16- Faire le grand saut

45 7 0
                                    

Le cri qui monta de ma poitrine mourut dans ma gorge. L'espace d'un instant j'eus l'impression de rester en suspension dans le vide. D'un un mouvement souple, je ramenai mes genoux contre mon buste et me penchais légèrement en arrière de façon à orienter ma trajectoire. Puis lorsque je fus au niveau de la partie qui pourrait soutenir mon poids, je basculai en avant, les pieds toujours ramenés. Mes mains se tendirent pour accueillir ma cible.

J'atterris avec violence. Les branchages me griffèrent la figure. Je me plaquais de toute mes forces contre et enroulai mes bras autour. Le vent rugit à nouveau. Se précipita sur mon corps vulnérable sur ce perchoir. Tremblante et éberluée d'avoir réussi, je me relevai sur mes bras et commençait à avancer vers le centre de l'arbre.

L'adrénaline dans mes veines fusait. Je repris ma respiration et le soulagement faillit me faire défaillir. J'avais une chance de m'en sortir désormais. Mais c'est alors qu'une gigantesque secousse ébranla l'écorce de la branche. Elle ploya de plusieurs mètres avant de remonter en flèche. Le choc se propagea dans tout mes membres et me déséquilibra. Je m'agrippais de toute mes forces mais mes doigts tremblants et glissants dérapèrent. La branche était encore en train de trembler dangereusement que je poussais un cri d'horreur. Je basculais sur le côté et tombais dans le vide.

Je percutai une branche inférieure. Je criais de douleur quand ma hanche amortit l'impact. Je sentis le tissu de ma robe se déchirer. Je dégringolais encore un niveau. La rapidité de la chute et l'obscurité me fit perdre tout mes repères. Par pur hasard je tentais de tendre mes bras afin d'atteindre quelque chose qui stopperait ma descente. Mes doigts frôlèrent encore une branche mais bien trop rapidement. Ils s'égratignèrent avant d'à nouveau glisser. La panique m'étouffait. Mon visage râpa contre l'écorce. Le sol devait se rapprocher dangereusement et ma mort avec. Je criais à nouveau de terreur cette fois. Avec l'énergie du désespoir j'agrippais tout ce qui me passait sous les doigts. Les feuilles se déchiraient sous mes doigts. Les brindilles craquaient. Puis ma main se retint à une branche. Mon corps cessa de tomber et la pression que cela renvoya dans ma main me fit gémir de douleur. Je battis des pieds tentant de trouver un appui. Mais je ne rencontrais que du vide. Je levai les yeux tentant de retrouver mes repères. Je venais de faire une chute d'une bonne trentaine de mètres. La Déesse en soit remerciée que les feuillages l'ai amortit. Je devais me hisser sur la branche. Ma hanche me lançait douloureusement, mon visage me brûlait et mes mains étaient ensanglantées. Je tentais de me remonter à la force de mes bras mais ils étaient agités de tremblements compulsifs dut au choc et à la peur. Les larmes me montèrent aux yeux. Je n'avais pas échapper au Palais Noir et à sa famille de fous furieux pour finir écraser sur le sol au beau milieu de la forêt la plus dangereuse du royaume.

Je vis une forme sombre tomber du ciel. Je plissai les yeux. Elle ressemblait drôlement à une silhouette. Un immense soulagement le traversa lorsque Abrax se laissa tomber sur la branche sur laquelle je pendais.

- Je crois..., soufflais je, que j'ai jamais été aussi contente de vous voir.

- Je vous la ressortirai celle là, sourit t'il.

Il se saisit de mes mains et me hissa sur la branche. Avec effort je montais mes jambes et parvînt à m'assoir dessus. Je m'affaissai contre lui et tentais de reprendre mon souffle. Mais il n'en m'en laissa pas le temps.

- Vous me voyez navré de vous presser mais nous sommes poursuivis, laissa t'il tomber.

- Comment?!

- Autrement je n'aurais pas sauter comme ça à votre suite.

- Pa...pardon?! C'était vous ça ?

Je hurlai presque de colère. Au milieu de tout ces branchages le vent ne soufflait plus. Nos voix résonnaient clairement et distinctement.

Le Royaume perduWhere stories live. Discover now