23-L'attaque

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Submergée par une colère et une amertume que je comprenais pas, je fis demi tour et sortit à l'air libre. Cet homme n'était rien pour moi, je ne le connaissais seulement que depuis trois jours. Je ne savais rien de lui, il persistait à garder des secrets. Cette étrange attraction lors de notre danse venait de l'euphorie de cette fête. L'allégresse de tous avait dut me monter à la tête. Jamais jusque là je n'avais laissé quelqu'un être aussi proche de m'embrasser. Mes ébats passés n'avait jamais été romantiques. Les agissements d'Abrax montrait qu'il se souciait peu de moi. Enfermé dans un palais qui renfermait bon nombre de ses traumatismes afin de venir le cueillir, devoir traverser la Forêt Sombre et les Montagnes Maudites... sa mission n'avait rien de très attrayant. Rien de ce qu'il me disait ou me faisait comprendre quand il me regardait n'avait dut être vrai. Très bien. Je m'en moquais. Je n'avais besoin de lui que pour franchir les montagnes. Suite à cela je n'aurai avec un peu de chance, qu'à côtoyer le chef des Révoltés qui me livrerait son plan d'attaque. J'espérais que cette histoire allait bientôt se finir. Je supposais que une fois les Eravsha renversés, le leader voudrait s'implanter en roi incontesté. S'il n'avait pas la moindre goutte de sang royal dans les veines c'était peut être le mieux. Une personne ayant vécu comme son peuple était plus à même de le comprendre une fois au pouvoir. Mes pas me menèrent à l'écurie que j'avais remarqué en arrivant. Aucun chevaux n'étaient en vue. Peu de voyageurs devaient encore s'arrêter ici. Je tournai en rond un moment, injuriant Abrax de tout les noms possibles et inimaginables. Je me moquais bien qu'il est feint un intérêt pour moi. En revanche il venait de me retirer la possibilité d'une nuit dans un lit. C'était impardonnable. Heureusement la paille était propre et abondante. Je m'écroulais dedans et fermai les yeux. J'en tirai un peu sur moi afin de créer un simulacre de couverture. Cela ne valait pas un matelas mais était mille fois mieux que le sol spongieux et froid de la forêt que je venais de traverser. Je réfléchis à notre position. Nous étions désormais au sud du continent. La forêt s'arrêtait dans cette région du pays pour former une incurvation. Nous étions, dans ce village, comme au milieu d'un golfe, la mer étant les étendues d'herbe et la côte la frontière de la forêt. De là, l'étendue des arbres de la Forêt Sombre était limitée. J'avais déjà consulté des cartes du continent à de nombreuses occasions. C'était la distance la plus faible entre les montagnes et un point de civilisation. Je priais pour que le rassemblement de Révoltés soit dans cette zone là des montagnes. Devoir les traverser était déjà en soi une épreuve. Mais devoir les arpenter devait se révéler suicidaire. Les températures descendaient en dessous de zéro et les blizzards qu'on apercevait de temps à autre étaient d'une violence extrême. Rajouté à cela les possibles tribus anciennes cannibales qui vivaient dedans... Mieux valait peut être la Forêt Sombre qu'à ces montagnes. Je doutais que la légende sur le lieu de repos de notre déesse soit vraie. Une déesse n'avait pas de corps physique. Elle n'aurait put s'endormir dans un lieu physique sur notre continent. Mes paupières se fermaient. Ma solitude si chère, quelques heures plus tôt, me pesait presque désormais. J'étais réellement seule. Je n'avais personne qui se souciait de moi, personne qui m'attendait quelque part. Ni même un foyer. Je n'avais plus rien. La boule qui obstruait ma gorge grossit. Je la ravalai aussitôt, me faisant la promesse de ne pas craquer. J'avais toujours un but. Et j'allais l'atteindre coûte que coûte. Je sombrais dans le sommeil.

Je me réveillai doucement. J'émergeais de rêves banaux ce qui me réchauffa la cœur. Je n'étais pas condamnée pour toujours a faire des cauchemars nuit après nuit à chacun de mes sommes. Je repensai à l'histoire que mon père me racontait dans mon sommeil, hier. Je me souvenais qu'il me racontait toujours des légendes étranges. Jamais personne n'en avait entendu parler. J'avais beau les évoquer avec des enfants que je côtoyais, ils ne les connaissaient jamais. C'était, des histoires qu'il créait pour moi, me disais je. Hélas la plupart échappais à ma mémoire, et je n'étais plus capable de m'en souvenir. Ce roi éperdu d'amour pour deux femmes... je n'arrivais pas à me rappeler le début de l'histoire où même ce qui advenait de l'enfant. Déçue, je me rendis à l'évidence que j'étais condamnée à oublier, à chaque instants qui passaient, de plus en plus de détails sur mon père. Je me dégageai de la paille et me redressai. Je ne pouvais me décider à me rendre dans la chambre de l'auberge. Je n'avais pas envie de croiser le regard de la fille qui devait encore s'y trouver ou même celui d'Abrax. Son comportement de la veille me laissait encore pantoise. Quelle grossièreté tout de même. Je ne l'avais pas forcé à se rapprocher ainsi de moi. Ni à venir me parler de choses personnelles avant de pencher la tête sur mes lèvres.

Le Royaume perduWhere stories live. Discover now