P3 / Chapitre 15

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Gabi voulut se lever mais renonça avant de s'adresser à Milo qui avait l'air de regretter ses paroles.


- Milo t'abuses...

- Mais...

- C'est bon c'est qu'une photo, y'a pas mort d'homme. Vendredi-13 risque quoi ? Devenir encore plus populaire ? Quel drame !

- Mais je lui ai dit de ne rien dire à personne, elle m'a trahi.

- Arrête ton drama, elle est humaine. On dirait que tu découvres que personne n'est parfait ! Elle a fait exactement ce que tu as fait !

- Je suis tellement déçu, dit-il plus doux.

- Pourquoi ça te déçois à ce point ? demanda son ami à côté de lui. Parce que ça vient d'elle ?


Milo ne dit rien. Les commandes arrivèrent et suffirent à détourner l'attention. Oui, c'était le fait que la déception vienne d'elle, évidemment. Pardonner n'importe qui d'autre n'aurait pas été un choix si compliqué. Peut-être qu'il lui en voulait pour plus que ça ? Mais si elle n'en savait rien, il n'était pas réglo de lui faire payer des torts qu'elle ignorait avoir.

Quand le groupe se mit en tête de rejoindre la foule du dernier concert de la soirée, Milo continuait de surveiller son téléphone comme s'il espérait qu'elle lui écrive. Mais peut-être que c'est elle qui lui en voulait maintenant ?

Il s'enfonça toujours plus dans la masse de gens pour s'approcher de la scène et alors qu'il regardait autour de lui il vit le t-shirt orange qu'elle portait ce soir entre les gens. Sans plus réfléchir il décida de se faufiler jusqu'à elle pour être sûr et se retrouva devant Gina, les yeux rouges comme si elle avait pleuré, mal à l'aise de le voir débarquer comme ça sans prévenir. Elle avait décidé de rester plutôt que s'enfermer chez elle pour se morfondre.


- Tu es là, dit-il sans qu'elle ne puisse l'entendre avec le bruit ambiant.


Mais elle avait su lire ses mots sur ses lèvres.


- Quoi encore ? répondit-elle en ne sachant pas tenir son regard.

- On devrait parler ? proposa le jeune homme en lui faisant un signe de tête pour l'inviter à s'éloigner de la foule.


Mais elle fit non de la tête. Il lui faisait peur. C'était nouveau. Elle n'avait pas peur de sa réaction, pas peur de ses gestes, pas peur de lui. Juste peur de le perdre. Elle ne s'y attendait pas. Il avait toujours été là, toujours avec elle, toujours attentif comme s'il pouvait être là à tout jamais. Mais deux petits jours s'étaient écoulés et le monde ne tournait plus. Bordel, ce qu'elle avait peur.

La musique était trop forte, ça faisait caisse de résonance dans sa poitrine. Peut-être que c'était son cœur ? Il était douloureux. Regarder Milo être déçu, encore, comme sur ce quai de gare quand il était parti sans se retourner, c'était horrible.

Le jeune homme regarda ses pieds, gêné, après qu'elle ait refusé sa demande et se retourna pour voir s'il pouvait rejoindre leurs amis qu'ils ne voyaient déjà plus. Pouvait-il s'enfuir ? Et quand il lui fit face à nouveau, prêt à lui dire qu'il allait la laisser tranquille, elle pleurait.

Ses yeux ne lâchaient pas les siens et ils étaient pleins de larmes qu'elle ne tentait même pas de retenir.

Désarmé, Milo s'empressa d'essayer de les faire disparaître, prenant son visage entre ses mains pour les essuyer avec ses pousses en chuchotant « non non, ne pleure pas » comme si elle pouvait l'entendre.

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