Et la fin de mon utilité.

Le Royaume perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant