Le Royaume perdu

10- Se fondre dans le décor ou faire brûler le décor

Le moment se révéla tout sauf agréable. Je saisir rageusement ma tasse de thé et en avalait entièrement le contenu. Presque aussitôt une vague de ricanement retentit. Cela faisait trente minutes que l'on m'avait poussé dans un salon où étaient réunis sept jeunes filles, toutes plus abruties les unes que les autres. Leurs gloussement et piaillements c'étaient tut le temps que je rentre. Je compris que je me trouvais face à la sélection du roi pour la fiancé de son fils. Ne trouvant rien d'autre à faire je m'étais assise de un fauteuil libre. Une jolie rousse pleine de mépris c'était jeté sur l'occasion pour m'imiter. Je ne remplissait certainement pas leurs codes de grâce et de bienséance.
Leurs postures étaient irréprochables. Leurs cheveux bien en place, brillants et soyeux. Et leurs jupons impeccablement lisses. Je tentais encore de comprendre comment m'asseoir sans me retrouver ensevelie sous trois tonnes de soie.

On m'avait clairement édicté que je ne devais pas sortir d'ici avant que l'on viennent me chercher. Mais au bout de trente minutes j'envisageai sérieusement de fuir peut importait les conséquences. Je pouvais affronter des hivers, des tempêtes et des orages. Courir plusieurs kilomètres, chasser et me battre au combat rapproché. Mais face à ce groupe de filles de la Haute Ville, j'aurai encore préféré passer une nuit avec le prince Maven.

La tête de la bande était clairement cette rousse au centre qui était la première à avoir rit. Les autres c'étaient aussitôt joint à elle. Je reposai la tasse avec fracas et les fusillai du regard. Ma patience arrivait à bout. Ce fut évidement le moment où la rousse se décida à ouvrir les hostilités:

- Et donc, fit elle d'une voix aiguë, c'est donc toi la fille du plus grand seigneur des Îles marchandes ?

- Cela t'étonnes? répliquai je en redressant la tête.

Son sourire transpirait la méchanceté.

- Oh non, juste que l'on s'attendait à quelqu'un d'un peu plus... distingué, termina t'elle avec une grimace.

Je détournais les yeux en décidant de l'ignorer. Je ne voulais pas déclencher un accident diplomatique en fracassant la tête d'une fille noble sur son service à thé. Cela irai à l'opposé de « rester sage » comme avait dis le roi.

Mais elle ne semblait pas satisfaite de ma stratégie. Elle se pencha pour remplir sa tasse et la fit se renverser sur ma robe. Je bondis de surprise.

- Ooh non je suis vraiment désolé, fit t'elle en agrandissant ses yeux, le prince devrait arriver d'une minutes à l'autre et vous n'êtes plus présentable.

Ma colère monta et je tentai désespérément de la refouler. Mon manque de sommeil et ma discussion avec le roi m'avait déjà mise à bout. Cette demi heure à essuyer des moqueries avaient mis mes nerfs à vif. Je contournai la table pour sortir de cette pièce horrible. Mais là démone ne semblait pas en avoir assez.

- Remarquez, cette robe qu'elle soit souillée ou non, n'aurait pas attirer l'attention du prince sur vous.

Cette remarque fut celle de trop. Elle me rappela que au contraire, j'étais déjà irrémédiablement liée au prince. Et que les plans de fuite me semblaient désormais que trop illusoires. Je laissai échapper un sifflement de colère. Je fis volte face et attrapai sur un guéridon, un récipient où brûlait des bougies. Les chandelles se renversèrent et tombèrent sur le sol avec un bruit sourd. J'agrippai a pleines mains le plat en argent. Et je l'assenai d'un coup sec sur le nez de cette pimbêche... au moment où la porte s'ouvrît sur le prince Maven. Il s'immobilisa la bouche ouverte. Jamais son masque impénétrable m'avait été aussi inutile. Sa surprise pouvait se lire à des kilomètres.

Il ne devait sûrement pas s'attendre à pareille scène dans ce salon où l'ennui lui même se morfondait. Moi debout campée sur mes positions le plat toujours dans les mains. Et cette abominable rousse hurlant en voyant la cire fondue des bougies qui se trouvait au fond du plat, couler sur son visage, ses cheveux et sa robe.