29- Liens de sang

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Nous rebroussâmes chemin, alors que les derniers rayons du soleil s'estompaient. La ville était tout aussi belle de nuit que de jour. Mille lumières s'allumaient et scintillaient, entre les douces musiques et brouhaha des foules dans les rues. La grande rue pavée s'étalait devant moi et je vis au loin la grande demeure d'où nous venions. Elle était construite à même la montagne, réalisai je. Les salles et balcons qui s'avançaient de toute part suivaient les courbes rocheuses. Le point culminant était occupé par les salles que j'avais déjà visité. Celle où le portail arrivait directement, ainsi que celle à la grande table donnant sur le balcon.

Je ne dis pas un mot, alors que nous remontions toute la ville et lui non plus. Le silence était si agréable que pour une fois je me surpris à apprécier réellement sa présence. Lorsque nous arrivâmes devant les battants de bois sculptés, je m'arrêtais pour me tourner vers lui :

- Merci, lui dis je sincèrement. Je me sens... mieux.

Et c'était vrai. L'horreur et la peur qui me tenaillait en permanence le ventre depuis que nous avions pénétré dans la forêt sombre m'avait enfin quittés. Ma tête c'était reposée. Je n'avais pas été traversé par des questions et des doutes écrasants durant cette paire d'heures.

- Je vous en prie, me souffla t'il en souriant doucement.

Il croisa les bras nonchalamment. Je me fis la réflexion que nous avions fait du chemin, depuis notre route première rencontre, lui sous six couches de crasse dans un cachot et moi en jupons, complètement perdue dans un château maudit. Son sourire s'accentua comme s'il devinait mes pensées.

- Ça en valait la peine, fit il en haussant les épaules.

Il ouvrit les portes et nous rentrâmes dans le grand hall.

- Qui a construit cette demeure ?, demandai je curieuse.

- Elle était déjà là lorsque le sortilège nous a pris. D'après Valeryan c'était une des habitations secondaires de v... son père.

Je notai qu'il avait faillit dire votre. Je regardai ailleurs pour ne pas croiser son regard. Cela faisait mille ans qu'ils attendaient tous la venue de l'hybride fille de Gaius Zaetlan. Ils devaient tous me nommer ainsi depuis toujours. Je le remerciai intérieurement de son tact à mon égard.

- Vous pouvez aller vous coucher, me dit il soudainement. Ou bien, nous allons bientôt dîner dans la salle à manger, tous ensemble.

Je pris un instant pour réfléchir, heureuse qu'il me laisse le choix. Je voulais faire un pas vers eux. Je n'aurais pas dut m'enfuir tout à l'heure mais à cet instant j'étais bien trop fatiguée pour y arriver. Et puis je ne voulais pas me sentir en trop pour leurs retrouvailles.

- Je crois que je vais aller me reposer, fis je en levant les yeux sur lui.

Il acquiesça aussitôt et me fit signe de le suivre. Soulagée, car j'appréhendai intérieurement ce diner, je le suivis. Je gravis ses grands escaliers, subjuguée par la beauté des lieux. Ils étaient une parfaite harmonie de la nature et d'un luxe discret. Cette fois ci, Nyx se dirigea vers les grands battants fermés devant lesquels j'étais passé plus tôt. Il les ouvrit et d'autres salles se succédèrent. Il tourna dans un couloir et s'arrêta devant une porte. Il hésita une seconde avant de l'ouvrir. Je le suivis et mes pas se firent aussitôt hésitants. Nous nous trouvions dans une vaste chambre où les fenêtres donnaient directement sur la ville en contrebas qui brillait de mille feux. Mon regard se promena sur les bureaux envahis de vêtements et d'armes. Sur les épais tapis de fourrure. Et sur le gigantesque lit, ensevelis sous les couvertures et autres fourrures.

- C'est..., commençai je.

- ...ma chambre, termina Nyx à ma place.

Il se tourna vers moi, en arborant un fin sourire.

Le Royaume perduWhere stories live. Discover now