P1 / Chapitre 2

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David suivit sa mère dans la cuisine alors que Katy remarquait le visage figé de Florian.

- Tu vas bien ?

- Oui, oui ça va, et toi ?

- Je suis en congés alors oui, on va rester pour le week-end.

- Génial ! Ça faisait longtemps que vous n'étiez pas venues.

- Je suis désolée d'avance, on sait que tu fais une pause avec Youtube tout ça mais ta mère va te bombarder de rendez-vous, prépare-toi !

- Merci de me prévenir, fit Florian alors qu'elle lui prenait le bras, complice, pour entrer dans la cuisine par la baie vitrée grande ouverte.

Sa mère s'activait déjà, le tablier noué autour de la taille, à découper des concombres tandis que David mélangeait la sauce dans un bol. Katy contourna le grand îlot pour aller se laver les mains, laissant Florian seul de son côté de la cuisine.

- Tiens, regarde sur la tablette le planning de la semaine prochaine, j'ai rien confirmé comme tu dis que tu fais une pause, alors dis-moi ce que tu veux bien faire.

- Je veux absolument rien faire maman, je fais une vraie pause.

- Mais il y a des rendez-vous importants.

- Qu'ils m'appellent alors, on le fera par téléphone, mais je ne retourne pas à Paris.

- L'agence demande si tu peux participer à la projection en avant-première de ta série, c'est exprès pour tes abonnés, ce serait génial que tu y sois et puis c'est un samedi, tu pars le vendredi, tu reviens le dimanche.

- Je te connais, si je dis oui tu vas me caser des rendez-vous tout le week-end et je vais y rester la semaine entière. J'ai vraiment besoin de souffler maman, on en a déjà parlé.

- Tu vas rien faire du tout pendant 6 mois ? Tout le monde va t'oublier !

- Maman, protesta David. On va sortir un épisode de Crush mensuel pendant les huit prochains mois, on a tourné trois vidéos de « Silence, ça tue » en avance et il continue ses lives hebdomadaires, c'était le plan. Laisse-le tranquille.

- Excusez-moi de vouloir prendre soin de sa carrière.

- Il s'en charge très bien tout seul, ajouta Katy en posant sa main sur la taille d'Hélène qui se radoucit avec un sourire timide pour son cadet.

- Florian, j'ai pas envie de te mettre la pression. Mais plus j'y pense plus j'ai l'impression que tu veux tout arrêter alors que t'es rendu si loin...

- Six mois c'est rien après dix ans non-stop, continua David en reposant son bol de sauce.

- J'irai à la projection, je partirai le samedi matin et je rentrerai le dimanche matin, ne case absolument rien de plus, même si tu le fais je n'irai pas, répondit Florian pour conclure.

Tout le monde le regarda un instant. C'était nouveau cette dureté dans sa voix quand il s'adressait à eux ces derniers temps. Tous avaient remarqué une certaine lassitude. Alors qu'il venait de réaliser d'énormes projets qui l'avaient réellement passionné, il semblait qu'il avait perdu son enthousiasme des débuts.

- Je vais me changer, je reviens, dit-il en filant vers l'escalier.

Il n'avait pas voulu être si froid, il le regrettait déjà. Sa mère était une femme exigeante, depuis toujours. Et ça n'avait jamais était mauvais pour lui au contraire, elle croyait tellement en ses fils, qu'elle leur donnait des ailes. Mais en ce moment, il voulait juste qu'on le laisse tranquille. Et puis il repensait à ce qu'avait lâché son frère comme une bombe.

Fanny attendait Margot à la gare, comme dans : Margot était de retour en France.

Il prit une douche express et enfila un jean pour la première fois depuis bientôt deux semaines. Pour les t-shirts, tous en boule dans son armoire, il vérifia au nez lequel était le plus frais avant d'en entasser plusieurs dans sa panière à linge pour les descendre à la buanderie. Depuis son retour il s'était complètement laissé aller, il le regrettait un peu maintenant. 

En le voyant traverser le couloir jusqu'à la buanderie, David suivit son frère pour lui parler.

- Tout va bien ? s'enquit-il en le regardant bourrer ses fringues dans la machine.

- Ouais, désolé pour tout à l'heure...

- Je me suis rendu compte que je t'avais pas dit pour Margot non plus.

- T'as un sérieux problème de mémoire, ça devient grave, se moqua Florian en versant la lessive.

- C'est ok ?

- Je vais revoir la fille qui m'a mis un vent que des millions de personnes ont vu et qui est carrément devenu un meme, pourquoi ça n'irait pas ?

- Parce qu'elle te rend encore nerveux.

- Arrête, je ne suis pas nerveux.

- T'es sûr ?

- C'est bon tu vas pas t'y mettre aussi, c'est loin, ça me fait rien de la revoir, mentit le jeune homme trop fier.

- Ok, tant mieux, parce qu'elles remontent l'allée là.

Ouaip. Cette fois c'était la fin, son cœur venait définitivement de lâcher.

CrushWhere stories live. Discover now