P4 / Chapitre 11

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Dans la voiture, sur le chemin du retour, Margot restait un peu songeuse après avoir si bien parlé avec sa mère. Elle avait l'impression d'avoir passé une journée exceptionnelle, aux milles émotions contraires et complémentaires qui l'avaient presque vidée de son énergie. Mais à la place de l'énergie elle ressentait quelque chose de tout aussi vivifiant : la plénitude.


- À quoi tu penses comme ça ? s'enquit Florian.

- J'ai adoré cette journée, dit-elle en étirant ses bras devant elle, fatiguée.

- Moi aussi.

- J'ai parlé à ma mère, ça m'a fait beaucoup de bien.

- Je suis trop content pour toi.


Elle regardait le paysage défiler par la fenêtre. Ils étaient restés chez ses parents jusqu'à tard, hésitant presque à rester dîner. Mais Margot avait préféré partir, elle avait besoin de rentrer chez elle, avec lui. Seulement lui. C'était devenu sa façon de recharger ses batteries.


- Tu vas appeler pour ce travail dont elle t'a parlé ?

- Non, c'est trop loin.

- Elle a raison sur un point, c'est que tu n'es pas obligée de te limiter à la ville, je veux dire si tu avais envie de chercher plus loin ce serait pas un obstacle. Pour nous je veux dire.

- Je vais pas chercher du travail à deux heures de chez moi et m'éloigner de tout ce que j'ai comme ça pour gagner ma vie, j'ai encore le temps de voir venir je vais trouver un truc ici.

- Mais y'a pas d'hôtels de luxe ou de restaurants étoilés ou...

- Je ferais autre chose.

- Je sais que tu peux faire ce que tu veux, je veux juste pas que tu ne te limite à cette ville.

- Tu veux que je m'éloigne de toi ? s'agaça-t-elle.

- Quoi ? Non, j'ai pas dit ça, Margot j'ai jamais dit ça.

- Alors tu dis quoi ?


Ils arrivaient devant son immeuble sans même qu'elle se soit rendue compte qu'ils étaient rentrés. Florian détacha sa ceinture et s'adossa complètement à son siège en soufflant. Il frotta le bas de son visage avant de la regarder à nouveau. Elle attendait qu'il réponde en regrettant déjà d'avoir parlé si sèchement.


- Écoute ce que je dis vaux aujourd'hui comme demain et dans 10 ans ou 20 peu importe ok ? Si tu as un jour envie de partir d'ici, de trouver du travail dans une autre ville ou un autre pays, tu peux le faire...

- Non, écoute pour moi ce qu'on vit maintenant est plus important que n'importe quel travail ok ?

- Je te dis pas qu'on devrait rester séparés par des centaines ou des milliers de kilomètres, je te dis que je te suivrai Margot.

- Non, elle secoua la tête en mettant ses mains entre eux comme des remparts. Je sais même pas pourquoi on parle de ça, je vais nulle part.


Margot s'échappa de la voiture et passa la grille qui s'ouvrait sur un de ses voisins qui sortait promener son chien. Florian resta un moment dans la voiture à la regarder passer la porte du hall. Il vit la rose abandonnée sur le siège arrière et la récupéra avant de sortir de la voiture. Il n'avait pas besoin de lui courir après, il avait ses propres clés maintenant.

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