P2 / Chapitre 18

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Florian voyait les invités arriver les uns après les autres, mais ne voyait plus Margot. Il saluait chacun, discutait formellement ou amicalement en fonction des gens. Il n'avait plus revu la plupart de ces gens depuis des mois. Lui qui avait été si pris dans ses projets, il en avait oublié sa vie normale. Et il l'oubliait toujours plus depuis qu'il avait décidé de faire cette pause. Depuis Margot aussi.

La jeune femme faisait toujours face aux rosiers, les épaules crispées, elle avait refermé son bras autour de son ventre et courbé un peu le dos. Écoutant la voix pleurnicharde au téléphone.


- Je ne sais plus quoi faire, je suis si perdue.

- Pourquoi tu m'appelles pour me dire ça ?

- Je ne savais pas qui appeler.

- Tes parents, tes frères, tes amies ou même le pape ! N'importe qui sauf moi Lily.

- Il n'y a que toi qui peut comprendre.


Margot ferma les yeux en tentant de garder son calme.


- C'est pas pour rien que je peux comprendre, tu l'as voulue cette place Lily, tu as tout fait pour me la prendre.

- Tu m'en veux encore ? Je croyais que tu ne voulais plus de lui ?

- Tu n'as rien que j'aie envie d'avoir. En fait, tu sais quoi, merci, j'aurais jamais décroché sans toi. Aurevoir Lily, ne m'appelle plus.


Margot décida d'éteindre son téléphone pour la soirée. Quand elle entra dans la maison, le salon était plein de gens. Tout le monde était arrivé pendant qu'elle répondait au téléphone. Les premiers mots de Lily tournaient en boucle dans sa tête, elle les connaissait par cœur. Elle se souvenait avoir passé le même appel il y a longtemps. Quand elle avait justement appelé Lily en pleurant pour lui dire « il y a une autre femme, je le sais », alors que l'autre femme, c'était elle.

Sur le comptoir de la cuisine elle se servit un verre de ce qu'elle identifia comme du rosé avec un goût délicieusement sucré. Puis elle se mêla aux invités en cherchant son homme du regard. Elle le trouva occupé à discuter avec sa mère et un homme en costume gris qui avait donné un air décontracté à sa tenue en ouvrant un peu sa chemise.


- Ils parlent de Crush, l'application cartonne, souffla David en approchant dans le dos de sa belle-sœur.

- Ils ont des chiffres définitifs ?

- Tout se confirme, numéro 1 des téléchargements et ça se maintient. Les grands patrons de Netflix sont supers contents, ça va rapporter énormément d'abonnements, eux qui étaient un peu au ralenti dernièrement.

- Et pour sa série ?

- Il a lancé l'idée qu'il voulait faire une nouvelle saison, je pense que ça se fera, ils vont pas le lâcher comme ça, crois moi.

- C'est ce qu'il veut, pas vrai ?


David appréciait de voir Margot si concernée.


- Y'a que lui qui peut nous le dire.

- Ça va avec Fanny ? demanda soudain Margot qui vit sa sœur rejoindre la conversation qu'avait Florian avec sa mère et l'homme au costume.

- T'en fais pas, je la connais par cœur, je gère.

- C'est moi, ou ta mère vient vers nous, paniqua soudain Margot en sifflant tout le reste de son verre.

- Ma mère sait toujours tout, ne mens sur rien, murmura David avant de l'abandonner.


Hélène s'arrêta d'abord à hauteur de sa compagne Katy qui discutait avec Christelle. Elle déposa un long baiser sur sa joue au moment où Katy regarda Margot comme pour lui confirmer qu'elle était bien la prochaine cible. L'avocate marchait toujours avec une assurance désarmante et une classe incontestable. Dans n'importe quel film son entrée dans une pièce pleine de monde aurait imposé un silence instantané et le regard de chacun sur sa prestance.


- Margot, lança-t-elle, tu es ravissante. Le blanc fait ressortir le teint de ta peau, vraiment, je te trouve magnifique.

- Merci, vous êtes très belle aussi.

- Tu peux me tutoyer, qu'en dis-tu ?

- D'accord.


Margot se sentait comme une enfant timide laissée toute seule à la caisse d'un supermarché bondé.


- Il faudra qu'on organise un dîner avec tes parents. On ne forme plus qu'une seule et grande famille maintenant tu ne crois pas ?


Alors, Margot tenta un regard vers Florian resté sur la terrasse mais qui ne manquait pas une miette de la scène, un sourire moqueur sur le visage. Elle comprit qu'il avait parlé de leur relation à sa mère et que ça l'amusait beaucoup de la voir se dépatouiller avec ça.


- Florian vous a, t'a, vous...


Et puis, n'en pouvant plus, elle relâcha la pression dans un long souffle avant de presser une main sur son ventre en inspirant.


- Vous êtes tellement intimidante, je suis désolée.


Et Hélène se mit à sourire avec gentillesse, s'amusant de sa réaction. Florian l'avait prévenu que Margot serait mal à l'aise devant elle. Mais elle adorait déjà la jeune femme pour le peu qu'elle l'avait vue. Récemment ou il y a 10 ans. Et puis, elle aimait Fanny comme sa propre fille, elle ne doutait pas une seconde qu'il en serait de même avec Margot.


- On ira manger toutes les deux un soir, pour faire connaissance. Et pour que je te montre que je ne suis pas si intimidante que ça.


Margot sentit les prémisses d'une belle complicité à venir dans sa voix. Alors, détendue, elle accepta et pu se montrer plus souriante.

De loin, Florian remarqua le changement d'ambiance et sourit pour lui -même. L'idée qu'elle s'intègre si bien dans sa vie, parce qu'elle y avait toujours eu sa place, il aimait tellement ça. Comme si tout était fait pour ne jamais s'arrêter.

CrushOù les histoires vivent. Découvrez maintenant