21- La grive

35 6 0
                                    

J'adoptais un semblant de position de défense mais au sol sans aucun appui, ni aucun élan je n'avais aucune chance. Mais qu'est ce que fabriquez Abrax ?Fermant les yeux j'adressai une rapide prière à la Déesse avant de me redresser sur les coudes et de lancer avec désespoir ma dague. Je comptais viser l'œil mais je le ratais complètement. Je relançai un second couteau qui se ficha dans le cou de la créature. Elle hurla et recula de quelque mètres avant de recharger plus énervée que jamais. Hurlant de terreur je lançai mon dernier poignard. Il fila dans les airs en tournant et rencontra l'oreille du monstre. Le cri qui transperça l'air fut strident. Je grimaçais et me redressais le plus rapidement possible. Mes jambes me soutenaient à peine. Le monstre deux poignard encore enfoncés en lui, hurla et revint à la charge. A court d'armes, je reculais précipitamment et envisageait de simplement courir plutôt que de rester à affronter cette bête tout droit sortit de l'Autre Monde. Une des tentacules fila droit sur moi. L'éclat du dard brilla tandis qu'il plongeait droit vers mon cœur. Mes oreilles se bouchèrent. Ma vision se troubla. Je sentis quelque chose remuait au plus profond de mon ventre. Comme une volute de fumée qui se tordait et qui se tendait vers la surface. Le dard traversa l'air et... Un hurlement de rage déchira la bulle silencieuse qui c'était créée  dans mes oreilles. Abrax jaillit sur le côté et son épaule roula sous sa chemise, tout ses muscles tendus alors qu'il faisait tournoyer une lourde épée noire dans sa main. L'appendice vola dans la direction opposée dans une gerbe de sang. L'estomac retourné, des souvenirs du massacre de la salle du trône remontèrent à ma mémoire. La sensation dans mon ventre s'estompa rapidement. La sensation de pouvoir s'en alla, me laissant encore plus tremblante. La gorge nouée je fis un pas en avant et détaillai Abrax. Son air sauvage presque sanguinaire me troubla. Je ne lui avait encore jamais vu une telle expression. Les jambes écartés, les bras le long du corps, il fit tourner son arme d'un geste expert et se remis en position de défense. Ses cheveux rabattus en arrière, sa chemise ouverte et transpirant, il aurait put sembler fatigué et négligé. Mais il respirait une confiance absolue. Sa posture, sa maîtrise de son arme. Il était comme une incarnation de la puissance. Son bras fila si vite que mes yeux eurent du mal à le suivre. Il pourfendit et trancha net les deux tentacules restantes comme si le monstre en face n'étaient qu'un mannequin d'entraînement. Le monstre s'effondra.

Il se tourna vers moi, la respiration égale et l'air plus paisible que l'instant d'avant. Il jeta un coup d'œil si rapide à mon front que je faillis ne pas le saisir. Il fut devant moi en deux pas. L'épée toujours dans sa main gauche, sa main droite vint sous mon menton pour m'examiner. Une vive inquiétude se lisait dans son regard. La bouche ouverte, encore choquée, je levai les yeux sur lui. Seule une fine couche de transpiration indiquait qu'il venait de fournir un effort.

- Vous n'êtes pas blessée? Vous avez faillit y passer...

Ses mots me sortirent d'un profond état d'hébétude. D'un grand geste de la main, je frappai la sienne toujours sous mon menton.

- Sans déconner, hurlais je en perdant la maîtrise de mes émotions.

- Aie, se plaignit il.

- J'ai faillis y passer comme vous dites, vociférais je, mais alors pourquoi avez vous mis autant de temps à arriver?

- Je viens de vous sauver, me dit t'il l'air outré.

D'un pas rageur, en respirant pour tenter de me calmer je me rendis au dessus du cadavre de cette ignoble bête. J'avais eu le temps de parer la première offensive, de tomber au sol, de me relever et de manquer de mourir trois fois, avant qu'il n'arrive. Je récupérai mes couteaux et me figeai. Des bulles se formaient à la surface et la chair semblait repousser. Abrax se saisit de mon bras :

- C'est une grive, Arcanya il ne faut pas rester là.

Je rengainais mes armes en le poignardant du regard à défaut de ne pas pouvoir avec mes dagues.

Le Royaume perduWhere stories live. Discover now