6- Nid de Serpents

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Mon attente ne fut pas longue, car j'eus à peine le temps de refermer la porte secrète, que la porte principale s'ouvrît sur Lisiathia et une armée de servantes derrière. Je bondis devant la fenêtre et fit mine de m'intéresser à la vue. Qui je remarquai, certes que maintenant, était magnifique. Ma chambre donnait sur l'arrière du château et me donnais un accès visuel à la Forêt Sombre et encore derrière aux Montagnes Maudites.

Encore des appellations très gaies, pensai je.

Mais qui n'en méritaient pas moins. Le monde dans lequel je vivais n'avait rien de très attrayant lorsqu'on était issus de la Ville Basse. On disait que la Forêt Sombre renfermait la même magie qui habitait ceux au sang Erhavsha - la magie noire et démoniaque - et il était donc interdit d'y pénétrer. Je crois que les rares idiots à s'y être risqué n'en était jamais revenu. Le Palais Noir se trouvais à la bordure de la forêt et il se chuchotait que la famille royale s'y rendait fréquemment afin d'y effectuer quelques obscurs rites et sacrifices. Et pour ce qui était des Montagnes Maudîtes, ces pics acérés qui semblait déchirer les nuages et qui dans la lumière du soleil couchant semblait nimbé d'or, ils étaient inaccessibles. D'abord car il fallait traverser la Forêt Sombre et que tout le monde était trop effrayés pour s'y risquer et car nos croyances voulaient que la déesse de la création Esmerhia est trouvée son lieu de repos en son sein, interdisant à jamais qu'on la dérange. Plusieurs millénaires donc où ces montagnes sacrées n'avaient vu âmes qui vivent. Elles avaient pris le nom de « maudîtes » au fil du temps car des signes étranges étaient perçues de temps à autre. Des lumières inexpliquées, des tempêtes informés et colorées, des fumés et même des tambours étranges. Ceux qui ne croyait pas à une manifestation divine, parlait de tribus sauvages vivant dans ces montagnes pratiquant cannibalisme et magie noire. Mais aucune vie n'était possible, je ne croyais pas en ces tribus. Malgré la mauvaise réputation de la Forêt Sombre et des montages Maudîtes, je trouvai ce tableau d'une beauté indéniable. Les choses les plus belles pouvaient se révéler être les plus mortelles. J'en avais eus la preuve directe en étant confronté à la famille royale. Je fis face aux nouvelles arrivantes en me préparant à être touché par des inconnues. En effet, elles m'entourèrent en un rien de temps et me tirèrent en direction de la salle d'eau. Je fut délesté de mes habits sales et recouvert de crasse, et mon éternelle tresse fut détachée puis plongée dans un bain d'eau chaude et récurée des ongles aux orteils. Je sentais leurs mains frotter, tirer et rincer chaque parcelles de ma peau. Mes cheveux connurent le même sort que mon corps et bientôt la salle embaumait de mille parfums et huiles essentielles aux douces fragrances de fleur et de miel. Je les respirai profondément et forçait mes muscles à se détendre. A ma sortie du bain, je fut poussé en direction de la chambre et elles commencèrent à me vêtir toujours sans prononcer un seul mot.

Mettre un corset s'avéra être encore plus désagréable que je ne me l'étais imaginé. A peine les premiers fils furent tirés que j'avais le souffle coupé et je dus m'agripper au mur devant moi pour ne pas tomber. Elles n'y allaient pas de main morte. Puis elles me poussèrent devant la coiffeuse et quittèrent toute la pièce à l'exception d'une et de Lisiathia. Le quart d'heure qui suivi fut consacré à ma coiffure qui consista à me relever les cheveux en un chignon serré. Un seul coup d'œil à mon miroir me suffit pour me faire comprendre que je n'avais plus rien de la pauvresse sale et farouche que j'avais était toute ma vie. Ma peau brillait, et mes cheveux flamboyaient. La robe était simple mais affinait ma taille, rehaussait ma poitrine. Sa couleur noire avait bien sûr une signification bien particulière: mon appartenance aux Erhavsha. Mon visage et ma nuque étaient dégagés, ce qui me permit de m'observer en détails. Les miroirs n'étant pas donné dans La Ville Basse, s'admirer n'était pas quotidien. J'entrouvris ma bouche, surprise de la fille qui me renvoyait mon regard. Mes yeux paraissaient si grands tels deux onyx brillants, et mes lèvres si pleines, peintes ainsi en rouge. J'avais de hautes pommettes et un nez droit. Mon port de tête me faisait apparaître fière et arrogante. Les bijoux qui ornaient mes oreilles et mon cou auraient permis à eux seuls de racheter la petite maison où j'avais grandi. Leurs éclats d'or miroitaient et illuminait mon visage. Le cœur vide, je pris conscience que je ressemblait désormais à une fille de la Haute ville. Belle mais froide, inaccessible et creuse. Voilà la personne que les gens verraient désormais. Mon besoin de m'échapper se fit plus impérieux.

Le Royaume perduWhere stories live. Discover now